L’autre jour, je décrivais à un pote la scène stoner des différents pays européens ; interrogé sur le Royaume-Uni, j’ai répondu instinctivement que le pays avait vu naître certains des grands patrons du genre – je ne vous ferai pas l’offense de préciser de qui il s’agit – et abritait un public toujours friand de gros riffs qui tachent, mais que la scène british actuelle n’était pas aussi dynamique que ses consœurs néerlandaise ou allemande, voire française. Quelques jours et quelques recherches plus tard, je me suis rendu compte que j’avais sans doute parlé un peu vite. Puis j’ai écouté le nouvel album de TEN FOOT WIZARD, et je me suis rendu compte que j’étais complètement à côté de la plaque… (TEXTE : Katzenjammer)
Les quatre lads de Manchester attaquent gentiment façon britpop (« Through This World« ), avec une guitare sautillante que n’aurait pas reniée Graham Coxon, avant de mettre les gaz : chant rocailleux, riff épais et collant, c’est parti ! À lui seul, le chanteur Gary Harkin dispose de toute la palette des voix stoner – entraînante, plaintive, rugissante, avec des petites touches de baryton… – et l’utilise à fond, y compris sur une seule et même chanson (« On We Go »). « Up and Away » sonne comme si les Queens of the Stone Age avaient décidé de se remettre à faire du vrai bon desert rock… on a le droit de rêver.
Déjà excellent, l’album devient dément avec « Railway Shuffle », un boogie complètement barré qui évoque un « Cotton Eye Joe » sous amphétamines ; de quoi faire péter la hanche en plastique de mamie à la kermesse du village. Le morceau suivant s’aventure avec brio sur le terrain de l’humour, avec ces deux phrases qui tournent en boucle (« I miss the sex/Don’t miss the drama ») sur une instrumentale puissante et accrocheuse qui n’a, pour le coup, rien d’une blague. Potache et efficace, ce titre fait l’effet d’un doigt d’honneur retentissant à tous ces groupes stoner qui ont parfois, disons-le, tendance à se prendre au sérieux (morceaux super-hyper-progressifs, jams cosmiques de 28 minutes, paroles pseudo-ésotériques…). Les gars de Ten Foot Wizard auraient-ils inventé le pub rock du désert ?
Après une parenthèse bluesy à l’ambiance fait maison (« Walk the Planck »), et un nouveau brûlot rigolo au titre évocateur (« Covered in Tits »), les Anglais dégainent l’artillerie lourde. Fini de rire : lourd et majestueux, le premier morceau au-dessus des six minutes, « Mind Control » nous rappelle que Ten Foot Wizard a vu le jour comme projet parallèle d’un groupe de métal – ça rugit à en faire trembler les murs ! À mon sens, l’album aurait pu s’arrêter là, laissant son auditeur scotché, à chercher fébrilement le bouton play. À la place, il s’achève sur un titre un peu longuet (« Ode to Death »), pas très cohérent, et dont l’intérêt ne me saute immédiatement pas aux yeux… peut-être se révèlera-t-il à moi après de multiples écoutes.
Voilà en tout cas un deuxième album remarquable pour les Mancuniens, inspiré et brillamment produit, qui devrait parfaire leur excellente réputation dans le milieu. Maintenant, quand on me demandera de citer un jeune et bon groupe anglais de stoner rock, je saurai quoi dire !
ARTISTE : Ten Foot Wizard
TITRE : « Sleeping Volcanoes
DATE DE SORTIE : 18 mai 2015
LABEL : Beard of Zeus
GENRE : Heavy rock
MORE : Facebook – Bandcamp
Last modified: 11 juillet 2015