Le DESERTFEST LONDON : plus que pour n’importe quel autre festival, les 365 jours qui nous séparent de chaque édition paraissent à chaque fois durer toute une vie. Il faut dire qu’on n’a pas trouvé meilleure Mecque pour les stoner et fuzz addicts que ce rassemblement en plein coeur de Camden Town, où vestes à patches et barbus viennent se mêler pendant trois jours aux touristes, rabatteurs et zikos de rue dans l’esprit le plus cool du monde. Encore une fois, le Desertfest nous a apporté son lot de performances cultes, de bonnes vibes et de copains heavy des quatre coins du continent. On commence « tranquillement » ce premier jour avec SPIRIT CARAVAN, HORISONT, ZODIAC, SASQUATCH, MONKEY 3, SIXTY WATT SHAMAN, THE MACHINE, EARLS OF MARS et WINO.
WARM UP, CAMDEN…
Arrivée la veille au soir à Camden, c’est au Black Heart (le QG ! le QG !) que je me mets en jambe avec le warm-up show organisé par When Planet Collides et Human Disease Promo. Cette année, ce sont GURT, SEDULUS et MEGALODOOM qui ouvrent le festival devant une belle petite foule de potes et d’insatiables stoneux comme vous et moi. Le temps de choper une pinte de Camden Hells et je me cale au fond de la salle pour écouter la fin du set du premier groupe en attendant mes chouchous GURT. Lorsque les quatre garçons dans le vent montent sur scène, Gareth fait aussitôt une dédicace aux « french friends » présents dans la salle (eh ouais, on est déjà une poignée à représenter !). Toujours aussi à l’aise dans sa mixture de sludge groovy et de moments hardcore complètement pétés, le groupe nous offre un set chaleureux et au top de l’énergie. On a même droit à un nouveau morceau extrait de leur album « Horrendosaurus » qui sortira le 9 juin prochain : au top, GURT ! S’en suivent les fabuleux SEDULUS que je n’avais encore jamais eu l’occasion de voir en live et qui m’avaient été chaudement recommandés par 99,9% de mes potes. Et c’est dans un trip à la fois très heavy et envoûtant que le quatuor emmène le Black Heart, faisant gronder des riffs de basse hypnotisants, et laissant les deux guitares se répondre entre doom et textures orientales à la My Sleeping Karma. Une découverte de taille en ce jeudi soir, dont vous pouvez voir un délicieux bout ici. Pour clôturer cette soirée à l’apogée du cool, rien ne vaut une pizza fraîche à la White Kitchen sur Camden High (£5 la grande pizza de qualité et super garnie, je vous le recommande fortement). C’est pas tout, mais au dodo : faut être opé pour le jour J !
…WAKE UP, CAMDEN !
Après un réveil matinal, un bon gros breakfast et un geekage intensif en vue des interviews du week-end, je décide d’y aller tranquille pour ce premier jour. On commence donc à 16h avec le set acoustique de Papa « Scott Weinrich » WINO au Vans Store de Camden. Arrivés sur place en avance, il ne nous faut pas dix minutes avant que l’on se retrouve coincés à l’intérieur du store pour cause de foule plus que compacte. Papa Wino se fait désirer quinze minutes, puis trente, quarante… Enfin, le padre débarque et commence son set après quelques couacs d’installation. Malgré ma position de choix au premier rang, j’avoue que la longue attente et l’éclairage agressif du store ne me permettent pas de rentrer dans le set de Wino. Je décide donc de laisser ma place et de rallier le Black Heart pour voir la fin du set des fameux THE EARLS OF MARS. À peine entrée dans la salle, je suis saisie par un clash entre énergie rock fiévreuse et nappes de synthé limite lyriques. Je m’avance vers le premier rang, et découvre un frontman excité haranguant la foule… Il y a comme un air de révolution dans cette pièce, un flot de bonnes ondes qui vous réveillent et vous mettent instantanément le sourire aux lèvres. (VIDÉO)
Mais je n’ai pas le temps de me réjouir bien longtemps puisque le concert touche à sa fin. S’en suivent des retrouvailles autour d’un Coca (« tranquille », j’ai dit) avec les copains de Steak, et il est déjà l’heure de la célébration cosmique avec MONKEY 3. Direction le Ballroom pour la première fois du weekend. Aaaah, ça m’avait manqué, ces dix agents de sécurité à l’entrée qui vous fouillent de la tête au pied et vous scrutent d’un air hostile à chaque passage… Les Suisses sont déjà en train de transcender tout le Ballroom avec leur stoner mystique et leurs projections vidéos subliminales. C’est la troisième fois que je les vois, et c’est à chaque fois une expérience différente : la première fois, je les découvrais aux Combustibles à Paris et me laissait happer dans un vide intersidéral, impossible de déscotcher tellement le trip était puissant ; la deuxième fois, mon état d’ébriété ne me permettait d’apprécier le tout qu’en musique de fond (cool, pour une musique de fond) ; ce soir, je prends leur puissance en pleine face et comprend ENFIN pourquoi tout le monde les apprécie autant. Comme dirait une pote, ce sont un peu les « Jean-Michel Jarre du métal », et c’est ça qui les rend si uniques. Ovation méritée, les gars.
ON THE ROCK’N’ROLL HIGHWAY
Ça mérite bien la première bière de la journée, ça ! Je me rue au bar central (un endroit auréolé de mystère où à peu près dix barmans/maids sont derrière le comptoir, mais seulement trois travaillent réellement) et commande une Red Stripe, parce qu’il faut dire ce qui est : la bière en canette, c’est tellement plus pratique quand on headbangue. Les Californiens SASQUATCH montent enfin sur scène : découverts via la prog du Desertfest, une écoute de leur album « IV », et j’étais conquise. Et franchement, ils ne me déçoivent point (ni moi, ni les centaines de personnes présentes, au vu des pogos qui se forment). Sans fioriture ni effet de style pompeux, le trio envoie un heavy rock chaloupé et solide de chez solide, et n’a pas besoin de plus pour faire bouger la salle, encore peu peuplée mais bougrement motivée ! Au chant, y’a de la puissance, y’a du wackenwoll, bref : y’a rien à dire. Bonne première claque rock de la journée !
Après cet apéro hard rock chargé en calories, petit footing/slalom au milieu des touristes leeeeeents de Camden Town pour rejoindre l’Underworld et mater la fin du set de SIXTY WATT SHAMAN. Après avoir passé la sécu (quelle sécu ? putain ils sont vraiment trop cool comparé aux nazis du Ballroom), je m’enfonce dans les ténèbres et me mêle à la foule bien compacte, en train de kiffer sa race sur le heavy rock redneck des Ricains. Le groupe en impose tant au niveau sonore que charisme, avec un chanteur colosse qui pourrait doubler Phil Anselmo quand celui-ci est trop bourré pour chanter « Stone The Crow », et des zikos bien en place autour. Avec le bassiste à bandana Rev jim qui ne cesse de provoquer les premiers rangs et le batteur qui se lève toutes les deux minutes avec un gros smile, l’interaction est au max. « Couillu » est le terme qui me paraît le plus approprié pour qualifier ce quatuor là.
LET THE WHEEL OF TIME BE ROLLING
Ayant appris dans l’après-midi que les copains de THE MACHINE ont pris du retard dans leur périple jusqu’à Londres et que leur set serait donc déplacé au Ballroom après Spirit Caravan (chouette !), c’est sans hésitation aucune que je rallie le Black Heart pour profiter d’un bon gros moment de hard rock 70’s. Dans ma confusion, je m’attendais à tomber sur HORISONT, mais ce n’est pas le rejeton suédois de Dio qui est en train de se la donner lorsque je pénètre dans la salle pleine à craquer, mais plutôt la version germanique ténébreuse de Mark Lanegan : ZODIAC est dans la place. Je me fraye un chemin jusqu’au premier rang et découvre un quatuor aussi sexy pour les oreilles que pour les yeux (je ne suis pas la seule à le penser, à en juger par la brochette de copines présentes au premier rang). Zodiac est une des pures trouvailles de ce fest, avec une forte teneur classic rock et bluesy, loin des vintage rockeurs « du moment » à la Graveyard ou Horisont justement. Il y a un côté très smooth, mais ça sent aussi le bourbon et la poussière du grand Ouest… Et puis cette voix, cette voix, raaah ! Ils sont juste trop cool, point barre. (VIDÉO)
Changement d’ambiance radicale avec les rockeurs suédois HORISONT : la tornade 70’s venue du froid n’épargne personne et c’est une vague de headbang qui s’empare des premiers rangs, tandis que les cinq blondinets à pattes d’eph martèlent leurs instruments avec force et conviction (VIDÉO). L’énergie est contagieuse, les sourires sont sur tous les visages, ce concert est clairement la première grosse teuf rock’n’roll du week-end. Grisant. Je me replie tout de même au fond parce c’est pas tout, mais je suis en nage (merci la Suède) et ressent le besoin irrépressible de me réhydrater, avant de filer au Ballroom pour Winoooooooooo ! Pour la troisième fois de la journée, je me retrouve à me faire allègrement fouiller par l’équipe de sécu de la salle, qui va même jusqu’à ouvrir la moindre des poches de mon sac, mon porte-feuille, tout. C’est bien connu : nous, les stoners, sommes des putain de terroristes. Je laisse tomber l’idée de squatter la fosse photo avec mon hybride pourri et les quinze photographes qui s’y bousculent, et vais me caler dans les escaliers de sécurité avec une petite dizaine d’autres festivaliers. N’étant pas une fan de SPIRIT CARAVAN, le set me paraît linéaire et relativement long, en dépit de la puissance de feu de ces trois doom gentlemen. Un incident va me sortir de ma torpeur lorsque cette brute d’Henry Vasquez (batteur de Saint Vitus qui remplace Gary Isom après son départ du groupe il y a un mois) va péter une de ses caisses claires et laisser Wino et Sherman en galère pendant dix bonnes minutes sur scène, le temps de se refaire une beauté et accessoirement, remonter une peau neuve. Une brute, on vous dit. Non non, en fait, il est FOU. C’est un ogre fou. Bref. Mon coeur chavire enfin lorsque le groupe entame une reprise du « Inside Looking Out » de Grand Funk Railroad (et là, tout le monde autour de moi se demande pourquoi je me mets subitement à crier, mais c’est mon morceau préféréééééééé, bordel !).
Comme promis, après le set de SPIRIT CARAVAN, ce sont les trois Dutchmen THE MACHINE qui prennent d’assaut la scène devant un public légèrement amoindri, mais bien chauffé par le bombardement sonore précédent. Premier truc que je capte quand les cocos montent sur scène : Hans, le bassiste, est coiffé d’une GoPro… C’est tout eux, ça ! Mon état de fatigue ne me permet pas de profiter pleinement du set, mais je suis quand même contente de pouvoir prendre ces bonnes vibes purement stoner rock dans les oreilles, jusqu’au bout (VIDÉO). La soirée d’ouverture organisée par Desertscene ne pouvant avoir lieu au Ballroom pour cause de fin de set tardive, tout le monde migre au Black Heart pour une dernière pinte (enfin, ceux qui ont la chance de ne pas se faire recaler par les videurs intransigeants). Le « last call » ne tarde pas à retentir dans le pub, et nous mettons les voiles, histoire d’être frais pour LA grosse journée qui va suivre. Bonne nuit, Camden…
LIRE LES REPORTS DU DEUXIÈME ET TROISIÈME JOUR DU FESTIVAL
Last modified: 5 juin 2014