DESERTFEST LONDON 2014 Report : Dimanche 27 Avril

Written by Live

Tel un rêve éveillé, ce week-end au DESERTFEST LONDON est encore passé bien trop vite. On arrive à Camden un jeudi soir, on ferme les yeux, et le dimanche est déjà là. Mais au diable l’amertume, car on a encore un paquet de groupes énormes à voir et de trucs cool à faire. Voilà pourquoi j’ai blindé le programme de cette dernière journée jusqu’à explosion de mon petit coeur, de mes tympans et de ma cervelle partout sur les murs de Camden. Aller sans retour pour l’eden du heavy rock et du doom avec CHURCH OF MISERY, ELDER, LONELY KAMEL, KONGH, BLACK RAINBOWS, BRIGHT CURSE, WOLFSHEAD et THE MIDNIGHT GHOST TRAIN. (PHOTOS : Dean Millar)

SUNDAY HAZY SUNDAY

En ce troisième et dernier jour du Desertfest, la fatigue commence à se faire sentir, mais les programme des réjouissances est tel que douleurs musculaires et mal de crâne passent vite au second plan. J’ai rendez-vous à 14h45 au Ballroom pour interviewer Lonely Kamel alias les bandits du heavy rock norvégien, mais avant ça je compte bien voir ces brutes de War Wolf en live. Ma fatigue est telle que non seulement je me pointe au Black Heart au lieu de l’Underworld, mais qu’en plus j’ai vingt minutes d’avance. J’en profite pour tailler le bout de gras avec mes copains de Bright Curse, qui viennent de jouer un set acoustique au Vans Store et doivent remettre le couvert au BH sous peu. Au moment où je réalise qu’il est la demie et qu’il est temps de courir à l’autre salle pour voir WAR WOLF, je reçois un message de l’attaché de presse de Lonely Kamel qui me somme d’arriver. C’est visiblement raté pour mon quart d’heure punk, mais au vu des super photos prises par mon collègue Dean Millar (qui, lui, ne s’est pas planté dans le planning), ça avait l’air plus que mortel.

Après vingt bonnes minutes passées en compagnie d’un quatuor de norvégiens très détendus dans leur loge du Ballroom, je redescends profiter du set de BLACK RAINBOWS (qui viennent pour info de sortir un EP 4 titres avec Naam, The Flying Eyes et White Hills, lequel est dispo ici). Le trio a l’air de faire son petit effet auprès du public du Ballroom, et concrètement, j’avoue que je n’imaginais pas leur musique avoir un telle puissance en live. Pour moi, Black Rainbows font partie de ces groupes qui produisent un stoner rock sympa et efficace, mais qui n’apportent pas grand chose de nouveau au genre. Mais sur scène, la mixture est tout de même très cool !

Bright-Curse-Desertfest-London-2014Un coup d’oeil à ma montre, et je file en direction du Black Heart pour BRIGHT CURSE. C’est toujours un plaisir de voir le trio sur scène, mais aujourd’hui est un jour spécial, car c’est la première grosse scène pour leur nouveau bassiste Jack Boughton. Une atmosphère super détendue et conviviale règne dans la salle, on sent que le groupe est très apprécié à Londres, car pas mal de personnes n’hésitent pas à balancer des vannes au groupe pendant l’installation et ensuite, entre les morceaux. Comme toujours, les gars nous baladent entre mélodies cosmiques et grosses déflagrations fuzz, et nous offrent d’ailleurs deux nouveaux morceaux à la saveur très « Colour Hazienne », et donc très cool (voir ci-dessous). Musicalement, Boughton confère à Bright Curse un son encore plus doom, ce qui tombe plutôt bien ma foi, vu que le groupe a prévu d’enregistrer son tout premier album avec Chris Fielding et Jon Davies de Conan aux commandes ! Sur le set, je reprocherais juste quelques moments de faiblesse côté chant, et certains breaks hyper bizarres voire déroutants (genre « j’y vais ? j’y vais pas ? »), mais je pinaille sûrement, car je les ai déjà vu plein de fois en live. Au bout de quarante minutes, je suis obligée de quitter la salle car un autre concert m’attend déjà ailleurs.

LETTING THE DOGS OUT!

16 heures, l’heure de la tartine norvégienne, l’heure de goûter à une bonne dose de chaleur riffique avec LONELY KAMEL. Les quatre chevelus-barbus sont déjà sur scène lorsque que je débarque, et bordel, l’ambiance est au grrrrraaaaaaaas ! Premier truc que je calcule en les voyant, ce sont leurs t-shirts « I’m With Stupid » avec une flèche indiquant le collègue d’à côté. Ça, ajouté à leur dégaine de mecs tout droits sortis de Game Of Thrones (plus Winterfell que Port-Réal)… Ces mecs sont excellents. Côté son, le heavy blues de Lonely Kamel est tellement groovy et sexy qu’il donne envie de se trémousser peu importe le morceau. Bon, évidemment, la palme du trémoussage pourrait revenir à « Damn, You’re Hot », sauf que lorsque le groupe entame « Stick To Your Plan » à la fin du set (à mater ici en qualité plus que douteuse), je revois mon classement direct. Daaaaamn ! Leur son est si lourd, festif et bardé de solos de guitare épiques, techniquement et vocalement, ils sont absolument éblouissants : les mecs sont en place, et assurent le show avec une prestance de patrons, et un côté classe mais bourru qui fait tout leur charme. Coup de coeur absolu ! (VIDÉO)

C’est au tour des Anglais WOLFSHEAD de passer au crible, car je découvre totalement le groupe en live aujourd’hui. La salle est bondée lorsque je pénètre à l’étage du Black Heart, et le trio de Hampshire est déjà en train d’envoyer un métal dense et brutal avec une fougue qui laisse sur le cul. À ce stade, ce n’est plus de la frénésie, c’est une véritable tempête sonore et visuelle (et croyez-moi que ça fait un bien fou après avoir vu autant de groupes de rock heavy-moquette). Difficile de les situer musicalement tant leur palette sonore est riche, mais disons qu’il y a comme des réminiscences d’High On Fire, Red Fang, The Shrine, et Bison pour le côté sludge tranchant. Que des groupes qui démontent en live, tout comme eux ! À chaque édition du Desertfest, il y a un show qui vous fout une claque et devient votre découverte live du week-end : l’année dernière c’était The Shrine, cette année, c’est Wolfshead. Les gars déversent de l’énergie par camions-citernes, le fun est omniprésent, c’est vraiment le pied à voir. Vivement qu’ils traversent la Manche pour venir inonder nos contrées de leur garage doom de fou furieux.

LOST IN THE REALM OF PSYCHEDELIA

La magie des festivals, c’est de pouvoir passer en moins de dix minutes d’un groupe sludgy-brutal comme Wolfshead au blues rock 70’s de RADIO MOSCOW. Particulièrement excitée à l’idée de revoir les trois hippies de San Diego déballer leurs jams psychés sur la scène du Ballroom, je cours donc comme une fanatique au milieu des festivaliers pour pouvoir rallier mon spot favori de cette édition 2014 : les escaliers de sécu du Ballroom. Un morceau, puis deux, trois… Je suis bien évidemment contente de ré-entendre « Broke Down », « 250 Miles » ou « The Escape », mais à aucun moment le set ne décolle vraiment. Entendez-moi bien, ces mecs sont des putain de zikos et Parker Griggs est un surdoué de la guitare, mais il manque la charge électrique qui fait en temps normal court-circuiter la foule. On ne peut pas exceller à tous les coups, j’imagine ! Le concert fera tout de même un paquet d’heureux chez ceux qui voyaient le groupe pour la première fois ce soir. (VIDÉO)

Elder-Desertfest-London-2014-7Encore un groupe que j’avais hâte de voir : ELDER. Elder, ce sont un peu les petits génies du stoner, un groupe assez mystérieux qui n’a sorti que deux EP depuis la création du groupe en 2005. Discrets, mais à la réputation pourtant bien établie. Les mecs de la sécu au premier rang ont l’air interloqués par les réactions de feu des fans à la barrière, dont un petit groupe d’Américains qui est visiblement très en forme et fait bien marrer DiSalvo entre deux morceaux. Malgré l’excès de basse dans la sono du Ballroom (encore !), le groupe nous propulse en très peu de temps dans son univers épique, le peu de chant nous permettant de nous perdre totalement dans les volutes riffiques et grondements sourds produits par le duo de front Nick DiSalvo et Jack Donovan. « Dead Roots Stirring », « Spires Burns », « III »… Elder nous en donne pour notre argent, et nous offre même un nouveau morceau, avec le sourire en prime. J’étais moyennement dedans au tout début du set, mais je repars du Ballroom complètement transformée, requinquée et le sourire jusqu’aux oreilles après avoir pris une claque stoner digne de ce nom. ÉPOUSTOUFLANT.

ALL SET FOR THE METAL EARTHQUAKE

Ni une ni deux, je cours au Black Heart pour voir la deuxième moitié du show de THE MIDNIGHT GHOST TRAIN. Dans la salle, il fait une chaleur tropicale. Rien à carrer, c’est maintenant ou jamais pour se lâcher, direction le premier rang pour déguster morceau après morceau la saveur sudiste de leur heavy rock’n’roll complètement barré, au point d’en headbanguer jusqu’à m’en décrocher les cervicales. Il faut dire que le trio lâche toujours une telle énergie sur scène que c’en est contagieux. Le public est survolté et Steve Moss (guitariste et chanteur à la voix rocailleuse de son état) n’hésite pas à monter sur les retours pour chauffer la salle de plus belle. Pas un concert ce week-end ne m’a procuré autant d’allégresse que celui-ci, et au vu des sourires béats et cris de satisfaction qui résonnent ici bas, il n’y a pas de doute que ce sentiment est partagé. Il est 20 heures à Camden, et peu importe ce que font les centaines d’autres festivaliers en ce moment précis, mais nous, nous sommes À LA MAISON. Putain, j’ai chaud au coeur rien que d’en parler. Et comme si toutes ces effusions d’amour et de fuzz ne suffisaient pas, le groupe clôt son set sur un moment « gospel » (à mater ici) où tout le monde tape dans ses mains, et un passe-passe vocal fabuleux se fait entre le public et Steve Moss. L’un des moments les plus fédérateurs et grisants de tout le week-end.

L’ambiance était tellement folle au Black Heart que j’en ai perdu la notion du temps, et qu’il est déjà l’heure de CHURCH OF MISERY. Ivre de bonne musique et complètement en nage, je quitte le Black Heart et descend Camden High Street en direction du Ballroom, la joie dans le coeur. Pour moi ce soir, ce n’est pas Boris mais bien COM la tête d’affiche, eux qui représentent si vaillamment le stoner au-delà des frontières de l’Europe et des Amériques. Et si je dis « stoner », c’est bien parce qu’on retrouve toutes les composantes de cette vaste culture dans leur musique (en plus d’un amour immodéré pour les tueurs en série), et c’est ça qui fait d’eux un groupe aussi vénéré au sein de notre scène. Et même si je suis au début déroutée par la présence d’un nouveau frontman (bon, il est là depuis 2012, mais le groupe a quand même changé six fois de chanteur), et que je me permets quelques critiques en clamant que « c’était mieux aaa-vant », eh ben le groupe envoie… et fait du SALE. Les projections de films obscurs en fond de scène rendent la performance plus épique et percutante qu’elle ne l’est déjà. Mais bon, les mecs pourrait rester statiques sur scène que ça nous suffirait, tant leur sludge psyché-boogie ne dose pas la surpuissance, et pourtant : ils lâchent tout. De vrais showmen.

NO REST FOR THE WICKED

Je reste quinze-vingt minutes pour BORIS, mais c’est uniquement parce que j’ai une bière à finir, car le peu que je vois du groupe ne me convainc pas. Non seulement les cris incessants du batteur sont juste insupportables (on se croirait franchement à la foire, faut pas déconner !), mais le groupe n’a tellement pas d’identité sonore que chaque nouveau morceau me semble dénué d’âme. Ça sonne plat à mort. Mais j’imagine que c’est le genre de groupe qu’on aime ou qu’on déteste, au vu des impressions super contrastées que j’ai pu recueillir pendant et après le concert. Sans remords, j’opère un repli stratégique à l’Underworld où doit avoir lieu l’afterparty de cette dernière soirée. Les doom métalleux suédois KONGH sont en pleine action lorsque j’arrive, et sont littéralement en train de broyer les tympans de toute la salle. Je n’ai malheureusement pas le réflexe de filmer lorsque le groupe se lance brièvement dans une cover du « Dragonaut » de Sleep, mais je peux vous dire que rien que pour ce moment là, le concert valait le détour.

S’en suit un after assez cool (quoique bien trop heavy/classic metal à mon goût), où on retrouve une dernière fois les copains du week-end, ainsi que certains groupes venus chiller avant de repartir en tournée le lendemain. Il n’y a qu’au Desertfest que vous pouvez, dans la même soirée, vous retrouver à danser avec les gars de Radio Moscow, discuter de séries débiles avec le gratteux de Lonely Kamel, et boire des shots avec le chanteur de Kvelertak… Il n’y a qu’au Desertfest que vous pourrez chanter à tue-tête sur « Roadhouse Blues » des Doors, vous déhancher sur du Slo Burn, bref : vous sentir libres. Bref, je vais pas continuer dans cette apologie aveugle de ce qui est devenu mon festival préféré en l’espace d’un an, mais comme dirait Oncle Steve : « this weekend was QUALITY BOLLOCKS!!! ».

Toute la team Desertfest mérite un énorme big up pour avoir fait de cette édition une belle réussite et tenu le cap du début à la fin (avec le sourire !) : Reece, Jake, les orgas des scènes Quietus, When Planet Collides, Human Disease et Metal Hammer, tous les adorables bénévoles et merch boys/girls, Kippa et Rich (meilleur set DJ de tout le week-end, les gars !)… Big up aux groupes qui nous ont vendu du rêve pendant trois jours, et à tous les festivaliers qui prouvent que le public stoner est juste le plus cool du monde. Merci encore à Dean Millar pour avoir été un co-équipier des plus irréprochables (et pour son incroyable flegme néo-zélandais). Spéciale dédicace à mes collègues de dortoir aka la French Connection, et une pensée pour Lorène qui nous a terriblement manqué pendant ces trois jours. Plus que 342 jours avant de remettre ça, plus heavy et motivés que jamais ! 

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Last modified: 5 juin 2014