Le groupe noise rock clermontois SOFY MAJOR nous offre en ce début d’année leur quatrième album, Total Dump, après des mois de teasing et, surtout, plus de trois années d’attente insupportable tant Waste en 2015 avait confirmé une bonne fois pour toute que Sofy Major jouait bel et bien dans la catégorie poids lourds.
Alors, pourquoi est-ce qu’il aura fallu trois putain d’années longues comme un hiver picard pour qu’un nouvel album voit le jour ? Ce ne sont pas les distractions clermontoises (clairement pas au niveau d’une capitale du vice) qui peuvent être mises en cause, soyons sérieux. Alors pourquoi, bordel ? Eh bien parce que les mecs avaient coché la case « artiste maudit » sur leur check-list de carrière. Quels cons aussi, à une ligne près c’était les putes et la coke… En plus vous aviez déjà été avertis les mecs, avec cette petite garce de Sandy en 2013 ! Vous avez cru quoi, que ça allait passer crème ?
Pour le coup, le Malin n’y est pas allé de main morte, l’enfoiré. Largage amoureux, maladie dégueulasse, décès, dépression, sales rencontres, bref tout ce qui est possible de se ramasser dans la gueule niveau chienasse de vie, les SOFY MAJOR l’a pris dans les dents.
Le groupe serait de Seattle, le chanteur se serait tiré une balle dans le carafon après avoir transformé ses veines en libre-service pour transfuser des favelas. Ou s’il avait joué à la fin des 90’s en Californie, il aurait chialé sur ses plaques d’anti-dépresseurs en suppo, comme un ado boutonneux qu’on aurait enfermé dans son casier à la récré. Ouais, mais ça, c’est pour les mous du slibard, pas pour des gars pour qui le NHYC et Unsane sont les maîtres mots de leurs influences, autant musicales que mentales.
Alors SOFY MAJOR s’est sorti les doigts, a acéré les riffs pour en faire des armes de destruction sonique, riffs qui ne débandent jamais, tel un Rocco qu’on aurait dopé au viagra et qui remplirait les starlettes comme des choux à la crème, quitte à en mettre un peu à côté, c’est cadeau. Vous ajoutez une batterie plus épileptique que les Melvins au meilleur de leur forme, accompagnant une basse bien calée en mode déluge. Vous m’étalez ça sur des chansons tour à tour mélodiques et au calme apparent, puis endiablées et hurlées à la mort à deux voix, toujours avec ce sens du groove sur lequel Dave Curran n’est certainement pas innocent. Vous mettez le four à 230°C, la température qu’il fera dans les salles lors de la prochaine tournée, et quand ça commence à cramer, vous vous jetez dedans.
Alors « raté complet », oui : ma recette doit être dégueulasse, normal je suis nul en cuisine. Ou alors c’est peut-être sur les moments difficiles qu’ont vécu certains membres, mais certainement pas pour cet album. Au contraire, « Total Dump » place définitivement SOFY MAJOR dans la lignée des leurs pères new-yorkais tout en s’en éloignant dans le son, les pochettes sanguinolentes en moins, l’humour en plus.
Il a raison François H. : « we are proud of you because you can be do what we want to do« . Enfin, au moins le début : vous pouvez être fiers, bande d’enfoirés. Vous avez pondu un putain d’album et ça valait le coup d’attendre. Mais que je ne vous y reprenne pas !
ARTISTE : SOFY MAJOR
ALBUM : “Total Dump”
DATE DE SORTIE : 25 janvier 2019
LABEL : Deadlight / Corpse Flower Records
GENRE : Noise rock
MORE : Facebook – Bandcamp
Last modified: 29 janvier 2019