DESERTFEST LONDON 2017 Report – Jour 2

Written by Live

Où est donc passée ma gueule de bois ? Hmmm, en fait elle ne m’a pas encore frappé. Peut-être plus tard. Café ? Café. English breakfast ? Là, on parle. Il faut bien accompagner la pinte matinale de Camden Pale de quelque chose, pas vrai ? D’ailleurs, merci aux orgas d’avoir invité ce stand de « pie & mash » à prendre ses quartiers à l’extérieur du Black Heart durant tout ce week-end de DESERTFEST LONDON, ils ont fait de moi un homme heureux hier soir ! Oh, les concerts ont déjà commencé ? C’est l’heure d’y aller… (PHOTOS : Gloomy Lights Photo)

Et on démarre au Ballroom avec une grosse salve de classic rock et les Groundhogs. À vrai dire, je ne sais pas combien de fois ce groupe a changé de lineup au cours des 400 dernières années, ni même si ce sont vraiment les GROUNDHOGS. Mais Ken Pustelnik officie tel un Saroumane fou derrière les fûts, donc je me dis qu’ils doivent avoir une certaine légitimité, quelque part. Je n’ai malheureusement pas la chance de voir tout le concert de ce groupe dont le nom fait référence à l’un de mes films favoris de Bill Murray, mais « Eccentric Man » est une petite tuerie et me permet d’échauffer ma nuque pour la suite. Bien que j’aie plus vu le set des Groundhogs du coin de l’oeil, ça m’a tout l’air d’une performance brillante de la part de ces vieux de la vieille du cru face à une foule de fans et autres curieux. 

Dommage que je doive partir en plein milieu de « Cherry Red », un de mes titres rock favoris,  one of my all-time favourite rock songs, mais il faut ce qu’il faut pour ne pas manquer une miette du doom somptueux du trio Californien BRUME. L’ancien Gurt, Jamie McCathie, nous balaye de ses riffs bouillants à la Yob, tandis que la bassiste Susie McClellan écrase l’assemblée, tandis que son chant de sirène résonne jusque dans les tréfonds de l’Underworld. Progressif, enchanteur, mystique et résolument heavy, Brume donne le ton, pour ce qui va être une journée et demie de pure dominance sonore.

Attention, c’est extrêmement cool de voir l’ancien batteur de Kyuss et QOTSA Alfredo Hernandez de retour derrière les fûts au Ballroom, devant un parterre de fans dévoués. Mais il faut bien admettre que son groupe AVON livre un stoner rock tout ce qu’il y a de plus bateau, et que le set des Californiens n’en reste pas moons inspiré. C’est seulement quand le groupe se lance sur une reprise de – roulement de tambour – LE classique de QOTSA « Avon » que les têtes commencent enfin à remuer avec un peu de vigueur. Une seconde reprise de QOTSA s’ensuit, avec la face B « The Bronze », et un chant presque strident, j’ai encore du mal à savoir si ce concert a juste pour vocation de donner au public Desertfest ce qu’il a envie d’entendre, ou bien un groupe qui a très peu d’idées qui lui sont propres. 

Blague à part, à quand QOTSA au Desertfest ? Il serait temps, pas vrai ? On attend votre appel, Mr Homme. Oh, et ramenez donc ce coquin de Van Leeuwen avec vous, j’adore son costard.

Après un rapide ravitaillement bière, la foule s’amasse à l’Underworld pour voir les poids lourds du heavy US INTER ARMA. La tension grimpe comme du lierre sur les murs humides de la salle, tandis qu’une scène vide appelle le goliath à cinq têtes. Démarrant façon agression death metal avec « Archer in the Emptiness », la machine de guerre de Richmond est en pleine forme ce soir, et assemble sons, dynamiques et textures que très peu penseraient à mélanger sur un même album, ou ne serait-ce qu’un seul morceau. La machine à riffs transcendante mais explosive qu’est « Transfiguration » en met plein la vue avec le chant à la fois dévastateur et enchanteur de Mike Paparo, qui mériterait clairement un award pour la performance vocale la plus gutturale et intimidante du week-end. Avec pour point d’orgue le prog suitant de heaviness de « The Summer Drones », on ne peut passer à côté de la malice que seul le batteur TJ Childers arrive à puiser en son for intérieur doom. Tel un groupe prog rock éternellement piégé dans le corps d’un groupe de black metal, Inter Arma sont dans une forme dévastatrice ce soir.

À l’Electric Ballroom, JOHN GARCIA balance hit sur hit, le groupe de son projet solo en renfort derrière lui. Les morceaux plus récents comme « 5000 Miles » cohabitent de manière triomphante avec les classiques de Kyuss comme « El Rodeo » et « One Inch Man », et même une petite intrusion d’Hermano pour la forme avec « Kentucky ». Garcia semble libéré, plus charismatique et vivant que la nuit précédente, interagissant avec son public à de multiples reprises, remerciant les orgas pour ce fantastique week-end de musique live… avant de mettre le feu total avec une perf bien sentie des hits stoner rock « Gardenia » et « Green Machine ». Pourquoi n’ont-ils plutôt pas programmé ce qui est clairement un set « Garcia Plays Kyuss And Hermano » le vendredi en lieu et place de Slo Burn ? Cela demeure encore un mystère à mes yeux, en tout cas, c’est bel et bien un moment d’anthologie desert rock que nous vivons en ce moment même.

Beaucoup étaient dubitatifs concernant le choix de la tête d’affiche du samedi soir cette année, mais c’est bien du Desertfest qu’on parle – un festival qui a programmé des têtes d’affiche plus « mainstream » comme Kvelertak et Russian Circles – et on sait à quel point ces choix ont au final toujours suscité des réactions positives. Et donc ceux qui râlaient parce que Candlemass ou Pentagram avaient plus leur place en haut de l’affiche ce soir, doivent admettre qu’alors que TURBONEGRO font une entrée fracassante sur la grande scène du Ballroom et lancent leur nouveau single « Hot for Nietzsche », quelque chose est train de se passer, quelque chose qui restera assurément dans les annales du Desertfest. Les calots de marin sont de sortie, les rouge-à-lèvres et le double denim aussi, tandis que la maestria du groupe fait son effet et que, oui, le très sexy Tony Sylvester est dans une forme monumentale, menant avec succès une foule de vestes Turbojugend en délire total.

« Don’t Say Motherfucker, Motherfucker », « Are You Ready (for Some Darkness) », « Blow Me (Like the Wind) » : les hits s’écoulent comme la rivière en chocolat de Willy Wonka. Pour moi, c’est probablement le meilleur concert « greatest hits » au monde, Tony menant gaiement de front Euroboy, Happy Tom, Rune Rebellion et le reste de son gang pour nous livrer la collection de hits deathpunk la plus jouissive de la planète. Est-ce le groupe le plus efféminé de toute l’histoire du Desertfest ? Le groupe le plus fun de l’histoire du Desertfest ? L’euphorie à son apogée ? Oh oui !

Un « City of Satan » tapageur est lancé et très justement dédicacé au quartier de Camden, les bières s’envolent, les poings se lèvent, et hommes et femmes pleurent de joie. Le groupe emballe le tout avec une combinaison de « Dude Without a Face », « Sell Your Body (to the Night) », « Wasted Again », mais ce n’est toujours pas assez pour la Turbofoule londonienne qui réclame un rappel, aussitôt exécuté sur le très théatral « Age of Pamparius » et un « Wall of Deathpunk » mené de front par Sylvester lui-même. Comment vous dire, en deux mots… « I Got Erection ».

L’assistance crapahute vers la sortie, et les « whoa-oohh-ooohhh » continuent de résonner avec fracas dans les rues de Camden, la horde de Turbo Lovers disparaissant dans les ténèbres en quête d’une ultime bière…

Last modified: 20 avril 2018