DESERTFEST BELGIUM 2014 Report : Samedi 11 octobre

Written by Live

On poursuit ce report du DESERTFEST BELGIUM 2014 avec un deuxième jour carrément explosif, où artistes doom d’excellence vont se frotter à une armée de groupes sur-motivés et sur-énervés, histoire d’atomiser notre zone de confort (et nos nuques, par la même occasion). Leçon de heavy magistrale en ce samedi 11 octobre, avec PALLBEARER, YOB, KARMA TO BURN, YOUR HIGHNESS, HERDER, DIRTY FENCES, STEAK, et bien d’autres. (Photos : Sylvain Golvet)

Même si c’est la perspective de voir la triplette doom Yob-Wizard-Pallbearer qui nous excite le plus en ce pluvieux samedi d’octobre, on est aussi là pour faire des expériences inédites. Et qui mieux que le chanteur canadien DAVID CELIA pour nous faire comprendre que rien n’est jamais acquis à un festival de heavy ? En temps normal, on froncerait les sourcils (je veux dire, on est avant tout ici pour écouter du gros son), mais le contexte de notre briefing photo, posés dans les confortables canapés du bar de la Vulture Stage sur fond de mélodies folk acoustiques à la cool n’est pas pour nous déplaire. Je dirais même que cette petite atmosphère lounge de début d’aprèm est idéale pour démarrer la journée avec le sourire !

Après un rapide tour au merch (lequel est centralisé au rez-de-chaussé, au même endroit qu’un point de retrait de cash… pratique !) et l’indispensable achat de tokens pour la bière, on décide de monter à la Canyon Stage pour découvrir le groupe belge MOONWARD. Malgré leur dégaine de premiers de la classe fraîchement sortis du conservatoire, le jeune trio envoie un stoner rock à l’exécution précise, dans le genre des jams punchy de The Machine. Bien qu’aucun morceau ne brille par son originalité, on se laisse pourtant facilement captiver par la maîtrise et les solos à rallonge du groupe. Ne me demandez pas pourquoi, mais je décide de partir avant la fin, par peur d’une séance de lobotomie sonore un peu trop prématurée (c’est pas tout ça, mais je vais avoir besoin de mon cerveau pour la suite).

Les prochains sur ma to-do list ne sont autres que les londoniens STEAK. Étant donné que je n’ai pas pu pleinement profiter de leur release show à Londres en septembre dernier, c’est très attentive et au premier rang que j’assiste à ce show. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’assistance se fait pulvériser la tronche par un char d’assaut désert rock dès les premières notes ! Relou et tatillonne que je suis avec mes chouchous, je ne peux m’empêcher de relever un ou deux pains et de légères baisses de régimes à la rythmique, malgré une débauche de puissance et de fuzz sans faille. Heureusement, personne d’autre ne semble s’en soucier, et c’est bel et bien le premier pogo du week-end qui s’amorce dans la fosse de la Canyon ! Avec un set qui se termine sur « Rising », single de 10 minutes bien plus efficace en live que sur album, le groupe assure la première grosse livraison desert rock du festival. Parfait.

S’en suit ma première grosse claque du week-end avec les new-yorkais DIRTY FENCES, groupe dont j’avais aperçu le nom sur le split EP avec The Shrine (dont on retiendra surtout l’artwork sublime), et de multiples tournées avec ces derniers. Un groupe au fort potentiel sympathie, donc. Quand je vois débarquer le bassiste avec sa chemise en satin léopard, je me dis « encore des mecs qui ont confondu psyché et kitsch ». Le reste du crew se pointe avec un look tout aussi improbable, puis le batteur s’applique très sensuellement du rouge à lèvres noir sur les lèvres, hurle un truc incompréhensible et en deux secondes même pas, c’est un ouragan punk 70’s qui dévaste la petite scène de la Vulture… À moins d’être un gros doomeux des cavernes réticent à tout ce qui fait plus de 60BPM, je vous garantis qu’il est difficile de résister à leur énergie, à leurs morceaux super calibrés, leurs chorés à la con, et aux speeches complètement barrés du batteur (imaginez Valient Himself version Kamoulox). Après 40 minutes de bordel punk’n’roll, le groupe nous quitte en abandonnant une Reebok sur l’un des micros. All hail Dirty Fences !

Deuxième rendez-vous immanquable de la journée pour votre serviteuse : HERDER. Quand j’arrive à la Canyon Stage, la salle est blindée et le show est commencé depuis déjà dix minutes. À l’approche de la scène, je comprends ENFIN où étaient passés tous les fous furieux du fest… parce que la bagarre, c’est ici ! Vu comment le chanteur s’est physiquement approprié le périmètre de devant de scène, j’avoue que je flippe un peu de me prendre un coup de boule/genou/micro malencontreux, mais tant pis, j’y vais quand même. Avec pour slogan « Herder is harder, fuck you till death », vous imaginez bien que le combo hollandais ne fait pas dans la dentelle… Le traitement sonore infligé par ces hooligans du sludge se résume à trois mots : lourdeur, brutalité, technicité. Ajoutez à cela une présence de fou, que ce soit les zikos ou leur frontman (avec qui aucun d’entre nous n’aimerait avoir d’ennuis), et vous obtenez la putain de MANDALE du week-end. Et si vous n’êtes pas d’accord, c’est que vous n’étiez pas là, fuckers.

Aussitôt le set d’Herder terminé, je file admirer PALLBEARER sur la mainstage. Oui, « admirer ». Parce que la musique de Pallbearer relève plus de la grâce sonore que du doom-juste-heavy-pour-être-heavy : il y a de l’âme là-dedans, ma bonne dame. Je vous raconte pas la transition impossible après la cartouche Herder. Complètement submergée par l’émotion que procure le morceau « Devoid And Redemption », je me mets soudainement à chialer comme une fillette (tiens, ça me rappelle le Hellfest 2013). Parce que c’est beau. Trop de grâce, de la pure magie. Impeccable de puissance, émouvant, le groupe nous offre un set avec 50% de morceaux de chaque album, et je dois dire que leur petit dernier « Foundations Of Burden » rend plutôt bien en live. Voilà comment Pallbearer nous prouvent qu’ils n’ont rien à envier à leurs aînés doom, qui joueront plus tard dans la soirée… (Cheers à KoenG pour la vidéo)

Je ne remercierai jamais assez Nico des Stoned Gatherings pour m’avoir convaincue d’aller jeter un oeil à YOUR HIGHNESS sur la Vulture Stage… Sérieux, comment ai-je pu passer à côté d’un tel groupe ? Les Anversois combinent exactement tout ce que je kiffe dans le heavy : c’est sludge, c’est gras, ça groove, ça gueule sans complexe, et pour couronner le tout, ça pue le bayou. Et puis les mecs ont bon goût, deux d’entre eux arborent des t-shirts Drawers. La fosse de la Vulture étant bien compacte et agitée, je pars me caler au bar d’où je peux profiter du gig sans encombres. Je rate malheureusement les excellents The Shrine (il paraît que c’était dingue), mais honnêtement : ce qui se passe ici est juste trop cool. Le concert fini, je file à la Desert Stage découvrir le groupe prôné par 99,9% de mes amis doomsters : YOB. J’ai souvent éprouvé des difficultés à rentrer dans leur discographie, mais on m’en a TELLEMENT vanté les mérites live que je ne pouvais rater ça. Les chakras grands ouverts, je me prends rapidement un mur de doom dans la tête. L’excellente acoustique de la Desert Stage rend si bien justice à la puissance colossale du trio, qu’il m’est impossible de garder les yeux ouverts, hypnotisée par les incantations de Mike Scheidt. Autour de moi, chacun est pris dans un mouvement de balancier, les yeux rivés au sol. Quelle messe. Au bout de trois morceaux (= 40 min), je suis prise d’un coup de barre tel, que je n’ai pas d’autre choix que de me retirer dans l’un des canapés de la Vulture. Faute au parpaing doom ou simple fatigue ? Les post-black métalleux français CÉLESTE sont en train de tout dévaster ici bas, à grand renfort de fumée et de strobos aveuglants. Parfait pour déconnecter quelques minutes.

Après avoir reboot la machine et pris quelques notes « au calme », je décide de passer le temps au bar à l’étage avant le set d’Electric Wizard. Je tombe alors sur KARMA TO BURN dans une Canyon remplie à craquer… L’ambiance est électrique devant un trio qui a clairement le feu sacré. Il est clair que ce nouveau lineup à la basse et à la batterie a insufflé une deuxième jeunesse au groupe (au sens propre comme figuré, Rob Halkett et Evan Devine ayant la jeune trentaine), et ça s’en ressent au niveau de l’énergie du groupe sur scène et de l’enthousiasme de Will Mecum, fondateur du groupe et légende du heavy rock instrumental. La folie s’est (enfin) emparée du public du Desertfest, les slammeurs ne cessent de valdinguer à quelques centimètres du plafond de la Vulture, le groupe est ovationné à chaque morceau… Ça doit être l’un des meilleurs concerts que j’ai vu du groupe depuis… eh bien, depuis leur show aux Combus à Paris en avril 2012. Et puis les morceaux du nouvel album « Arch Stanton » rendent foutrement bien en live ! L’atmosphère est tellement survoltée ici que, malgré les copains qui me quittent un à un pour aller voir Electric Wizard sur la Desert Stage, je décide de rester jusqu’à la fin (aucun regret, car la majorité des gens me diront le lendemain que la performance des Wizard était catastrophique). Jusqu’à voir mon collègue Nico Dead Pig me tendre soudainement ces affaires et se ruer dans la fosse pour aller stagediver avant que la fin du set. Électrique, je vous dis ! L’after qui s’en suit est tout aussi cool, mais si vous êtes des habitués du Desertfest, je ne vous apprends rien. À demain pour le dernier jour de ce Desertfest Belgium d’anthologie…

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Last modified: 1 décembre 2014