WEEDEATER « Jason The Dragon » (Southern Lord Records 2011)

Le printemps se pointe, c’est la fin de la période d’hibernation pour “Jason…The Dragon”, et je peux vous dire qu’il est pas content le bestiau ! WEEDEATER c’est le groupe underground typique de sludge métal du Sud des States : crade, énervé et névrosé, portant une musique pesante, primitive et contestataire.

Alors ça donne quoi ce 3ème album des mangeurs d’herbe ? Aucune corruption de leur musique. Cette atmosphère de cave enfumée caractéristique des groupes du genre est au centre de tout, pour le reste on laisse faire le fuzz des grattes saturées à mort, le swing subtil qui enveloppe le tout, et bien sûr le chant complètement branque de Dixie Collins, le mec qui voit ses yeux se retourner dans ses orbites trente fois par set.

Contrairement à ses prédecesseurs, “Jason…The Dragon” s’écoute plus comme on lit un bouquin de fantasy, et nous fait voyager dans des catacombes obscures, dans des contrées mystiques, sur un territoire guerrier en sommeil… Une pause impromptue à la taverne du coin nous est imposée avec le très étrange Palm and Opium fait d’une simple guitare folk et de murmurements sous acide.

L’ensemble de l’album est donc d’une parfaite lourdeur et beaucoup moins bordélique qu’un “And Justice For Y’All” par exemple. Une maturité qui permet à l’auditeur de se laisser enivrer et transporter sous les effets de la musique opiacée du groupe (n’y voyez aucune incitation à la conso de substances illicites, chers lecteurs). Le très groovy stoner Homecoming est comme une piqûre de rappel : “ne pas oublier que nous aussi, on sait swinger, tudjû !”. Terminer l’écoute par Whiskey Creek, 3ème et dernière interlude acoustique cette fois enregistrée sous la pluie, nous fait dire que oui, ces mecs sont complètement banjo…Euh, barjos !!!… Un groupe à la haute créativité dont on entend trop peu parler :  si c’est le prix à payer pour que les albums soient bons, alors je signe direct !

Last modified: 20 octobre 2013