Hangman’s Chair, c’est l’éclatante ascension d’un groupe de banlieusards qui s’affirme comme l’un des fers de lance du Metal français. Et “A Loner” en est une nouvelle preuve éclatante.
Tout au long de leur parcours musical au sein du groupe et de bien d’autres auparavant, l’hydre de l’Essonne n’a eu de cesse de progresser, d’évoluer, et surtout, de faire ce qui lui plait sans se soucier des attentes qu’auraient générés les albums précédents.
Sur leurs six albums, si une continuité sonore peut légèrement s’entendre entre deux albums successifs, c’est surtout une évolution progressive mais constante à laquelle nous assistons. Puisant son inspiration dans des références littéraires, cinématographiques ou philosophiques profondes qui vont au-delà de la superficialité et de l’immédiateté que peut procurer l’écoute de certains groupes ou genres musicaux, Hangman’s Chair nous a éduqué depuis plus de quinze ans à une réflexion autour de sa musique.
Pourtant, le registre choisi par le groupe, loin de la facilité sonore et encore plus de la légèreté, n’est pas celui censé les porter vers une reconnaissance médiatique ni populaire. Mais le groupe a cette faculté à dépeindre leur environnement, leur vécu, et tout ce qui est propre à la condition humaine des personnes normales, avec une sincérité et une noirceur jamais feinte.
“A Loner” ne fait pas exception à cette ligne de conduite, bien au contraire. Véritable terreau de contrastes, entre obscurité et espoir, l’album pourrait aisément être interprété comme la bande son accompagnant la situation inédite liée à la pandémie. Mais même si ça n’est pas totalement faux, cela serait trop facile et réducteur. Le propos est cette fois bien plus personnel et douloureux, cet album ayant eu des vertus cathartiques pour les membres du groupes qui ont dû affronter des moments difficiles.
Point d’imagerie ou d’histoires basées sur des romans, cette fois Hangman’s Chair ont livré un pan plus personnel de leur vision de la société, comme si la vie dans une capitale générait tout un tas de dépressifs, bousillés par le rythme effréné et détournés de l’essentiel par la profusion de distractions en tous genres.
Délaissant le mur du son qui avait fait leur marque de fabrique, Hangman’s Chair n’en ont pas moins abandonné la lourdeur qui caractérise si bien leur musique et en fait un son immédiatement reconnaissable. Si on ne peut nier et encore moins écarter l’influence coldwave, tellement la structure du son rappelle le meilleur de ce type de musique, Hangman’s Chair offre ici un vaste espace sonore dans lequel l’auditeur peut s’abandonner et profiter en solitaire pour exorciser son mal-être et ses angoisses, ses difficulté d’exister dans une société en plein bouleversements, mais cet espace reste empreint de poésie, parlant de la solitude et de tous ses bienfaits, du besoin de cette solitude pour se retrouver et se reconstruire, la solitude devenant alors un refuge.
Le groupe a puisé dans ses racines et ses influences 80’s pour sublimer ces atmosphères très froides, y développer les contrastes émotionnels à travers une musique et un son ayant franchi le mur des références pour vivre son propre destin, détaché de toute mythologie.
Last modified: 23 April 2022