Du rock au doom : les albums les plus cool de 2020.

Written by Chronique

LE TOP 5 DE BEEHO

1. LORD BUFFALO « Tohu Wa Bohu » (Blues Funeral Recordings)

Qui aurait cru que sous ce pseudonyme archétypé stoner-fuzz, se cacherait une perle de mud rock gothique ? Ce très beau groupe porté par l’ensorcelant Daniel Pruit (parfait croisement entre Evan Patterson et Michael Parks Jr.) nous invite à voyager au cœur d’une Amérique sauvage et fantomatique, où la force spirituelle des dieux autochtones aurait enfin repris ses droits. Un album sublime qui ne manquera pas d’intriguer et d’envoûter, pour, au final, ne laisser personne indifférent.

2. DEFTONES « Ohms » (Reprise Records)

Deftones ne cessent d’impressionner, vingt-cinq ans après avoir marqué de leur sceau indélébile le metal alternatif des années 90. « Ohms » est un album avant-gardiste qui vous enveloppe dans sa bulle de metal incisif et empreint d’atmosphères shoegaze, brûlant tel une comète s’apprêtant à annihiler les certitudes d’un monde en berne. Et paradoxalement, on n’a jamais entendu dix titres aussi réconfortants, véritables madeleines de Proust que les plus de trente ans savoureront en boucle. Du très grand Deftones.

3. KVELERTAK « Splid » (Rise Records)

Ce Kvelertak cru 2020, c’était « ça passe ou ça casse ». Tandis que l’ancien frontman Erlend Hjelvik se consacre désormais à son projet viking metal, le sextet de Stavanger recrute leur pote Ivar Nikolaisen au micro. Résultat : le frêle blondinet nous explose les tympans avec un arsenal vocal plus punk que nature. Et c’est ainsi que les berserkers livrent hymne sur hymne avec leur légendaire hard rock’n’roll éclaboussé de punk et de black metal. Sans surprise, mais que ça fait du bien !

4. DEMONIC DEATH JUDGE « The Trail » (Suicide Records)

Commencer un album sludge sur de la guitar folk : oui. Poursuivre en pulvérisant chaque atome dont vous croyiez votre pauvre coquille mortelle formée : encore mieux ! Ce combo finlandais ne s’encombre pas du cahier des charges inhérent aux groupes du genre et tricote des atmosphères à vous faire vriller, sans parler de la prod à tomber par terre. Le niveau élevé de ce quatrième album Demonic Death Judge les pose comme révélation sludge metal de l’année.

5. REZN « Chaotic Divine » (S/R)

Cet ovni de Chicago nous offre un 11 titres heavy psyché fantasmagorique, flottant entre Elder (le côté prog), Elephant Tree (le groove) et Pink Floyd (la grâce et l’audace). Au-delà du name-dropping, « Chaotic Divine » a ce quelque chose d’insaisissable qui le rend addictif. Serait-ce l’usage subliminal de saxo ? Des morceaux aussi musclés que cosmiques, aussi percutants qu’apaisants ? Le chaos divin n’est certes pas à la portée de tous, mais les curieux en puissance y verront le salut.


LE TOP 5 DE SYLVAIN GOLVET

  1. AL-QASAR « Miraj » (The Arabian Fuzz)

Pour la bamboche, c’est ici que ça se passe ! Al-Qasar c’est Thomas Bellier de Blaak Heat qui concrétise ses obsessions musicales avec ce disque en arabe qui marie parfaitement l’oud avec les guitares fuzzy-surf. C’est absolument irrésistible pour les hanches.

2. SLIFT « UMMON » (Vicious Circle Records)

Sans les avoir trop vu venir, le trio frenchie Slift nous a propulsé aux confins du cosmos avec son album à la pochette sublime signée Caza. Soixante-douze minutes de voyage (répété au centuple) au sein de lSS, l’Intersideral Stoner Ship. On se tient maintenant prêt pour le décollage en live.

3. HUMAN IMPACT « Human impact (Ipecac Recordings)

La bande-son de la désormais fameuse année 2020. Question tensions et angoisses, on était déjà bien servi, mais Chris Spencer (d’Unsane) et ses acolytes en remettent une belle couche avec ce premier album parfait pour sonoriser notre civilisation malade. Bonus actu : le groupe a même enregistré d’autres titres pendant le confinement, dont un sur le virus.

4. KING GIZZARD & THE LIZARD WIZARD « K.G. » (Flightless)

Enregistré en confinement et plus ou moins à distance, ce seizième opus des Australiens sonne pourtant vivant comme jamais, et complète à merveille leur « Flying Microtonal Banana » de 2017, entre guitares microtonales et tempos bourrés de contretemps, sans jamais perdre de vue le fun. En témoigne le tube « Intrasport », une sorte de « Toxic » psyché oriental (oui oui, je parle du titre de Britney).

5. ELEPHANT TREE « Habits » (Holy Roar Records)

Je n’en attendais rien et pourtant j’ai été soufflé par le niveau pris par Elephant Tree avec cet opus, dans lequel ils réussissent tout avec un talent qui paraît sans effort et un dosage délicat d’ingrédients divers venant du doom, du shoegaze, de la folk, etc. Excellent cru. 

Bonus grosses rotations : Hey Colossus, Deftones, Frankie and the Witch Fingers, Mr. Bungle, Motorpsycho, Coriky, Run The Jewels, Elder, Oranssi Pazuzu, Division of Laura Lee, Lord Buffalo, Lowrider, Yuri Gagarin…


LE TOP 5 DE LORD PIERRO

  1. LOWRIDER « Refractions » (Blues Funeral Recordings)

Jamais un groupe n’avait été autant attendu pour son deuxième album, vingt ans après le premier, devenu culte. Mais « Refractions » a fait plus que répondre aux attentes, il les a pulvérisés, renvoyant à leurs études tous les groupes ayant pondu des ersatz de stoner ces dernières années. Plus qu’un retour de qualité, Lowrider nous offre un plaisir sonore digne d’un orgasme à répétition, qui ne s’arrête pas à la fin de l’album et perdurera dans l’air encore longtemps. Album de l’année, de très loin.

2. ROSY FINCH « Scarlet » (Spinda Records)

Il n’y a pas meilleur signe de qualité d’un bon album que de l’écouter plusieurs fois par semaine, quasiment neuf mois après sa sortie. « Scarlet » est toujours dans ma heavy rotation, le plaisir de prendre ses décharges sonores ne se tarit pas, bien au contraire ! La voix envoutante de Mirei sublime les riffs acérés, parcourant l’échine comme une lame de couteau et provoquant cette montée d’adrénaline ambiguë, entre tension et plaisir. En attendant la suite, replongez dans le bain (de sang) avec Rosy Finch.

3. -(16)- « Dream Squasher » (Relapse Records)

Plus maudit tu meurs. Jamais épargné par les coups du sort, entre tragédies et changements de line-up à répétition, c’est au moment où les californiens sortent leur meilleur album de toute leur carrière que frappe cette putain de pandémie. Passé inaperçu, « Dream Squasher » est pourtant une tuerie d’un bout à l’autre, perpétuant son sludge à travers des morceaux variant les rythmes et les constructions (du rentre dedans « Spanish Fly » au planant « Sadlands »), superbe écriture et résultat magnifique, comme l’artwork. Ecraseur de rêves mais pas d’espoirs.

4. HUMAN IMPACT « Human Impact » (Ipecac Recordings)

Tel un augure annonçant la fin du monde, Chris Spencer et sa bande new yorkaise ayant fini d’enterrer Unsane, voilà que sort « Human Impact » début mars. S’il fallait un album accompagnant la fin du monde d’avant, celui-là sortait à point nommé. Si près et si loin des groupes précédents de chacun des membres, Human Impact n’abandonne pas la férocité et propose lourdeur, groove et noirceur, parfois à la limite du malsain, se mariant bien avec du Killing Joke. Unsane est mort, vive Human Impact.

5. ILS « Curse » (S/R)

L’Oregon, c’est comme la Bretagne ou la Normandie : c’est tout vert parce qu’il flotte tout le temps. Mais l’autre particularité de cette région à part être paumée, c’est son incroyable vivier musical. Cette fois c’est le quatuor ILS qui sort de l’ombre, avec une caisse de grenades sonores à vous faire saigner les oreilles. Noise, sludge, bourrin, dérangeant, « Curse » est digne d’un fléau qui s’abat sur vos enceintes et ne vous laissera pas indemne.


LE TOP 5 DE YANNICK K.

1. LOWRIDER « Refractions » (Blues Funeral Recordings)

Pour ceux pour qui Lowrider reste le meilleur clone de Kyuss, cet album n’est qu’un agglomérat de gimmicks stoner poussé à son paroxysme. Laissons ces pisse-froid en 2000. Low fuckin’ Rider vient de nous pondre le parangon stoner pour les vingt prochaines années. Guitares intersidérales, grooves pachydermiques, cavalcades heavy, fuzz volcanique, voix chaude comme un vent du désert… Absolument TOUT ici sonne à la perfection. Un groupe suédois avait choisi de s’appeler « Demon Cleaner » en référence à Kyuss. Je vous parie qu’un groupe se nommera bientôt « Pipe Rider », tant cet album est P.A.R.F.A.I.T.

2. SLIFT « Ummon » (Vicious Circle)

Des gonzes qui font appel à Philippe Caza pour illustrer leur pochette ne peuvent qu’avoir bon goût. À juste titre. Ce disque, c’est une certaine vision des seventies. Celle des « Humanos », où les bulles faisaient autant de bruit que les guitares, où les illustrations étaient aussi acides que les buvards d’Hawkwind. Pas besoin de ressortir vos vieux « Metal Hurlant », ce « Ummon » de l’aéronef Slift est un trip épico-cosmique en rase motte au-dessus des mers de lave de Venus vers Filodendra, la planète-capitale où tout n’est que luxe, calme et volupté.

3. PATRÓN « Patrón » (Klonosphere)

Lo, le (vrai) patron est de retour. Aidé de son acolyte Alain Johannes, notre desert crooner, langoureux et provocateur, met son organe absolument irrésistible au profit de tubes discoïdes, habillés de cuir et de latex, aussi râpeux que sexy. L’ensemble sonne comme si Iggy, délaissant Bowie pour Josh Homme, avait enregistré « The Idiot », non pas à Berlin mais sur le Strip. Suave, brûlant et robotique à la fois.

4. ELEPHANT TREE “Habits” (Holy Roar Records)

« Celui qui ne sait pas d’où il vient ne peut savoir où il va car il ne sait pas où il est ». Cette formule devrait être écrite au-dessus de chaque entrée de studio, à destination de groupes en quête de renouveau. Fermement enraciné dans le doom du Sabbath et le psyché du Floyd, Elephant Tree nous gratifie d’un album avant-gardiste qui ne regarde surtout pas dans le rétroviseur des seventies. Intelligents, jamais prétentieux, ces architectes maitrisent leur géographie musicale et effacent à leur façon les frontières des genres dans lesquels ils s’aventurent.

5. LORD BUFFALO “Tohu Wa Bohu” (Blues Funeral Recordings)

Le Tohu Wa Bohu est un terme hébraïque pour désigner « la matière première » nécessaire à la création. Un pré-univers inhospitalier pour générer le big bang, à l’origine de tout. En cela, Lord Buffalo construit un édifice de claviers martelés et triturés, de guitares qui ululent et de violons grinçants qui déchirent le vide. Mais de ce chaos organisé, se dégage une beauté insoupçonnée, sombre et cafardeuse. Et c’est Daniel Pruit, son mystique chanteur qui en est le révélateur. Lorsqu’il chante, la beauté du monde apparaît.

Aux portes du top : Stonebirds « Collapse and Fail », Kind « Mental Nudge », Demonic Death Judge « The Trail ».


LE TOP 5 DE MATT

1. KVELERTAK « Splid » (Rise Records)

Un album attendu au tournant par tous les fans du combo Norvégien dont je fais évidemment partie. Nouveau chanteur, nouveau batteur, retour de Kurt Ballou à la production et des guests de renoms (Coucou Troy Sanders). Finalement l’album est hyper efficace, catchy, s’aventure dans des territoires punk ou hard rock de fort belle manière tout cela sans virer pop, je valide !

2. ALL THEM WITCHES « Nothing as the Ideal » (New West Records)

Un autre album très attendu, All Them Witches en formule trio, ça vaut quoi ? Et bien pour moi c’est une réussite totale. Là où pouvait craindre que le groupe perde ses repères, les trois musiciens nous proposent un album à la fois plus psychédélique mais aussi plus bourrin que leurs productions récentes. Un côté stoner 70’s qu’on ne soupçonnait plus chez les Tennessiens et surtout un guitariste qui profite de l’espace libéré par l’absence de claviers. Un must !

3. PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS PIGS « Viscerals » (Rocket Recordings)

À la fois coup de cœur et découverte de l’année, voici un album et un groupe hors du commun à la proposition artistique forte, assumée et sans concession. On aime ou on déteste mais pour moi c’est un grand album que les britanniques nous ont pondu, de ceux qui définissent une discographie, rien que ça !

4. MONDO GENERATOR « Fuck it! » (Heavy Psych Sounds)

Il fallait bien un album plus punk dans le lot et le voici. Encore un album attendu depuis des lustres (7 ans depuis Hell Comes To Your Heart!) et ce n’est clairement pas une déception. Violent, fun, inspiré, rugueux l’album ne manque pas de qualités et de charme. S’il manque peut être de plus de hits ou de titres emblématiques, ça n’en demeure pas moins une production de haute volée pour la bande à Nick.

5. THE ATOMIC BITCHWAX « Scorpio » (Tee Pee Records)

J’ai toujours eu un faible pour le rock n’roll décomplexé, technique et décalé d’Atomic Bitchwax et si ce nouvel album ne m’avait pas particulièrement marqué à sa sortie, il s’est vite imposé comme l’un des albums que j’ai le plus écouté en 2020. La recette est simple et efficace, l’arrivée de Garett Sweeny à la guitare et au chant est très réussi, bref, si vous cherchez à passer un bon moment sans prises de tête, jette vous sur Scorpio. 

Last modified: 22 mars 2021