1000MODS c’est un peu le groupe fétiche. Un secret que l’on garde bien caché, la carte joker lorsqu’il s’agit de placer un groupe heavy qui dépote et qui met tout le monde d’accord. Reconnus pour leurs prestations scéniques à vous briser la nuque, le potard à 11, les Grecs ont mis à genoux bon nombre de festivaliers chez eux, mais aussi un peu partout en Europe. Ceux qui ont assisté à leur prestation au Hellfest en 2018 ne diront pas le contraire. Alors oui, 1000MODS sont les chouchous de la scène et, tout masos que nous sommes, on espère à nouveau se voir gifler comme nous l’avions été lors de la sortie de « Repeated Exposure to… ». Pour cette suite, il fallait donc voir les choses en grand : faire passer un message au sujet de cette jeunesse qui les a soutenus et adulés (revoir le docu « Greek Rock Revolution » pour comprendre le phénomène) et le faire passer au plus grand nombre.
Le premier message assez évident (et assumé), serait de rendre hommage aux héros de leur jeunesse. Album enregistré et mixé à Seattle dans plusieurs studios mythiques de la scène grunge, produit par Matt Bayles (l’homme derrière le son Pearl Jam ou Soundgarden) : cette profusion de moyens et de clins d’oeil en feraient donc l’album le plus « mature » du groupe, dixit la promo. L’enthousiasme du groupe pour le son nineties est tel que l’on se retrouve avec de vrais morceaux de Foo Fighters (« Lucid », l’intro de « Less is more » — à se demander si Dave Grohl n’apparaît pas en studio tant la voix de Dani est méconnaissable), d’un Nirvana peu inspiré (« Blister ») ou d’un Alice in Chains en fin de course (« Young »). À suivre la logique de 1000MODS, la maturité artistique serait de reproduire — à l’identique — ces artistes chéris pendant leur jeunesse. Mais ici, c’est bien plus qu’un hommage appuyé : c’est du mimétisme. Et à ce stade, je vous renvoie à l’original, le reste étant par définition inutile. Le message se transforme ainsi en une question : pourquoi ? Qui a envie d’écouter un réchauffé de Foo Fighters en 2020 ?
Si nous évacuons ces titres, subsistent alors quelques morceaux où l’ADN 1000MODS n’a pas complètement été altéré, et qui restent lourds et groovy (« So Many Days », « Warped ») voire psychédéliques (« Dear Herculin »). Hélas, ces éclats d’identité sont trop rares dans un ensemble où l’on se perd entre imitation et manque de fougue. L’année dernière, leurs compatriotes de Planet Of Zeus avait eux aussi succombé au même exercice « Best of Heavy », mais l’avaient exécuté avec une telle ardeur que le manque d’originalité en devenait excusable. Pour le second message, celui au sujet de cette fameuse jeunesse, je cherche encore. D’un groupe comme 1000MODS on est en droit d’attendre beaucoup mieux que seulement quatre titres qui sortent du lot, certes bien produits, mais sans grande originalité et verve. Dommage, pour le coup, c’est plutôt « Youth of Descent ».
ARTISTE : 1000mods
ALBUM: « Youth Of Dissent »
LABEL : Ouga Booga & The mighty Oug
DATE DE SORTIE : 24 avril 2020
GENRE : Heavy rock / Rock FM
MORE : Facebook / Bandcamp
Last modified: 26 avril 2020