ELDER renait au travers de son cinquième album-épopée : « Omens ».

Written by À la une, Chronique

Dès les premières minutes, ELDER prend le temps de nous dévoiler le contenu de l’album à venir : nappes de clavier tournoyantes, gros riff précis et puissant à la fois, touches de synthé synthétiques et spatiales. Puis survient un couplet sûr de son riff, avec la voix de Nick DiSalvo plus assumée et mise en avant qu’auparavant. Prog ? Oui. Rock : assurément.

On embarque dans « Omens » par son morceau-titre et le voyage ne marquera pas l’arrêt de sitôt. Sur cinq titres-épopées, le quatuor parcourt toutes les strates de l’atmosphère avec une fluidité qui impressionne encore, du groove le plus terrien aux instants les plus éthérés, de l’introspection à la rêverie. Le plus fort : alors que la richesse sonore pourrait s’accompagner d’une certaine lourdeur, le tout est ici délivré avec une fraîcheur étonnante.

ELDER a ceci d’unique qu’il réussit même par une formule reconnaissable à ne jamais se répéter d’album en album. L’horizon sonore retenu ici lorgne aussi bien du côté du stoner que du prog comme auparavant, mais avec une direction plus « indie », un son rock plus direct, beaucoup de mélodie et une voix en avant. L’accent se porte encore plus franchement sur le duo de guitares ciselées Nick DiSalvo-Michael Risberg, toujours plus intriquées. L’approche du mix est précise et directe, pourtant, le nombre de sonorités de claviers et de guitares au sein d’un même morceau laisse pantois, nécessitant de nombreuses écoutes pour en détailler les subtilités. Surtout, contrairement au destin de beaucoup de groupes, la direction plus rock et « mature » ne s’apparente pas à un lissage ou une perte de puissance sonore. Non, la maturité du groupe est bien dans le dosage et la dynamique de tous ses éléments constitutifs.

Le titre « In Procession » se développe sur cinq minutes de plus en plus incisives jusqu’à un solo explosif, pour se teinter ensuite d’une mélancolie nouvelle, délivrée avec une légèreté et une délicatesse qui ravit. Pièce centrale de treize minutes, « Halcyon » démarre par une atmosphère assombrie, où des vagues discrètes de guitares et d’orgue se mêlent à une boucle de synthé hypnotique. Là-dessus émerge un de ces riffs mastodontes dont le groupe a le secret. « Embers » hérite lui du rôle de single, avec son approche plus directe. Mais pas directe comme pouvait l’être certains titres de « Dead Roots Stirring » : c’est presque un autre ELDER qui apparaît ici, lorgnant vers l’indie rock, en ne se refusant pas de laisser quelques vieux fans sur le carreau. Pour finir, « One Light Retreating » vient récolter les graines semées dans tout l’album pour une clôture sous forme de bilan.

Sûrs de leur démarche, Nick DiSalvo et sa bande posent leurs nombreuses nappes mélodiques sur ce canevas qui ne semble jamais surchargé ou surcouché. Ils explorent bille en tête toutes les possibilités qui leur sont offertes et oublient toute notion de « fan service », qu’ils laissent à ces quelques dizaines de groupes qui tentent annuellement de saisir une formule qui n’a pourtant jamais été coulée dans le marbre. Marbre que l’on retrouve pourtant sur cette pochette, et qui représente parfaitement cette démarche : laissons le temps et la nature prendre ses droits sur les idoles figées qui finiront forcément détruites un jour. Elder is younger.

ARTISTE : Elder
ALBUM : « Omens »
DATE DE SORTIE : 24 avril 2020
LABEL : Stickman Records / Armageddon Shop
GENRE : Heavy rock progressif
MORE : Facebook / Bandcamp 

Last modified: 26 avril 2020