Vingt ans après, LOWRIDER livre le nouvel album référence du Stoner Rock avec « Refractions ».

Written by À la une, Chronique

(Par Yannick K.) Ça y est. Il est là. Le second album de Lowrider. Dire que cet album était attendu est un doux euphémisme… Car l’énervement fut invraisemblable à l’époque. En 2000, quatre adolescents suédois avaient décidés de balancer « Ode to Io » dont la filiation avec les dieux de Palm Desert leur ont valu « le prix du plus convaincant clone de Kyuss », dixit Kerrang. Qu’importe, en un album, ces jeunes branleurs avaient ouvert la voie pour toute une génération de groupes accroc à la fuzz en Europe.

Et depuis, plus rien. Ou si peu. Quelques annonces, des apparitions telles des manifestations divines, un album en préparation — souvent annoncé, maintes fois reporté  —  provoquant le fiel des fans, le dédain des plus pressés. Groupe à jamais culte pour certains, imposteurs pour d’autres, l’arlésienne du second album avait définitivement relégué la sortie de ce « Refractions » au rang de « Chinese Democracy » du Stoner.

Implacable dès « Red River », le Galaxy Express LOWRIDER se met en marche pour filer tout droit en orbite sur les anneaux de Saturne ; votre visage éraillé par l’allure supersonique de la locomotive, votre cerveau complètement grillé par la fuzz. Propulsé dans l’hyperespace en seulement six morceaux concis mais définitifs, on se demande bien ce qu’il vient de se passer ! Grooves pachydermiques (« Ol’Mule Pepe), guitares intersidérales (« Sernanders Krog), fuzz volcanique à tous les étages, claviers en fusion (« Ode to Ganymede »), chant éblouissant et brûlant comme des éruptions solaires, Lowrider dispense la recette définitive pour nous désintégrer les neurones, comme la virginité un soir de sur-boom. C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes et les Paul Bocuse du Stoner rappellent que le véhicule du (bon) goût, c’est ce putain de GRAS.

Avec un son énorme et cosmique, « Refractions » est habité par la classe de Peder Bergstand, opposant à l’urgence et l’impétuosité d’ « Ode to Io » de leur jeunesse, des compositions empruntes de nostalgie, acceptant leur histoire, sans être passéiste (« Give me something new, Something that feels true, Refractions of a view, Fragments from our youth » Pipe Rider).

Non content de faire un sacré pied de nez à leur détracteurs, Lowrider vient de signer avec « Refractions » l’un des disques essentiels définissant le Stoner pour les années (vingt ans ?) à venir. Tout comme un autre groupe avant eux. Instant Classic.


(Par Lord Pierro) Après avoir été les légataires universels de la succession de Kyuss suite à leur disparition, les suédois, certainement sous la pression d’héritiers écartés sans vergogne mais à raison, avaient disparus sans donner signe de vie pendant près d’une génération.

Aujourd’hui, après deux décennies de décrépitude d’un genre à bout de souffle, se parodiant à n’en plus finir et au bord de l’overdose sur le trottoir dégueulasse du fuzz, l’espoir d’écouter à nouveau un grand album de stoner s’amenuisait au fil des sorties. Pourtant, depuis la première écoute, une chose est certaine : « Refractions » est le meilleur album de Stoner jamais sorti au cours de ces vingt putains de dernières années.

Alors que « Ode to Io » était l’œuvre d’une bande de puceaux épris d’amour pour leurs idoles et une éjaculation sonore qui en a mis plein la tronche de nombre de « stoners », cet album a pourtant marqué au fer rouge une scène entière qui aura du mal à accepter que LOWRIDER ont tué le game sur un tir au buzzer.

Mais Lowrider, tel un boxeur jadis invaincu remettant son titre en jeu, pourrait s’inquiéter de sa condition physique et de sa capacité à tenir sa place dans une époque où il n’a jamais combattu. Sauf que rien ni personne n’est capable de se confronter à ces musiciens hors du commun. « Refractions » n’offre rien de moins que la parfaite définition de chaque élément, chaque son, chaque riff, chaque motif, permettant de caractériser dans l’imaginaire commun ce qui représente LE SON Stoner : des rythmiques battant furieusement la poussière aux espaces vertigineux nous emportant dans des envolées psychédéliques, en passant par la sublime performance vocale de Peder Bergstrand, tout, absolument tout dans cet album est joué à la perfection, placé là où on oserait même pas en rêver, créant cette sensation de plénitude comme lorsque l’on a atteint le plus haut sommet et que l’on contemple la beauté des espaces nous entourant à perte de vue.

Lowrider n’est plus un groupe de stoner. Lowrider est une divinité mythologique descendue nous offrir le plus bel orgasme musical que des générations entières vont désormais transmettre, touchées par la grâce, et qui n’auront de cesse de suivre le chemin tracé par les maîtres pour atteindre la dimension inaccessible d’album culte qu’est déjà Refractions.

ARTISTE : Lowrider
ALBUM : « Refractions »
SORTIE : 21 février 2020
LABEL : Blues Funeral Recordings
GENRE : Stoner rock
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Last modified: 18 février 2020