Avec un cru 2014 qui avait pété les scores, on était loin d’imaginer que cette 10ème édition du HELLFEST allait nous retourner le cerveau de la sorte. Un lineup chiadé ? Oui. Un site façon parc à thèmes métal ? Re-oui. Des potes et une ambiance inégalable ? Putain, oui. Comme toujours, la team The Heavy Chronicles aura surtout fait les 400 coups sous la Valley, mais on aura aussi aperçu pas mal d’autres choses assez cool pendant ce week-end de solstice complètement barré. Pour le moment, on vous parle entrée en matière parpaing avec le premier jour, et les perfs de MASTODON, HIGH ON FIRE, ORCHID, THE MIDNIGHT GHOST TRAIN, SAMSARA BLUES EXPERIMENT, entre autres hectolitres de houblon sonore… (PHOTOS : Gaël Mathieu)
Après un jeudi soir chargé en rencontres au sommet pour la team THC – ou quand une bonne partie des acteurs du Fuzz De France décident de prendre l’apéro ensemble, initiative qui va se prolonger sur plus ou moins 72h – la nuit est relativement difficile sur le White Camp. Le saviez-vous ? Le jeudi soir au Hellfest, c’est toujours la grosse orgie car les festivaliers sont encore frais comme des gardons, et qu’une fois que l’apéro est libéré, eh bien n’espérez pas fermer l’oeil avant 7h du matin… Heure de la douche, pour les plus propres d’entre nous. Le vendredi à 10h, je suis donc parmi les toutes premières à entrer sur le site, et découvrir l’incroyable set-up du cru 2015. Déjà que la dernière édition atteignait des sommets avec sa grande roue et toute la déco à la Mad Max, là, l’orga a poussé le délire à fond : rampe de skate, nonosses géants disposés ça et là, deux fois plus de bars, de l’herbe à perte de vue (va-t-elle tenir ?), des Mainstages décorées façon parc à thèmes rock’n’roll, et des Valley, Altar et Temple de la taille d’un hangar à avions. FOU.
Je me dirige d’abord au point presse pour gérer un impératif boulot, ce qui m’empêche de voir les copains lillois GLOWSUN ouvrir la géante Valley. Selon des sources proches, le groupe aurait joué devant un parterre compact de festivaliers, et aurait pris un pied monstre. On ne peut que les croire sur parole. Le temps de prendre nos marques et de récupérer la fameuse carte de paiement Cashless (qui, pour ma part, marchera un peu trop nickel tout le week-end), et on se rue de nouveau vers la Valley pour prendre la première tatane du jour, avec les badass mofos du Kansas : THE MIDNIGHT GHOST TRAIN. Le groupe – découvert pour pas mal d’entre nous au Glad Stone Fest 2013 – fait dans le heavy blues plus gras et lourd qu’un semi-remorque de BBQ ribs. Au premier rang, la fanbase française est au taquet, envoyant toutes ses bonnes vibes au trio, lui-aussi déchainé. C’est très possiblement la plus grosse foule devant laquelle le groupe ait jamais joué, pourtant ils ne montrent pas une once d’hésitation, dominant à 200% l’espace, faisant de la scène leur bac à sable du Heavy. Le son est absolument monstrueux, et il se peut même que la faille de San Andreas se soit réouverte pendant ces trente minutes de fuzz bourrin au possible. The Midnight Ghost Bulldozer ? Fuck yeah.
S’en suit un de mes combos allemands favoris : SAMSARA BLUES EXPERIMENT. En trio depuis maintenant un an (le deuxième guitariste Hans Bob étant désormais bassiste attitré), le groupe arrive toujours à recréer cet univers sonore incroyablement hypnotique, et tout spécialement aujourd’hui, grâce à un son assez royal. Samsara, c’est bien plus que du heavy blues psyché, ou peu importe comment vous l’appelez : le truc vous transporte loin, très loin. Dans les premiers rangs, tout le monde a les yeux fermés et le sourire en coin… sauf UN MEC. Le mec, un vieux punk complètement arraché, a juste décidé que la Valley pendant Samsara serait LE spot idéal pour taper une séance de jonglage improvisée. L’odeur aidant, un périmètre de sécurité se forme spontanément autour de lui, chacun essayant de reprendre le cours de cette session psyché de haute volée. Bref, en quatre morceaux – dont un « Center Of The Sun » qui m’arrache quelques larmes – le trio allemand emballe les plus adeptes d’entre nous, et laisse les autres avec la sensation d’avoir passé un bon moment riffique, quoiqu’un peu trop perché pour 13h un vendredi de Hellfest. Hey, on n’est pas tous tombé dedans quand on était petits !
Une pause s’impose, ainsi qu’un rapide et indispensable achat de couvre-chef à l’Extrême Market. Le soleil tape sur Clisson, et grâce à la pelouse de l’Enfer, la poussière omniprésente de l’année dernière n’est qu’un lointain souvenir. ORCHI(IIIIIIIIII)D sont les suivants sous la Valley. Le combo ricain (que j’ai toujours cru suédois… sûrement la blondeur) démarre avec quelques aléas côté son, entre une voix sous-mixée et une batterie qui sonne comme celle de Lars Ulrich sur St Anger. Très vite, tout rentre dans l’ordre, et là : grosse attaque de swagger à l’américaine. Leur hard rock 70’s dopé à la testostérone (et pompé et re-pompé 1000 fois sur Sabbath) fait 80% du taf, tandis que la classe naturelle des mecs fait le reste. Théo Mindell et ses vêtements trop petits ont d’ailleurs toute l’attention d’un premier rang presque intégralement féminin (au passage, big up à la fangirl italienne qui m’a détruit le tympan droit pendant tout le concert). En quarante minutes, les Californiens balayent le meilleur de leur discographie, et nous payent même un ou deux morceaux du prochain album, « Sign Of The Witch ». LA patate vintage du week-end !
Bon maintenant, finies les conneries. HIGH ON FIRE. Dans la Valley. Oh oui, parfait. Je réussis à me glisser tout devant pour prendre la bûche de Matt Pike en pleine tronche (je sais, c’est saaaaale), et spotte au même moment un certain rouquin du nom de Brent Hinds en coulisses, qui se la donnera gentiment en air guitar pendant le concert. Il n’est que 17h30, mais le parpaing méga-métal avec lequel Matthieu « Fat Mike » Piquet va nous labourer les tympans est proche d’être un des moments les plus Heavy du week-end. Peu familière de la disco du groupe, je me laisse simplement écraser par la brutalité sans pareil du trio d’Oakland, ou comme dirait mon collègue de Caught By The Fuzz : High On Fire ou « la bûcherie chevaline ». Je ressors de la Valley sans nuque, sans voix, sans muscles… Et donc plus que disposée pour un rafraichissement au bar ! Faites chauffer la Cashless !
L’apéro avec les collègues médias/orgas fuzz prenant une tournure totalement décomplexée au corner presse, c’est depuis les écrans que je vois un Lemmy à moitié empaillé enclencher le show de MOTÖRHEAD. C’est tellement triste de le voir complètement amorphe avec un groupe qui en chie presque autant que lui, que je préfère éviter les écrans le temps du set, histoire d’éviter la déprime.
Après multiples pintes et Jägerbombs, nous nous dirigeons tous d’un pas décidé vers la Valley pour voir ceux qui méritent vraiment le titre de Bûcherons en Chef du Hellfest : MASTODON. Pour les avoir vus deux ou trois fois en salle comme en festoche, et toujours dans des conditions proches de la bouillie sonore, je n’ai que très peu d’attentes pour le show qui va suivre. La chance me place une fois de plus au premier rang, entourée de potes chauds comme la braise. Spoiler alert : ce ne sont plus de simples bûcherons du heavy qui vont nous faire face ce soir, mais bien de véritables putain de dieux du live.
Avec un set axé sur le dernier album, les quatre terribles d’Atlanta font preuve d’une technique, d’un son, et d’un présence carrément ahurissante. Moi qui arrivais en mode « mouais, cool », je finis avec la moitié des fusibles fondus, et ce n’est pas uniquement dû au fait que Troy Sanders m’ait fixé de son regard de loup à deux reprises (ou comment réveiller d’un coup la fangirl qui sommeille en chacune d’entre nous). À moitié set, les choses deviennent putain de sérieuses, avec des morceaux comme « Aqua Dementia », « Bladecatcher », et un final sur le oufissime « Crystal Skull ». Quoiqu’il en coûte, la performance instrumentale et vocale est béton de A à Z, avec une grosse mention pour l’homme-pieuvre Brann Dailor, qui reste LE meilleur batteur/vocaliste du métal, point barre. Voilà comment on se fait corriger par MASTODON, façon fessée sludge métal assénée à coups de pelle, cul nu au milieu de la forêt !
La soirée se termine, comme toujours au Hellfest, n’importe comment : entre un apéro salé avec des membres de Mos Generator en vadrouille, et une conclusion sur fond de batucada improvisée au Metal Corner… La nuit sera courte, mais bon saaaaang, qu’est-ce qu’on est heureux d’être là !
LIRE LE REPORT DU SAMEDI ET DIMANCHE
Last modified: 4 octobre 2016