Cette soirée Stoned Gatherings est une hydre à 3 têtes. La première est norvégienne, vient dispenser un doom bien lourd et répond au nom de TOMBSTONES. La deuxième est française et est inscrite dans l’ADN des SG, elle revient pour la release party de son nouvel album bien dark psyché et se nomme ABRAHMA. La troisième vient pour la première fois de Fargo, Dakota du Nord pour nous faire profiter de son stoner à vent chaud de l’EGYPT… (PHOTOS & TEXTE : Sylvain Golvet)
On attaque la première tête et c’est déjà le déluge de sons lourds. Déroulant une atmosphère pesante, TOMBSTONES donne dans le doom monolithique infusé de Conan et de Sleep. Il surnage heureusement quelques solos bluesy plus clairs et donnant un peu d’espace au son roulant et sale, sans quoi on approchait de la suffocation. Le tout mériterait d’être un poil plus dégrossi et personnalisé (à l’image de ses modèles) mais c’est bien sauvé par une batterie qui tape juste et clair.
C’est la troisième fois que je vois ABRAHMA en live, et je dois dire que les bougres ont fait de beaux progrès. Leur nouvel album Reflections In The Bowels Of A Bird le confirmait déjà et mérite grandement l’écoute. Car Abrahma n’aime pas la simplicité, ce qui a pu lui jouer des tours, car délivrer un tel son et de telles structures complexes et amples en live peut se révéler piégeux sans une certaine maturation. Ce soir, clairement, Abrahma est maître de ses moyens. Le show démarre doucement mais sûrement dans l’idée de faire un set à la narration dynamique et progressive. La lourdeur est là et les morceaux prennent vie devant un public transporté petit à petit, si on en croit les applaudissements de plus en plus nourris. Un succès aidé notamment par un gros travail de textures sonores. Les membres d’Abrahma sont des amoureux du son, en atteste les nombreuses pédales sur lesquelles ils se branchent, et ça se traduit notamment par une guitare lead toujours pertinente, délivrant régulièrement des expérimentations très payantes à base de stridences et de feedbacks toujours bien placés. Tout ça bénéficie à des morceaux récents qui ont aussi illustré une progression en terme d’écriture par rapport à l’album précédent, et auxquels on accroche plus facilement.
On quitte les terres sombres et complexes d’Abrahma pour le désert d’EGYPT, où là le maître mot est simplicité. Il existe de nombreux groupes où ce mot est synonyme de manque d’intérêt, mais pour un groupe comme Egypt il s’agit plutôt d’honnêteté et d’authenticité, composantes essentielles du style stoner blues, en témoigne Clutch, Wo-Fat ou The Midnight Ghost Train. On a là trois gars du Midwest au look on ne peut plus banal, et qui ont décidé de revisiter les codes du blues et de le faire bien, sans chercher à tout prix l’originalité mais plutôt l’amour du travail bien fait. Cela se traduit par une dose de stoner classique qui fait bouger les têtes du Glazart dans des rythmes connus de tout le monde.
Le trio manque peut-être encore du charisme des groupes précédemment cités mais ils sont encore relativement jeunes et l’on ne doute pas que les années leur seront bénéfiques. Dommage que le batteur se fasse discret, ne remplisse pas plus les espaces laissés par ses camarades, et reste sur des rythmiques un poil trop fades. Mais l’essentiel est assuré dans la première partie du set : c’est lourd et bluesy, on regrette juste qu’au premier rang le mix ne compense pas trop la mise en avant de la guitare, qui mange un peu la basse et surtout le chant. Heureusement, la deuxième partie de set vient augmenter les bonnes dispositions de la première par des jams plus présents et des dynamiques bienvenues. On bascule par moment dans le pur style blues psyché anglais des 60’s, où Aaron Esterby peut faire entendre un jeu de basse habile. La famille du stoner parisien et conquise, c’est typiquement le genre de groupe et de set qui laisse un sourire aux lèvres et du baume au cœur, et l’on se fera un plaisir de les revoir à l’avenir.
Last modified: 25 août 2015