DESERTFEST Londres, on est en plein dedans ! Après un vendredi intense en headbang et en découvertes, plus un paquet de rencontres incroyables, c’est avec le corps endolori que j’entame ce deuxième jour du festival. Une véritable course contre la montre, où performances de groupes cultes chevauchent une poignée d’interviews passionnantes et de séances photos improvisées dans la rue… Encore une fois, des choix cornéliens ont du être fait, on est sûrement passé à côté de belles choses, mais aucun regret. Laissez-vous porter par l’ambiance Desertfest et ne regrettez jamais aucun de vos actes (sauf peut-être le fait d’avoir manqué ce festival). Report complet de ce deuxième jour avec GURT, LOWRIDER, DOZER et UNIDA. Oh, et STEAK et HOUSE OF BROKEN PROMISES en guests. (Photos : Gael Mathieu)
More badass than badass can be : GURT (site web)
J’avais découvert GURT totalement par hasard sur les Internets il y a quelques mois, et avais vraiment kiffé leur sludge couillu et leur humour décalé. Et comme le groupe tourne principalement en Angleterre pour le moment, je me suis dit que ce festival était ma chance de les voir en live cette année. Un réveil brumeux, un english breakfast et deux canettes de Redbull plus tard, j’arrive prête à en découdre à l’Underworld. À côté des groupes que j’ai vu hier, qui sont dans une veine stoner/heavy plutôt cool dans l’ensemble, GURT c’est pas le parpaing dans la tronche, mais carrément tout l’immeuble ! Mon collègue arrivé au milieu du set me glisse « ça poutre » à l’oreille, mais je pousserais même le vice en disant que GURT est la définition même du poutrage : entre leur son lourd, abrasif et groovy, le chant saturé de Gareth Kelly tout droit sorti des limbes, et leur charisme fort d’une putain de simplicité… Y’a de quoi devenir accro. Autour de moi, les corps font le balancier d’avant en arrière. La demi-heure de set passe beaucoup trop vite, mais sympas comme ils sont, les Londoniens nous réservent une petite surprise pour le dernier morceau et font monter sur scène Mark O’Regan, le colosse de Diesel King. Les deux chanteurs se donnent à fond sur « Soapfeast », puis le concert se termine sous une joyeuse ovation. Quelques minutes après, on chope le groupe pour quelques clichés devant la salle, et constatons qu’en plus d’être de sacré zikos, ils sont aussi sacrément cool. Si vous aimez le gras à la Iron Monkey ou Weedeater avec une touche d’agressivité bien sentie, ces mecs sont pour vous.
Après nous être téléportés à l’auberge pour vider nos cartes SD, nous devons aussitôt repartir pour capter les trois quarts du groupe Steak en interview (à lire ici). Encore une fois, nous passons sans nous arrêter devant le Vans Store de Camden où se déroule un concert acoustique d’un des groupes du Desertfest. Je tiens d’ailleurs à saluer cette initiative, c’était vraiment le petit truc en plus qui a fait plaisir à tous les festivaliers. Nous récupérons Steak au Ballroom et partons gaiement nous entretenir au Brew Dog Bar (dont je n’ai toujours pas goûté la bière à 32%). J’adore ces gars, j’adore leur zik et je regrette de les avoir raté la veille au Black Heart (on avait un trio de géants berlinois à prendre en photo dans les ruelles de Camden). Quoiqu’il en soit, si vous aimez le stoner at full speed à la Fu Manchu ou Truckfighters, vous devriez jeter une oreille à leur premier EP « Disastronaught », ainsi qu’à « Corned Beef Colossus » qui sortira le 28 mai. Bonne barbaque, ça. Pas la peine de préciser que j’ai donc manqué le concert de House Of Broken Promises au Ballroom qui, selon les échos de la rue, ont fait très très fort.
Sun devils from the North : LOWRIDER (Facebook)
Quel phénomène étrange que la légende Lowrider… Le groupe suédois a sorti en tout et pour tout un seul album (l’excellent « Ode To Io », à écouter en boucle sur la route) et un split avec Nebula à la fin des années 90, et depuis, silence radio. Lorsque le Desertfest a annoncé leur venue à Londres cette année, les gens sont devenus fous. Il faut dire que la triplette Lowrider/Dozer/Unida dans la même journée, ça fait très mal, dans le genre tornade du désert. D’ailleurs, quand les mecs de Lowrider arrivent sur scène, c’est le changement de température direct. Avec une prestance incroyable, Ola Hellquist, Peder Bergstrand, Niclas Stålfors et Andreas Eriksson imposent le son Lowrider, à base d’un jeu ultra propre et rentre-dedans. Au milieu de la scène et du haut de son mètre 90, on ne peut que remarquer Peder, qui en plus d’être au chant la plus grande partie du temps, et un bassiste au jeu sacrément expressif. Les autres zikos ont presque l’air trop sages à côté, même si ils envoient du très lourd et ont tous le sourire aux lèvres. « Louder ? » nous demandera Peder… Quelques inconscients répondent « yes », mais la majorité d’entre nous souffre déjà d’un excès de basse et de vibrations. Je m’éloigne de la scène pour mieux apprécier leur desert rock de mammouth, et constate que le public du Desertfest reste toujours respectueux des artistes, en gardant la plupart des iPhones, appareils photos… dans leurs poches. Ici, les gens écoutent et apprécient. C’est trop rare pour ne pas être pointé du doigt. Notre premier show au Ballroom est un régal total, ça laisse augurer du bon pour la suite…
Far too loud… : DOZER (MySpace)
Je m’excuse d’avance pour le peu de choses que je vais dire sur la performance de DOZER. Car autant j’apprécie l’énergie monstrueuse du groupe (putain, quelle entrée en scène, ça partait dans tous les sens !), autant je suis à deux doigts de faire une hémorragie interne, tant le son est fort et écrasant, tant les graves sont poussés à fond. La voix de Fredrik Nordin n’est absolument pas mise en valeur, d’abord trop faible, ensuite surmixée… Voilà, je sors de la fosse pour aller écouter le groupe de loin, c’est-à-dire près d’une source d’eau fraîche : le bar. Et comme je me fait plein de nouveaux amis au bar, j’en oublie pratiquement d’ouvrir mes oreilles. Je reconnais juste au loin un ou deux morceaux du split avec Unida, regrettant que Dozer ne soient pas rejoints par ces derniers pour un jam. Mais oui, mea culpa les gars, vraiment. Je vais me rattraper avec Unida, promis.
There’s only one King : UNIDA (Facebook)
S’il y a une chose, une seule que je reprocherais au Ballroom, c’est bien la hauteur de sa scène. Fort avantageuse pour le public, mais absolument pas abordable pour une personne de ma taille qui doit prendre des photos. Ceci étant dit, entrons dans la légende… À ma grande surprise, Unida rentre cash sur scène, et balance la sauce direct. Difficile de se concentrer dans le pit photo tant les morceaux engagés en tête de setlist sont énormes. C’est le quatrième concert du groupe avec Owen Seay à la basse (neveu du guitariste Arthur Seay), pourtant rien ne laisse penser que le groupe compte un petit nouveau dans ses rangs. Tout le groupe à l’air comme à la maison au Ballroom, des sourires sont échangés, et John Garcia ne manque pas de nous glisser quelques mots entre les morceaux… Je n’aurais jamais cru ça possible, mais Unida vient de réussir à me faire chialer avec son incroyable ballade « Last Day ». La performance de Garcia me prend au tripes, et les solos profonds de Seay ne vont pas pour arranger ma détresse lacrymale. 10 minutes où je ne sais plus où me mettre (et ce vigile qui me regarde de façon totalement désemparée…), enfin 20 minutes, puisque les hits « Thorn », « Nervous » et « Human Tornado » n’arrivent même pas à me remettre les idées en place. Juste vous dire que Unida en live est une putain de tempête du désert, ce n’est pas « une image, une expression », c’est LA PUTAIN DE CLAQUE QUE VOUS VOUS PRENEZ EN PLEINE FACE si vous avez la chance de les voir en chair et en os. Devant un Ballroom complètement survolté, rempli de fous furieux (toi, moi, nous) qui ont bien conscience d’être des privilégiés en ce moment précis, le groupe revient pour un ultime rappel sur « Dwarf It » et « Black Woman ». John Garcia nous remercie de les avoir attendus si longtemps, le sourire aux lèvres… Il n’y a aucun doute : il se sent BIEN.
Après le concert, tout le monde se fait dégager du Ballroom par la sécu. Pour le coup, je fais de la résistance, vu que je suis censée interviewer Unida dans la demi-heure qui suit. Après moultes texto et coups de fils croisés, à deux doigts de lâcher l’affaire et de partir en after, on me prévient que le groupe est enfin opé. Je m’entretiens avec Arthur dans une arrière-salle remplie de flycases, puis le bonhomme (une crème) est vite rejoint par son pote d’HOBP Joe Mora. Nous finissons l’interview (à lire ici) par un portrait de tout Unida dans le froid, avec un John Garcia carrément relax et souriant. Je ne remercierai jamais assez Emma de Fifteen Three PR et Reece de Desertscene pour s’être décarcassés comme des bêtes afin que cette rencontre ait lieu. J’apprends d’ailleurs que The Heavy Chronicles est le seul média a avoir pu les choper ce soir, et pour ça je dis « yeepeekai motherfuckers ».
Encore une fois, l’after au Black Heart est super fun et hors-norme. Difficile de se dire que demain c’est le dernier jour, après tout ce que nous venons de vivre. Que ce soit dans l’euphorie ou le speed le plus total, c’est un pur concentré de bonnes choses, de bonnes vibes. Et puis quel pied d’être dans un festival en plein coeur de Londres, et où il n’y a aucun débordement, rien qui fasse qu’à un moment on hausse le sourcil. Tout va comme sur des roulettes, des roulettes, des roulzzzzzz… À demain pour l’apothéose.
COMPTE-RENDUS DES VENDREDI ET DIMANCHE
Last modified: 13 novembre 2013