RWAKE, c’est carrément plus que de la musique : c’est de l’art. Et avec parfois des morceaux durant plus de 10 minutes, on peut dire qu’on a le temps de voir se dessiner de sacrés chef d’oeuvres. Le groupe d’Arkansas a fait un sans-faute avec une discographie qui relevait jusque là du génie, et franchement : ils n’ont rien perdu de leur superbe avec ce 6ème ! Toujours plus impressionnant, toujours plus schizo, « Rest » porte… très mal son nom. Desamorçage d’une bombe.
Pour resituer ceux qui ne connaîtraient pas le groupe, RWAKE est une formation de 5 gars et 1 fille opérant dans le Sud des States, un bled nommé Little Rock dans l’Arkansas pour être précis. Ils font du sludge, du pur sludge comme vous en avez rarement entendu : RWAKE c’est LA mixture améliorée, le Frankeinstein du sludge, le Super Saiyan du côté obscur de la force extrême-obscure. Difficile de traduire toute l’émotion que met ce groupe dans sa musique, c’est juste bluffant. Pour être une sacrée belle confirmation de leur talent, je peux vous assurer que cet album en est une !
Entrée en matière, Souls Of The Sky. Tu vois la pochette ? Tu vois ce vieil arbre à la silhouette sinistre ? Tu aimerais te retrouver dans ce genre de forêt à la Sleepy Hollow ? Non ? Moi non plus. Pourtant ni toi, ni moi n’avons le choix puisque des voix mystiques sont en train de nous entraîner de force dans cet univers inquiétant… Tel un rite initiatique voodoo, l’âme se détache du corps pour errer dans des contrées ou immensité et morosité règnent. It Was Beautiful But Now It’s Sour pose une atmosphère chargée en psychose…et en beauté : les guitares s’emmêlent dans un chant de sirène, la batterie enracine le tout fermement, et les cris schizophrènes (façon reverse tape) de CT nous rappellent que c’est pas une balade de santé, mais bien une thérapie de groupe. On se demande alors comment la violence peut prendre une forme aussi sublime est attirante… Les 11 minutes les plus orgasmiques de tous les temps.
RWAKE reprend forme humaine sur An Invisible Thread, le temps de nous démontrer qu’en plus de faire partie d’une espèce de confédération sudiste des groupes sludge, ils peuvent balayer tout ce spectre musical avec brio : on retrouve le doom et les riffs de génie d’un Crowbar, l’énergie prog d’un Kylesa, l’univers épique d’un Mastodon, le tout emballé et pesé par CT et sa vision très perso de la chose. The Culling se pose lui aussi comme un morceau polymorphe : la première moitié du morceau est instrumentale, mélancolique et aérienne, s’assombrissant au fur et à mesure, pour enfin exploser dès 7 minutes dans un tonnerre de batterie et de hurlements revendicateurs, et se terminer sur un solo et une phase doom animale annonciateurs de fin du monde… La fin du monde est finalement réelle, et l’album atteint son seuil critique avec Was Only A Dream.
Rempli de désillusion, d’incompréhension et d’un esprit mystique plus qu’assumé, « Rest » ne représente en aucun cas le repos du guerrier. La pochette appelle aux explorations oniriques (voire cauchemardesques) dès le premier coup d’oeil et il n’y a bel et bien aucune tromperie sur la marchandise. On se laisse porter (et parfois torturer) au cours de ce long et éprouvant voyage introspectif, et on en ressort plus vivant encore. Encore une oeuvre d’art dépeinte par les 6 poètes de RWAKE, un art méconnu et réservé aux initiés…
ARTISTE : Rwake
ALBUM : « Rest »
Date de sortie : Octobre 2011
Label : Relapse Records
Genre : sludge / doom / prog metal
Notation : ☆☆☆☆
Last modified: 16 octobre 2013