Une conversation hors du temps avec CARLTON MELTON.

Written by Interview

Voilà ce à quoi servent les festivals au final : Sortir de sa zone de confort et découvrir de nouveaux groupes. Toujours et encore. Ceux qui font bouger les corps, nos âmes et la scène. Pour ma part j’ai rencontré Carlton Melton au Desertfest d’Anvers sur une Vulture Stage propice à ce genre de découvertes. Et ces sorciers psychédéliques avaient toute leur place à Anvers avec leurs expérimentations complètement hors du temps et de l’espace. Autant à l’aise sur des fulgurances supraluminiques à travers des trous de vers qu’avec des nappes telles des lambeaux de nuage courant féeriquement au dessus de nos têtes, Carlton Melton est une bacchanale de tout ce qui est psyché. Ayant pu bavarder avec le Melton Magic Karpet où il était autant question de rock choucroute que de tennis, j’étais fermement résolu à les interviewer à mon retour et faire connaitre autant que faire se peut ces californiens aussi passionnant sur sillon qu’en live. Echange avec Rich qui a bien voulu répondre à nos questions.

Vous existez depuis 15 ans maintenant, mais ce n’est que récemment que nous avons eu la chance de vous croiser sur la route. Parle-nous un peu de toi et du groupe.

Rich Millman (guitare & synthés) : Le groupe Carlton Melton s’est formé en 2008. Il est né d’un simple rassemblement d’amis musiciens qui se sont retrouvés pour un week-end d’enregistrement. L’idée était de jouer de la musique rock psychédélique forte et improvisée à l’intérieur du dôme géodésique de notre ami Brian, dans une zone côtière rurale de Point Arena, en Californie. Nous avons tout enregistré sur des magnétophones 4 pistes Tascam. En écoutant, nous nous sommes retrouvés avec des jams sympas et nous avons fini par enregistrer et sortir plusieurs albums depuis le dôme.

Vous êtes récemment devenus un quatuor avec l’arrivée d’Anthony. Quel est son apport au groupe ? Qu’est-ce qui vous semblait manquer avant son arrivée ?

Rich : Je ne pense pas que nous ayons jamais eu l’impression qu’il manquait quelque chose. L’arrivée d’Anthony a été la bienvenue parce que c’est un musicien et une personne extraordinaires et qu’il est facile à vivre. Il a aussi enregistré et joué avec nous dans son home studio 3D Light à Eureka, en Californie, ce qui a donné l’album « Resemble Ensemble »… c’est le début de l’intégration d’Anthony dans Carlton Melton.

« Nous entrons à chaque fois en studio avec le même état d’esprit. Il n’y a rien de planifié, tout est improvisé. On y va en sachant que tout se fera en une seule prise. »

Pourriez-vous citer quelques-uns de vos modèles ? Spaceman 3 et Hawkwind me viennent à l’esprit, mais il y en a sûrement d’autres.

Rich : Andy et moi jouons de la musique et jouons dans des groupes ensemble depuis plus de 30 ans, c’est comme la moitié d’une vie. Il est mon principal modèle et ma principale source d’inspiration, avec mon frère aîné, pour ce que nous jouons avec Carlton Melton. Je pourrais citer des groupes, mais il y en a tellement. Je dirais que tout commence avec Jimi Hendrix.

Il y a aussi un appétit pour tout ce qui concerne le Kraut.

Rich : Oui, absolument. L’utilisation de synthétiseurs et la manipulation d’enregistrements sur cassettes marque certainement cette influence.

Vous oscillez souvent entre un psychédélisme total, des guitares furieuses et des drones aériens. Cela dépend-il de votre humeur avant d’entrer en studio ? Comment conciliez-vous toutes vos envies ?

Rich : Nous entrons en studio avec le même état d’esprit à chaque fois. Il n’y a rien de planifié, tout est improvisé. Rien n’est prémédité. On y va en sachant que c’est « hit it and quit it », c’est à dire que l’on ne fait que des premières prises. Nous savons aussi qu’il est possible que nous n’enregistrions rien que nous trouvions intéressant ou suffisamment bon pour l’éditer. Mais nous avons eu de la chance et chaque enregistrement a été un plaisir pour toutes les personnes impliquées, y compris les studios, que ce soit le dôme géodésique de Brian ou El Studio à San Francisco. Les excellents labels qui publient notre musique nous ont également aidés. Simon et l’équipe d’Agitated Records. Désirée chez Lay Bare Recordings. Mickey chez Broken Clover Records. Blackest Rainbow, God Unknown Records, et bien d’autres…

« J’ai été inspiré par certains des vieux amis avec lesquels nous avons joué en tournée. Sex Swing, Dead Otter, The Cosmic Dead, Dead Sea Apes, Stereocilia, Carpet et Nebula pour n’en citer que quelques uns… »

Nous avons enfin pu vous voir après les restrictions liées à la pandémie de CoVid. Quels souvenirs gardez-vous de votre récente tournée et du Desertfest en particulier ? Des anecdotes en mémoire ?

Rich : Le Desertfest d’Anvers a été incroyable. Il fallait s’y attendre car nous y avions déjà joué en 2015. C’était du haut niveau partout. Nous nous sommes fait de nouveaux amis qui nous ont dit que Carlton Melton avait aidé à ramener l’esprit original du Desertfest Anvers, en Belgique. C’était une leçon d’humilité d’entendre de tels compliments. Glastonbury au King Arthur’s Pub et au Trades Club à Hebden Bridge ont été des moments très mémorables pour moi.

Corrado et Gabrielle de El Borracho bookings ont aidé à organiser la tournée. Ils ont fait un excellent travail. C’était un défi en raison des effets continus de l’économie en Europe après la pandémie. Mais nous avons tous travaillé dur ensemble et cela s’est avéré être un énorme succès. Nous avons également bénéficié de l’aide et du soutien de notre tour manager/chauffeur Eppie Hotz d’Arnhem (PB). Sans lui, rien ne va plus. Nous avons revu tant de vieux amis et nous nous en sommes fait de nouveaux. C’est peut-être vraiment l’un de mes voyages préférés dont je me souvienne. J’aurais aimé qu’il dure plus longtemps.

Assistez-vous souvent aux concerts d’autres groupes ? Vous inspirent-ils ?

Rich : J’ai été inspiré par certains de nos vieux amis des groupes avec lesquels nous avons joué en tournée. Sex Swing, Dead Otter, The Cosmic Dead, Dead Sea Apes, Stereocilia, Carpet et Nebula pour n’en citer que quelques uns… c’est toujours inspirant de voir de vieux amis jouer et continuer comme nous.

Ce qui m’a époustouflé lors de votre concert, c’est la façon dont vous mélangez des ambiances très sombres avec cette pulsation motorik particulière… Cela conduit souvent à aller « au-delà » du mur du son. Vous étiez à la maison au Desert Fest quand vous naviguiez entre doom et psychédélisme.

Rich : Merci. Oui, encore une fois, ce n’est pas prémédité. Nous formons un ensemble de chansons pour la tournée, mais chaque soir, cela devient un mur de son à part entière, comme tu le décris. C’est une bonne description car c’est aussi ce que l’on ressent en jouant.

Je dirais que vos concerts n’ont presque rien à voir avec vos enregistrements. Comment gérez-vous l’improvisation ? Est-ce qu’elle vous mène toujours quelque part ?

Rich : Oui, notre façon d’enregistrer continue à nous mener quelque part, ailleurs. Le live, comme je te le précisais, a son propre cadre dans lequel jouer et qu’il faut dépasser.

Vous venez de sortir un nouvel album intitulé  » Turn To Earth  » et un album live de vos classiques, dirons-nous, et tout cela en 2023, sans parler de l’album « Resemble Ensemble » en début d’année. Avez-vous du retard à rattraper ? Parle nous un peu de vos aspirations et de vos envies pour ces trois sorties.

Rich : 2023 a été une bonne année pour la sortie d’albums. Nous sommes à la fin de l’année 2023 et nous pouvons maintenant rattraper l’année écoulée et nos accomplissements. On a juste le temps de reprendre notre souffle pour regarder vers 2024. Keep it rolling.

Quelle est la prochaine étape pour Carlton Melton ? Avez-vous prévu une nouvelle tournée européenne pour 2024 ? Avec quelques apparitions dans des festivals ?

Rich : Nous avons des enregistrements live très sympas de certains concerts de la tournée européenne de 2023. Nous prévoyons d’assembler quelque chose et peut-être de mélanger des morceaux studio inédits dans un album Melton. Nous espérons revenir pour une nouvelle tournée européenne à l’automne 2024. Ce serait génial.

Retrouvez Carlton Melton sur leur site, Facebook et Instagram. Nouvel album « Mandatory Melton » disponible sur Bandcamp.

Last modified: 23 janvier 2024