La Finlande, cette terre si hostile de par ses conditions climatiques glaciales, longtemps à la merci de l’empire soviétique et ses armes autant militaires qu’idéologiques, est une aberration, ne suivant aucune mode, ni européenne (tant mieux pour eux) ni russe (tant mieux pour eux !), et proposant une façon de vivre ou de faire de la musique qui est totalement en marge de « la norme » voire même un modèle sur certains aspects. Au cœur de ses scènes musicales, des groupes atypiques sortent de temps en temps des putains d’albums qui nous retournent et nous transcendent (rappelez-vous DÖ l’an dernier) et ne demandent qu’à tourner inlassablement sur nos platines. C’est une nouvelle fois le cas de DEMONIC DEATH JUDGE, qui, album après album, peaufine l’excellence de ses compositions tel un forgeron martelant une lame jusqu’à en faire l’œuvre parfaite.
Avec leur quatrième LP « The Trail », DEMONIC DEATH JUDGE ont non seulement conservé leur marque de fabrique, avec ce chant hurlé que certains qualifiaient à leurs débuts de black mais également avec cette rythmique loooooouuuuurrrrrrrrdddddeeeeeeee — que dis-je, écrasante — et ont mis en évidence un ingrédient majeur et grandissant au fil des enregistrements : LE GROOVE. Guitares et batterie copulent en permanence pour enfanter des motifs viscéraux qui pénètrent votre épine dorsale et déclenchent des décharges de plaisir se manifestant par un headbanging permanent et impossible à stopper (« Shapeshifting Serpents » doit être interdit par tous les ostéo et kinés tant il ravage les ossements de tout auditeur).
Pour autant, DEMONIC DEATH JUDGE n’abandonnent pas la complexité de leurs albums antérieurs et ne cèdent pas à la festivité (quoique vu le clip de « Elevation », je me pose encore la question) mais nous gratifient toujours de montées psychédéliques, permettant momentanément à nos cervicales d’espérer un répit, comme sur ce « Flood », où le rythme ralentit, avant que la montée des eaux nous retourne et nous emporte dans un bonheur infini et finisse par reprendre sa vitesse de croisière, tout à fond. Seul l’intermède « Cougar Charmer » permet de vraiment reprendre son souffle et de se préparer à l’assaut final, l’harmonica jouant le suspense parfait avant l’explosion finale, nous conduisant à l’orgasme sonore le plus puissant que DEMONIC DEATH JUDGE aient enregistré.
En Finlande, ça n’est pas le but du voyage qui est important, c’est le chemin. Et celui-ci fait partie des plus beaux que DEMONIC DEATH JUDGE nous a amené à suivre.
ARTISTE : Demonic Death Judge
ALBUM: « The Trail »
LABEL : Suicide Records
DATE DE SORTIE : 27 mars 2020
GENRE : Sludge
MORE : Facebook / Bandcamp / Suicide Records
Last modified: 30 avril 2020