Avouons le, on ne sait pas grand chose de LOW FLYING HAWKS, si ce n’est leur musique et des initiales. AAL et EHA. Et deux trognes. Rien de plus. Sauf que voilà deux EP que le duo s’adjoint une section rythmique en béton armé qui, en fin connoisseur de musique bruitiste, ne vous est pas étrangère. En effet, quant un projet regroupe le bassiste Trevor Dunn (Mr Bungle, Fantomas, Melvins) et le batteur Dale Crover (Melvins, Shrinebuilder, Nirvana) on s’attend forcement à un battage médiatique liée à leur présence. Mérité ou non, c’est ainsi que ma curiosité fût aiguisée.
La musique de LOW FLYING HAWKS est un piège : elle est sournoisement lourde. Ne vous laissez pas berner par la légèreté naïve qui se dégage du titre d’introduction. L’EP est construit autour des dichotomiques « Somewhere Part 1 » et « Somewhere Part 2 » où le groupe s’amuse justement à opposer quiétude mystique avec désespoir Doom fignolé à la chape de plomb. Comme si le groupe s’évertuait à noircir sa psychédélie au khôl doom/sludge.
Mais cette noirceur ne suffit pas. Tout au long des cinq titres, LOW FLYING HAWKS vous fait glisser lentement mais surement vers une insidieuse schizophrénie. Il use toutes sortes d’effets sonores, synthés, voix et overdubs, hallucinations auditives se faisant discrètes la première fois mais se révélant au fur et à mesure des écoutes. En cela, le morceau de clôture « Doors to Nowhere » est un summum de psychédélisme noir ; dense et oppressant, il vous laisse confus et désorienté lorsque la musique s’arrête. Comme si la frontière entre monde réel et folie était, l’espace d’une trentaine de minutes, totalement poreuse. Comme si des spectres anxieux, venaient vous susurrer tout le désespoir du monde.
À ce stade de psyché oppressant et anxiogène, on ne peut que faire un parallèle avec le Floyd. Oui, le Floyd. Celui à Pompéi, décidant de jouer dans l’amphithéâtre de l’ancienne cité romaine, épaté par l’acoustique, la mystique et le silence des lieux. Où il est justement question d’apprécier à leur juste valeur des titres aussi angoissants que « Set the Controls for the Heart of the Sun » ou « Careful With The Axe, Eugene » d’un Roger Waters complètement habité.
Cet « Anxious Ghosts » ce pourrait être ça. Mettre en musique la catastrophe d’une cité florissante et paisible, détruite en quelques heures par l’éruption des entrailles de la Terre, momifiant tout sur son passage, figeant les âmes pris au piège de la colonne de cendres incandescente et où seul subsisterait entre les ruines le souffle de fantômes à jamais meurtris. Cet « Anxious Ghosts » c’est la réponse sludge aux expérimentations angoissantes du Floyd à Pompéi. Ce sont les rues d’une cité psyché envahie par le sludge sonique, magma de riff en plomb pétrifiant l’auditeur entre désarroi et folie.
Méfiez vous du volcan qui sommeille en LOW FLYING HAWKS.
ARTISTE : Low Flying Hawks
ALBUM : « Anxious Ghosts
LABEL : Magnetic Eye Records
Genre : Doom atmosphèrique
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Last modified: 18 août 2019