DESERTFEST BERLIN 2016 Report – Jour 2

Written by Live

Jour 2 au DESERTFEST BERLIN. Un enchaînement quasi-ininterrompu de concerts qui tuent, parvenant à dépasser les attentes suscitées par l’ouverture très solide de la veille. Je n’avais que rarement (voire jamais) vécu 9 heures d’affilée aussi densément remplies de bon son. Danke schoen, Berlin. (PHOTOS : Jens Wassmuth)

Les lève-tôt (14h à Berlin-Est un vendredi, c’est tôt) comme moi rompent leur jeûne musical avec SAMAVAYO, toujours l’un des secrets stoner rock les mieux gardés de Berlin en dépit de nombreux albums et tournées. Il y a de la patate, de la nuance, ainsi qu’un remarquable batteur/choriste – ce que, en tant que batteur médiocre et choriste épouvantable, je me dois de respecter. Tandis que les lumières se rallument, je me demande bien ce qu’il manque à ces gars-là pour vraiment percer. Surtout quand je vois que les WE HUNT BUFFALO, nettement moins originaux à mes yeux, ont signé chez Fuzzorama et suivent Monolord dans leur tournée européenne. Quand même, les Canadiens méritent une mention spéciale pour avoir osé une reprise de Kyuss (« Thumb ») pendant un Desertfest, et c’est une bonne chose que notre musique favorite ait des ambassadeurs au Grand Nord Blanc.

Question originalité, SOMALI YACHT CLUB a largement de quoi rattraper le coup. Mélangeant le stoner avec le psyché, le shoegaze, le reggae et d’autres encore, le trio ukrainien évolue dans un univers musical riche, qui n’appartient qu’à lui. « Si vous voulez danser, c’est le moment. Si vous voulez fumer… aussi. » Le public choisit les deux et embarque pour un délicieux voyage. A la longue, quand on assiste à un festival stoner/doom, les groupes peuvent commencer à se ressembler tous un peu – mais pas ces gars-là. Et certainement pas MONOMYTH, qui s’empare de la grande scène avec une des performances les plus exigeantes, mais aussi gratifiantes qu’il m’ait été donné de voir depuis un moment. Leur groove instrumental fascinant, entraîné par des couches de synthés, progresse pas à pas, touche par touche. Décollage immédiat. Je me détends tellement que… je m’endors pendant un bref moment, ce qui est pour moi un signe que cette musique remplit ses objectifs.

Je m’attends désormais à traverser une légère dépression dans la traversée du festival, mais le line-up se révèle (une fois de plus) d’une qualité remarquablement constante grâce à des groupes locaux de premier choix. THE LORANES, composé notamment de Mammut, l’ancien bassiste de Kadavar, envoie un set robuste avec une ambiance Black Rebel Motorcycle Club qui s’avère – dans ce contexte – très rafraîchissante. COOGANS BLUFF s’invite parmi les plus belles surprises de ce festival grâce à son « petit plus » qui fait la différence, un duo saxo/trompette des plus dynamiques. Guitares et cuivres se passent et se repassent le groove, et chaque musicien a l’occasion de briller.

MONDO DRAG chauffe le public pour Elder, comme ils l’ont fait ces dernières semaines à travers l’Europe. Tous les cinq se serrent sur la petite scène du Foyer, qui ne pourrait en accueillir un seul de plus. Musicalement aussi, ces types-là savent occuper l’espace – avec une mélopée heavy psych arborant, bien souvent, des accents orientaux qui ne sont pas pour me déplaire. Il manque peut-être aux boys du Mississipi un bon refrain ou un riff accrocheur de temps en temps pour tenir le tout, mais cela reste une superbe expérience. Elle place mes oreilles, mon esprit et mon âme pile au bon endroit – pour qu’ils puissent ensuite se faire clouer au sol par la puissance d’ELDER. Un an après avoir sorti un des albums les plus acclamés de 2015 (essayez d’arriver au bout de la liste de leurs supporters sur Bandcamp !), le power trio de Boston ne semble pas avoir l’intention de lever le pied. Ils jouent leur (super) nouveau morceau comme s’ils l’avaient répété toute leur vie, et « Dead Roots Stirring » comme si elle avait été composé la veille. Waow… le point culminant du Desertfest Berlin pour moi.

Je mets un peu de temps à m’en remettre, et reviens pour le déjà culte « Empress Rising » de MONOLORD. La foule n’est plus qu’une mer de nuques à bascule, sa houle parfois brisée par le passage d’un porteur de bières. Au fil des différents breaks du morceau, je réalise que c’est en fait Mikka, à la basse, qui tient le son écrasant de Monolord au bout de ses doigts. Et je pense (comme nous tous) : « vous pouvez jouer ce riff toute la nuit, les gars, ça nous va très bien ! »

En sortant prendre une bouffée d’air frais, je suis comme hypnotisé par une petite musique qui flotte sur le festival. « C’est pas leur meilleure époque », « c’est plus ce que c’était », « 1h15 de ça, c’est une éternité »… Je rejoins, moi aussi, les rangs de la conspiration du ons’en-balance-d’ELECTRIC WIZARD, et profite de la bière et des bonnes conversations offertes par la nuit berlinoise. Saisi d’un doute, je décide quand même de me faire une opinion – et me fais maraver la tronche par le grand final, « Funeralopolis ». Nous serions-nous trompés ? Ça m’apprendra à me fier au bruit qui court…

Et puis, devinez qui vient rôder à la fin de ce buffet de riffs à volonté ? DEATH ALLEY bien sûr ! Parfois, quand on se croit repu(e), quelque chose nous remet en appétit – et on réalise qu’il nous reste encore un peu de place. C’est bel et bien ce qui est en train de se produire. Minuit a déjà sonné et nous voilà repartis pour une heure de rock’n’roll sans concession, dans une Kulturhaus pleine à craquer et chauffée à blanc. Le chanteur n’en croit pas ses yeux (« ce concert est un miracle ! »), et nous non plus.

Ah, quelle journée au Desertfest Berlin ! Une journée que seul un DJ set de Volksradio Moos pouvait conclure en beauté.

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Last modified: 18 mai 2016