Le DESERTFEST. Ce rendez-vous désormais bi-annuel des stoners d’Europe et d’ailleurs, qui revêt presqu’autant que le Hellfest la forme d’une gigantesque colonie de vacances du riff, alors que sa particularité est d’être en indoor. Et c’est donc une fois de plus au fameux Trix d’Anvers que la grande famille du Fuzz a pris ses quartiers pour trois jours de headbang, odyssées spatiales et fun sans limites. Retour sur ce premier jour du Desertfest Belgium, avec en bonus un mini-report rédigé avec soin par le vénérable trio doom Monolord ! (PHOTOS : Sylvain Golvet)
Après une soirée warm-up débridée au Antwerp Music City, où il s’agissait plus de retrouver les copains pas vus depuis le DF Londres que de réellement faire des découvertes musicales, c’est fraiche et dispo que votre serviteuse démarre cette journée du vendredi. Et je ne vais pas vous le cacher : je suis extrêmement excitée. L’idée d’être en conditions de semi-autarcie pendant trois jours, où plus rien n’existe à part le Saint Riff, l’Indispensable Bière et les Potes (et accessoirement, la chambre quatre étoiles du Scandic), c’est le rêve absolu. Et ce rêve prend forme aux alentours de 18h au très cool Trix à la peripherie d’Anvers. Ce sont les rockers grecs PLANET OF ZEUS qui ouvrent le festival sur la Vulture Stage (la plus petite scène, au rez-de chaussée du complexe). Étant occupée à faire un mini-briefing sur les concerts à faire, et à coordonner la rencontre entre un groupe et deux journalistes retardataires pour des interviews, je ne vais pas voir grand chose de leur concert. Mais il paraît que c’était un peu comme si Clutch jouait au pub du coin. Assez sympa, donc.
Le show que j’attendais le plus ardemment en ce premier jour de festoche, n’est autre que celui des nouveaux princes du doom suédois – voire du doom tout court – MONOLORD. Je suis encore au coin presse lorsque je réalise l’heure, et dévale les escaliers pour rejoindre la grande salle « Desert Stage » au rez-de-chaussée. Il ne suffit que de trois (longs) morceaux aux Suédois pour nous briser la nuque dans un orgasme de masse. Le son est dantesque. La présence est là, la conviction aussi. Diantre, qu’ils sont doués pour nous retourner la cervelle.
Pour tout vous dire, je ne m’attendais pas à de telles effusions d’amour venant du public, et plus spécialement quand Thomas V Jäger (chant/gratte) s’approche de la foule en se tenant en équilibre sur la barrière de sécu. Bon ben, on a trouvé le nouveau boys band du doom, hein ! La messe atteint son apogée quand résonne le désormais classique « Empress Rising »… Sérieux les gars, je crois que ce morceau est l’hymne doom des années 2010. Sans mentir. Mais laissons plutôt la parole au groupe lui-même, qui confirmera mes dires avec humilité :
« Ceci est le récit court et compact de 3 mecs quelques heures à peine après le festival, sur la route retour de notre tournée européenne, qui s’est achevée au Desertfest Belgium. Neuf jours de conduite et sept pays plus tard, nous arrivons au Trix légèrement sur les rotules. Mais dès qu’on commence à décharger notre matos, la sympathique et efficace équipe du fest nous accueille chaleureusement. S’ensuivent des balances rondement (et lourdement) menées, et un délicieux catering végétarien dont nous nous empiffrons sereinement. Un accueil comme ça, c’est toujours un plus. Après être revenus d’entre les morts, nous montons sur la Desert Stage. Et quel public. À tous ceux d’entre vous qui étaient là et lisent ces mots : vous êtes fantastiques. Vous avez fait notre soirée. C’est toujours fun d’être sur scène, mais c’est pas tous les soirs qu’on ressent un tel frisson. Ces 45 minutes nous ont paru extrêmement courtes, mais on en a apprécié chaque seconde intensément. Redescendre sur terre après un show comme celui-ci, c’est un peu comme essayer de s’endormir après s’être fait 10 shots d’expresso, donc on décide de faire un tour au stand des mojitos au piment et rencontrons quelques fans chaleureux une fois là-bas. Malheureusement, nous devons partir tôt car un trajet de 14 heures nous attend, trajet que nous faisons au moment où nous écrivons ces mots. Mais les quelques heures que nous avons passées au Desertfest ont été l’un des meilleurs moments de notre tournée Monolord Over Europe. » Esben, Thomas & Mika – MONOLORD
Monter à la Vulture Stage et constater que l’assistance est bien compacte pour nos copains hollandais THE MACHINE, ça fait chaud au coeur. En parlant de chaleur, je ne sais pas si ce sont leur grooves nourris au rhum 20 ans d’âge, ou le fait que le bassiste joue comme à son habitude en chaussettes, mais on oublie très vite qu’on est en plein mois d’octobre, et notre esprit se retrouve projeté quelque part au coeur de Sky Valley, sous un ciel parsemé d’étoiles. Le stoner fiévreux du trio s’insinue dans nos enveloppes charnelles avec subtilité, pour mieux exploser en une effusion de riffs heavy et monstrueusement fuzz et nous rendre jouasse. Very jouasse. Après ça, comment ne pas avoir envie de rejoindre les trois larrons pour partager une bière ? Hein ? (Bon ok, en fait c’était planifié depuis le début).
C’est donc pour profiter d’une courte mais intense pause que je descends dans les jardins du Trix (autrement rebaptisés « Food Corner »), et retrouve en un clin d’oeil les collègues des webzines Pelecanus and co. En moins de temps qu’il n’en faut pour dire « doom », nous nous retrouvons à trinquer avec les Monolord au stand mojito. (Permettez-moi une digression à propos de ce fameux stand cubain. Je crois sincèrement que ça a été le pôle d’attraction #1 hors-concerts de tout le festoche. Qui n’a pas succombé à leur exquis mojito au piment ? Qui n’a pas shaké son booty sur la salsa du chef, tout en faisant des oeillades au canon qui lui servait d’assistante ? Allez-y, jetez la première pierre). S’ensuit un court mais efficace apéro au sommet du fuzz, avant de reprendre les hostilités live à l’étage.
Il est l’heure à présent de se faire mettre à l’amende par les seuls et uniques STONED JESUS. Le trio de Kiev est déjà en bonne voie de conquête lorsque je parviens à atteindre les premiers rangs de la Vulture Stage. À vrai dire, elle est remplie de monde. Comme à leur habitude, nos princes de l’Est font preuve d’une fougue sans pareil, à l’image de ce nouvel album bien moins stoner/psyché et beaucoup plus couillu et rock’n’roll. Sans sommation aucune, nos trois lascars envoient bûche sur bûche devant un public alerte et en quête d’action avec un grand A. Je vais d’ailleurs m’exploser la tronche contre un ampli lors d’un pogo surprise (à l’heure où je publie ce report, mon poignet en porte encore les séquelles). Contrairement à l’année dernière, le public n’a pas attendu le dernier jour pour se chauffer ! Et c’est tant mieux !
Des concerts qui suivent, je ne verrai (lucidement, j’entends) que les grandioses DOZER sur la grande scène. Pour ceux qui auraient encore besoin de cours de rattrapage, Dozer est l’un des combos pionniers du heavy rock/stoner à la suédoise, à l’instar de Lowrider (ils sont d’ailleurs copains comme cochons). C’est donc avec une facilité presque déconcertante que le quatuor va nous donner une pure leçon de ROCK droite et sans fioritures. De la virtuosité, oui. De la lourdeur, oui. Des frissons, oui et encore oui. Dozer représentent à eux seuls le groupe stoner rock parfait. Pour moi Dozer, c’est un peu l’équivalent d’un Kyuss qui aurait trop bu et chercherait la bagarre à tout prix : tabassage par le groove, envolées mentales portées par les solos de gratte tranchants comme l’acier de Tommi Holappa et le chant rageur de Fredrik Nordin. C’est un sacré premier headliner que les promoteurs d’Anvers nous offrent là, et la meilleure façon qui soit de lancer ce week-end. Le set se termine sur le heavyssime « Rings Of Saturn » (bonus track de leur second opus Madre de Dios), histoire de bien montrer qui commande à la maison.
Pas étonnant qu’après une telle virée dans le désert, la foule du Desertfest ait besoin de se désaltérer. On est donc tous chauds bouillants pour aller se la coller faire du tricot à l’afterparty, où on croise la team Dozer/Greenleaf au complet (eux aussi copains comme cochons, vu qu’ils se partagent des membres) ! Quelques bières blanches plus tard et un scotchage en règle devant un épisode de la série « TJ Hooker » sur la télé belge, le douillet lit de l’hôtel nous attend. Le week-end ne fait QUE commencer.
Last modified: 1 septembre 2016