C’est un double défi qui attend UNCLE ACID & THE DEADBEATS en concert à Paris ce soir. Le premier est de venir défendre un dernier album formidable, mais aussi plus radical dans son approche délétère et sa volonté de creuser son ambiance malsaine au détriment peut-être d’une efficacité rock n’ roll plus présente auparavant. Le deuxième est de contenter le public de la Flèche d’Or en dépit de cette dernière : le son de la salle n’étant pas réputée pour sa puissance, le choix du placement pour l’auditeur est cornélien. Soit il choisit de coller à la scène pour profiter de la seule puissance des amplis, soit il recule de 5 mètres et entend alors son voisin respirer…
En attendant, ce sont les sympathiques SPIDERS qui ont été choisis pour introduire Tonton Acide. Destiné à un public plutôt rock, le quatuor propose des morceaux plutôt efficaces qui lorgnent assez fortement vers Blondie ou les Runaways. Déjà aperçus plusieurs fois à Paris, ces bons musiciens et sa chanteuse à la bonne humeur communicative laissent toujours une gentille impression, un peu anecdotique mais pas désagréable. À noter ce goût toujours aussi douteux pour les habits à paillettes qui font notamment passer le bassiste pour un émule de Beef de Phantom of the Paradise. Cela doit faire partie du charme.
Quant à eux, de charme, UNCLE ACID & THE DEADBEATS n’en manque pas mais dans une optique plus envoûtante et maléfique. En tout c’est très sûrement l’effet voulu par cette entrée sur la BO des Vierges de Satan. Retentissent alors les premières mesures de « Waiting for Blood », et le doute commence à nous assaillir. La voix est assez peu audible, le mix général est peu équilibré avec la guitare de Kevin Starrs qui prend le dessus sur le reste alors que ce dernier n’a pas l’air toujours à l’aise avec ses riffs. Bref, l’envoûtement ne marche pas (encore) et l’on sent un groupe un peu fébrile cherchant ses marques. L’explication logique n’est pas longue à trouver : le groupe commence tout juste sa tournée ce soir et les marques sont encore à prendre sur ses nouveaux titres.
Même topo après 2-3 morceaux, puis arrivent « Death’s Door » et surtout « 13 Candles », et le groupe semble se reconstituer et se lance alors dans un heavy sabbathien plus volontairement boogie, où l’alchimie des deux guitares se constitue pour balancer un groove compact bien aidé par un bassiste habile qui n’hésite pas à garnir ses accords de petites notes supplémentaires. Le Uncle Acid qu’on connait est bel et bien là, et la foule se chauffe elle aussi au diapason. La sauce prend encore mieux sur les vieux morceaux de Vol.1 et infuse même le tout nouveau « Pusher Man » ou le maintenant classique « I’ll Cut You Down ».
Néanmoins tout ne sera pas parfait par la suite, comme ce son de batterie trop propre et clinquant qui se marie mal avec l’ambiance générale. Sans oublier ce satané volume sonore de la salle évoqué plus haut, on entendra d’ailleurs plusieurs fois le public réclamer que l’on pousse un peu les enceintes. Mais le talent est bien là, et la fosse ne s’y trompe pas en faisant l’honneur au groupe de quelques slams et bousculades de rigueur.
On se met donc à rêver d’un round 2 sur la capitale, avec un groupe plus rôdé et une salle plus adaptée. Qui sait …?
Last modified: 1 septembre 2016