UNCLE ACID & THE DEADBEATS : autopsie du « Night Creeper » par son créateur Kevin R. Starrs.

Written by Interview

On était tout excités à l’idée de rencontrer UNCLE ACID & THE DEADBEATS à Paris, une des formations les plus atypiques et pourtant les plus populaires de la scène stoner/doom européenne, qui sort ces jours-ci son troisième et excellent album The Night Creeper chez Rise Above Records. Un petit souci de calendrier a malheureusement fait tomber nos plans à l’eau… C’est donc par le biais des Internets que l’on a pu échanger avec le chanteur/guitariste/songwriter Kevin R. Starrs, tête pensante du quatuor occulte britannique, qui s’est prêté avec zèle à l’exercice de l’interview écrite. C’est avec une petite dose de mystère qu’Uncle Acid se dévoile le mieux ! (Couv : Gaël Mathieu)

D’abord, parlons un peu de votre nouveau-né, The Night Creeper. Il y a une histoire derrière chacun de vos albums : un film d’horreur égaré (Blood Lust), un culte mystérieux (Mind Control)… de quoi s’agit-il cette fois, et qu’est-ce qui vous a emmené dans cette direction ?

C’est l’histoire romancée d’un tueur en série, qui a été créé par la presse afin de masquer les meurtres perpétrés par un officier de police. C’est un personnage qui permettra de vendre beaucoup de journaux et d’augmenter les budgets de la police. Tout ça suit son chemin et ils pensent qu’ils vont s’en sortir, jusqu’à la toute fin. Je regardais beaucoup de films noirs, ça m’a donc donné l’inspiration visuelle pour ce que je voulais faire avec l’album.

Blood Lust était très énergique et groovy. Mind Control était plus ralenti, plus étiré – et The Night Creeper encore davantage. Est-ce que vous évoluez consciemment vers une musique plus lourde et plus sombre ?

Non, c’est plutôt une progression naturelle. Les chansons sont sorties comme ça.

J’ai l’impression que l’album culmine avec « Slow Death », la chanson la plus longue et (à mon avis) la plus travaillée de au niveau des arrangements. Est-ce que c’est comme ça que vous l’avez voulu ? Peux-tu m’en dire plus sur ce morceau ?

C’est le « Night Creeper » qui se fait finalement tuer, de façon lente et douloureuse. Quelqu’un l’avait vu commettre tous ces crimes et avait décidé qu’il était temps de se débarrasser de lui. Quant à l’enregistrement, nous avons commencé par enregistrer la rythmique de base, et ça sonnait vraiment incomplet. Je n’étais pas sûr que ça allait fonctionner mais j’ai fini par mettre le paquet sur ce morceau, et le construire petit à petit. Plus je l’écoutais, plus j’avais d’idées sur là où je voulais l’emmener. C’est l’avantage de pouvoir retirer les chansons du studio et les passer en revue durant quelques mois. Ça te donne le temps de vraiment les écouter et de te demander comment tu peux les mettre le mieux en valeur. Tandis que la chanson s’approche de son dénouement, elle devient plus forte et plus intense. Il y a pas mal d’improvisation, avec toutes sortes d’effets inversés et d’oscillations. Vers la fin du morceau j’ai aussi commencé à entendre ces étranges mélodies, très calmes, et dont je ne sais vraiment pas comment elles sont arrivées là. J’isolais chaque piste, sans savoir d’où cela venait. Ca doit être dû aux fréquences et sons de guitare qui s’entremêlent, mais c’est assez bizarre quand on arrive à l’entendre.

J’ai adoré la musique dans son ensemble, mais je dois dire que les parties de guitare lead m’ont particulièrement retourné la tête ! Est-ce que tu as essayé de développer ça plus avant, ce coup-ci ?

Merci ! Je n’avais pas remarqué ça à la base, mais quelques personnes me l’ont fait remarquer depuis. Ce n’était pas vraiment planifié. Même si je chante, c’est vraiment mon jeu de guitare qui m’intéresse le plus. J’ai grandi en écoutant Van Halen, Hendrix et consorts, donc j’ai un faible pour les bons solos de gratte !

Ester Segarra

« Comment résumerais-tu votre musique en un mot ? » « Dérangée ! »

Vous allez bientôt embarquer pour une tournée américaine assez énorme, la plus grosse que vous ayez jamais faite. Est-ce que vous êtes anxieux, impatients ? Est-ce que vous sentez comme les Beatles à l’assaut de l’Amérique ?

Oui, on est impatients. Cela fait un certain temps que l’on a pas joué en concert, donc on a l’impression de devoir à nouveau faire nos preuves.

Tu as réussi à entretenir un certain mystère autour du groupe. Est-ce que tu penses que tu seras capable de maintenir ça, malgré l’attention croissante autour de vous ?

Je pense que oui. Il n’y a qu’un nombre limité de choses que je suis prêt à faire en termes de promotion, donc je pense que les informations à propos de nous resteront toujours assez rares.

Il me semble que pour l’instant, le travail de composition a été presque exclusivement fait par toi. A mesure que vous progressez ensemble en tant que groupe, est-ce que tu laisses les autres musiciens contribuer davantage ?

Quand j’ai, depuis le début d’un projet, une vision complète de ce que je veux en faire, je trouve difficile de faire des compromis là-dessus. Or quand tu écris des chansons avec d’autres, il faut toujours faire des compromis. Cela dit, j’ai co-écrit la chanson « Night Creeper » avec Dean Millar, notre ancien bassiste. Il m’a laissé la liberté de faire tout ce que je voulais avec ce morceau et ça a très bien fonctionné.

Vous avez sorti quatre albums, joué au Hellfest, au Roadburn, et vous avez tourné en première partie de Black Sabbath… Qu’est-ce qui reste sur votre « to-do list » ?

Un concert au Madison Square Garden, ce serait sympa !

Ici en France nous avons des petites scènes stoner/doom qui éclosent un peu partout, et je crois que c’est pareil ailleurs en Europe. Est-ce que le virus s’est étendu à ta ville de naissance, Cambridge, également ?

Pas que je sache. J’ai dû quitter Cambridge rien que pour trouver les musiciens pour ce groupe.

Pour finir : comment résumerais-tu votre musique en un mot ?

Dérangée !

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« The Night Creeper » dans les bacs le 4 septembre chez Rise Above Records
En tournée cet automne dans toute l’Europe avec Spiders.

Last modified: 1 septembre 2016