Jason Shi d’ASG: « Pour moi, faire de la pop, c’est écrire une putain de bonne chanson. »

Written by Interview

Pendant longtemps, ASG a été le secret le mieux gardé de la Caroline du Nord. Officiant depuis 2001 au sein de la scène heavy rock, le groupe américain s’est fait une jolie notoriété, notamment du côté de la communauté skate et surf, grâce à un deal avec le label Volcom Entertainment et quatre albums hautement dosés en adrénaline, procurant le même feeling que de dévaler une pente raide à 200 à l’heure (sans les dents). Après les avoir vu tourner aux quatre coins des States avec Black Tusk, Torche et The Sword et entendu leurs gros riffs saupoudrés d’une sacrée insolence punk et d’un sens évident de la mélodie, Relapse Records ne s’y est pas trompé en signant le groupe en 2011. S’en est suivi la sortie d’un de leurs meilleurs albums à ce jour, « Blood Drive », dans lequel le groupe bourrine encore et toujours, mais dévoile aussi une facette plus intime de sa musique. Une bombe. Partis à la conquête de l’Europe ce printemps et invités au Desertfest de Londres, j’ai sauté sur ma planche l’occasion de choper leur très sympathique frontman Jason Chi à l’Electric Ballroom, pour debriefer sur ce joli tournant de carrière, entre autres choses cool.

 

Pendant longtemps, vous avez été plus ou moins affiliés à la culture skate, notamment de par votre signature sur le label Volcom Entertainment et l’intégration de certains de vos morceaux sur des B.O de jeux vidéos estampillés « extreme sports ». Est-ce que vous vous retrouvez personnellement dans cette culture ? 

Jason Shi (guitare & chant) : Je pense que tout ça tombe sous le sens, vu le nombre d’années qu’on a passé chez Volcom, et aussi parce qu’on est des enfants de la plage. Donc notre truc, c’est plus le surf, mais on est aussi tous skaters. Aux débuts du groupe, ça paraissait légitime et on n’avait aucun souci avec ça, bien au contraire. On s’est assez vite rendu compte qu’on s’était introduits dans cette bulle. On vient de la côte Est des États-Unis… Ça a été une phase rapide de huit ou neuf ans, puis on a bougé chez Relapse.

Justement, comment avez-vous fini chez Relapse Records ?

Bonne question, et l’histoire est assez intéressante en fait. On gérait une boutique en ligne depuis chez moi, où on vendait des t-shirts pour payer l’essence des tournées. Quand tout ça a été terminé et qu’on a sorti notre dernier disque chez Volcom, je crois que c’était 2011, on a reçu une commande à expédier au bureau de Relapse à Philadelphie… Il y avait un mot avec les instructions pour la livraison qui disait « Juste pour vous dire que vous avez un paquet de fans chez Relapse », donc j’ai renvoyé le tout avec une note disant « Pourquoi vous ne sortiriez pas notre prochain album ? ». Le gars a repondu « Pourquoi vous ne nous envoyez pas un vrai mail ? » (rires). Donc tout est parti de là, il n’y a pas eu d’envoi de démo ou de truc du genre. Ça a juste pris quelques semaines le temps de gérer les trucs légaux, tout ça… Et nous voilà aujourd’hui !

Ça doit vous apporter énormément d’être signés sur un label de référence comme Relapse.

Je pense, oui. C’était assez stressant, parce qu’à côté des groupes que le label a l’habitude de sortir, on faisait un peu « rock light » (rires). Donc on était un peu nerveux, genre « rah, tous les fans de Relapse vont nous détester »… Donc j’imagine que ça a été une sorte d’excuse pour  nous, pour rendre notre son un peu plus rentre-dedans et prendre un peu plus de risques.

C’est cool ! Tu vois, j’ai toujours adoré ASG, et je trouve que votre dernier album « Blood Drive » touche un spectre d’ambiances beaucoup plus large que les précédents albums, notamment avec ces morceaux un peu plus « soft ». Comment cela vous est-il venu ?

On a une approche différente entre les albums et le live, et là on a enfin eu l’occasion de prendre notre temps en studio et d’utiliser ça comme un instrument. Pour les albums, on a une approche plus basée sur l’écoute posée, surtout pour celui-ci. Ce n’est peut-être pas un album pour mettre en soirée ou foutre le bordel, mais plus un album heavy rock qui sonne intime du premier au dernier morceau. Je pense que ces morceaux plus soft viennent de toutes ces choses que j’écoutais étant jeune, j’étais un grand fan de Jane’s Addiction et Led Zeppelin. J’imagine qu’on doit utiliser le mot « ballade », même si je n’aime pas trop ce terme. Mais tu vois, c’était histoire de respirer un peu. Et si on arrive à faire s’enchaîner tout ça proprement, alors on a atteint notre objectif.

En parlant d’influences, tu parlais de Jane’s Addiction, j’ai aussi lu que tu aimais beaucoup Queens Of The Stone Age et Kyuss, mais est-ce qu’il y a des groupes plus récents dont tu te sens proche ? 

J’ai toujours été un gros fan de Torche, ils ont toujours eu une influence majeure sur notre musique. On a tourné pendant un mois avec Torche et The Sword juste avant que ces deux groupes explosent aux States, ils représentaient la prochaine étape qu’on voulait franchir avec ASG. Ça a été une tournée extrêmement inspirante, qui nous a beaucoup influencés. Ces groupes étaient vraiment bons, donc on a senti qu’on devait passer au niveau supérieur. J’adore ce que Torche fait, à écrire des morceaux heavy tout en incorporant de la mélodie. Donc des groupes comme Torche, Baroness, tout ce que les Melvins font, sont intéressants… et tout un tas d’autres trucs qui n’ont rien à voir avec le heavy rock, tu vois ?

Vous avez sorti un split avec Black Tusk, qui est un groupe musicalement très différent d’ASG. Est-ce que vous avez d’autres projets comme celui-ci en tête pour le futur ? 

C’est assez compliqué, parce qu’on a pu sortir cet EP car nous étions en transition entre Volcom et Relapse, donc c’était l’occasion de sortir quelque chose par nous-même. On a joué un paquet de concerts avec Black Tusk, parce qu’ils sont de Savannah donc ce sont des potes. On a entretenu cette idée de soit aller de l’avant et refaire un album pour Relapse, ou bien sortir un nouveau quatre titres avec un autre groupe… Mais dans tous les cas, ça doit être sorti via Relapse. Donc je pense qu’on va opter pour un nouvel album.

Vous pensez rentrer en studio quand, du coup ? 

Si on veut être réalistes, on enregistrera sûrement l’année prochaine à la même époque, donc ça nous prendra un an et demi en tout, pas plus.

Juste le temps de caler quelques concerts entre temps, peut-être ? 

Juste le temps d’être sûrs que les morceaux sont bons. Beaucoup de groupes ont l’air trop pressés de sortir un nouvel album, avant même de s’être vraiment posé. C’est quelque chose d’important pour moi.

Ça sous-entend que Relapse ne vous met pas trop la pression.

Non, ils sont super pour ça ! Jusqu’à maintenant, ils ont été très compréhensifs, très cool.

Ils intègrent de plus en plus de groupes qui ont peu ou rien à voir avec le « métal extrême », comme Red Fang… 

…Torche, Baroness. Quand on a terminé notre album, je n’avais pas encore écouté le nouveau Baroness, et ça a été un grans virage pour eux. Quelque part, cet album m’a fait me sentir un peu mieux par rapport à ce que je faisais (rires) !

ASG band Joshua Curry 2

Oui, ils ont franchi un nouveau palier avec l’album « Yellow & Green ». D’une certaine manière, je dirais qu’il a même quelque chose de pop, par moments. 

Certaines personnes pensent que « pop » est un terme péjoratif, surtout au sein de la scène heavy. Mais pour moi, « pop » veut dire que tu écris une putain de bonne chanson. C’est pas le but de tout ça ? Je veux dire, c’est pas pour ça qu’on est là, pour écrire de bons morceaux dont les gens se souviendront ?

Totalement d’accord. Quels sont les disques que tu as écouté dernièrement et vraiment apprécié, justement ?

Le nouveau Anciients, ça fait trois semaines que je les entends tous les soirs, c’est vraiment du très très bon métal. Mais on entend tellement de rock et de métal quand on est en tournée, qu’on préfère écouter de l’outlaw country comme Willie Nelson, Waylon Jennings, Merle Haggard… Écoutez ça, les kids !

J’aimerais revenir sur le chant, qui pour moi est un des points forts d’ASG. J’arrive toujours pas à croire que tu ne voulais pas chanter au début, parce que tu es vraiment très bon ! 

Et je n’ai toujours pas envie de chanter ! J’ai vraiment merdé sur ce coup-là (rires).

Est-ce qu’à un certain moment, tu as senti le besoin de prendre des cours de chant ?

Non, mais peut-être que j’aurais dû. Je suis sûr qu’il y a des gens qui aimeraient vraiment que je le fasse ! Ça n’a rien de naturel, c’est plus comme un muscle qui s’est développé au fil des années, et qui ne tient pas vraiment la route en tournée. Tu veux chanter et hurler, tu dors peu… C’est dur.

Notre interview touche à sa fin, quelque chose que tu aimerais ajouter ?

C’était cool de terminer cette tournée au Desertfest de Londres ! On espère revenir très vite en Europe !

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Last modified: 13 juillet 2016