Il m’arrive assez rarement de monter à Paris pour des concerts, mais quand c’est le cas, c’est 1/ très souvent pour les Stoned Gatherings, 2/ une décision prise après prioritisation intense dans mon agenda concerts (le train, ça coûte cher). BLACK TUSK est de ces groupes qui, une fois vus en live, rendent accros. Il est vrai que je pourrais dire ça d’à peu près n’importe quel autre bon groupe live, mais ces gars-là, c’est carrément dix niveaux au dessus. Leurs collègues de tournée FIGHT AMP sont évidemment de la partie pour en rajouter une couche, dans le genre sludge hardcore sans filtre. Et quand en plus, à cette affiche s’ajoute la révélation sludge du dernier Desertfest, j’ai nommé GURT… On peut dire que c’était l’antéchrist du dimanche des familles à Glazart.
GURT (Facebook – Bandcamp)
Il semblerait que le bouche à oreille ait bien fonctionné depuis le Desertfest de Londres, car nombreux sont les curieux (et les convertis) présents devant le groupe anglais. Enfin, nombreux : tout est relatif. Disons que pour un dimanche soir, les troupes sont relativement opérationnelles. Ce concert à Glazart représente un moment très spécial pour GURT, puisque le groupe se produit exceptionnellement en quintet (l’ancien guitariste JBob étant de retour sur notre bon vieux continent pour se marier, il a tout naturellement été invité à rejoindre les copains le temps d’un concert). Déjà que le son Gurtien est diablement lourd avec un seul guitariste, là on est carrément au niveau supérieur, et l’appellation « méga sludge » s’impose. Avec un son bien bluesy teinté de spasmes hardcore et des riffs plus qu’entêtants, il suffit de très peu de temps au groupe pour emballer le public. Ce dernier a d’ailleurs visiblement visionné la vidéo cultissimement kitsch de « Dudes With Beards With Cats » avant de venir à Glazart, vu que les miaulements de chaton remplacent les habituels cris entre les morceaux.
GURT imposent leur southern sludge avec une efficacité sans pareil, et puis il faut dire qu’ils ont un capital sympathie énorme. Des gars comme vous et moi, version heavy +++. Déjà gâtés par la présence d’un membre de plus à l’équation, nous le sommes encore plus avec un nouveau morceau du nom de « Sophisticate ». Et parce qu’on le leur rend bien, et que trente minutes c’est vraiment beaucoup trop court, les « one moooooore » commencent à fuser lorsque le groupe annonce la fin du concert. Agréablement surpris, les gars réagissent au quart de tour et nous envoient sans attendre leur cover très personnelle du « Rock’n’Roll » de Led Zep (la preuve en vidéo). BAM. J’en connais qui vont recevoir des fleurs après le concert… À très vite pour une nouvelle visite en France ?
FIGHT AMP (Facebook – Bandcamp)
Je ne profite que de la dernière moitié du set des américains FIGHT AMP, car j’étais préalablement occupée à faire des photos avec Black Tusk au fumoir. C’est généralement le moment dans mon report où je raconte à quel point les gars du groupe (rencontrés pour la première fois lors de la date mémorable avec Red Fang aux Combustibles) sont des mecs cool et fendards, mais on va passer pour cette fois. Une fois la mission accomplie, je re-rentre dans le Glazart et me prend le son de Fight Amp en plein face. Pour info, Fight Amp est la contraction de « Fight Amputation » : rien à voir avec des amplis de combat, quoi. Comme Black Tusk, ils ne sont que trois mais c’est la guerre dans nos oreilles. Personnellement je n’accroche qu’à moitié, disons que c’est moins ma came que les deux autres groupes. Ça n’en reste pas moins une excellente transition, car leur hardcore sludge se rapproche pas mal du style de la tête d’affiche, le côté « droit-gauche-crochet » en moins. Violent oui, efficace certes, mais scéniquement on est encore loin du tremblement de terre.
BLACK TUSK (Facebook – Bandcamp)
Quelques heures plus tôt, je faisais un lapsus révélateur en parlant de BLACK TUSK : « Black Tusk, on aime ou on adore ». La vérité, c’est que musicalement, on aime ou on déteste leur punk sludge ultra bourrin, mais sur scène ils mettent tout le monde d’accord. Voir ces trois mecs débouler en gueulant « 6.6.6 !!! », et déverser toute cette énergie… Les morceaux s’enchaînent et se ressemblent, forcément, mais ça ne nous dérange pas le moins du monde. Assister à un concert de Black Tusk, c’est avoir le syndrome du masochiste qui s’auto-électrocute pour avoir une montée d’adrénaline : grosse décharge dans les entrailles, mais que c’est boooon ! Le plaisir est visiblement partagé, puisque leur bassiste Jonathan Athon a l’air d’exulter. Sur scène, ça saute, ça virevolte, les grattes finissent régulièrement dans les airs… Le duo gratte/basse fonctionne en mode char d’assaut, et James May alias Super Drummer fait office de « machine gun man » qui défouraille tout sur son passage. Ok, j’arrête les métaphores militaires, il suffit. Appréciez plutôt.
Voilà. Voilà exactement le genre de performance sur laquelle des tonnes de groupes rock et métal (aguerris ou non) devraient prendre exemple : oubliez la staticité, vous n’êtes pas des putain de figurines alors donnez-vous à 300% ! Ces mecs là communiquent vraiment le plaisir de jouer, et leur énergie sur scène est à la hauteur de la puissance de leur musique. C’est comme ça que ça devrait toujours être. Voilà pourquoi j’ai énormément de respect pour ces trois bonhommes, et pourquoi je ne me lasserai sans doute jamais de les voir en concert. Et bonne nouvelle, une petite souris m’a dit qu’ils seront en Europe pour les festivals 2014…
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Last modified: 20 novembre 2013