HELLFEST 2013 Le report complet : Jour 3

Written by Live

Ghost - Hellfest 2013 (1)

Les deux premiers jours de ce HELLFEST 2013 ont été d’une telle intensité, qu’au lieu de ralentir le rythme, on va partir en croisade dans la Valley et finir en apothéose sur la Mainstage, histoire de boucler notre « to-do list » du heavy. On est pas là pour lambiner, on est là pour vous donner un max de sensations et de temps forts, et vous rappeler pourquoi le Hellfest est le meilleur festival métal de l’univers. Une Kro et c’est reparti pour le dimanche le plus heavy (et suédois) de l’année avec les shows sensationnels de Truckfighters, Prong, Mustasch, Graveyard, Spiritual Beggars, The Sword, Down (special set), Stone Sour et Volbeat ! (PHOTOS : Gaël Mathieu)

Comme un dimanche matin, le réveil est difficile. L’équation « retour de Korn à 2h du mat’ + apéro au Green Camp + dodo sans matelas » s’avère être un combo explosif quand on doit encore passer une journée de 16 heures debout. Ceci dit, 16h de gros son et de frisson, on va pas se plaindre. Il est 10h, il fait toujours sacrément froid et humide, direction le site du festival pour les premiers gigs. En me dirigeant vers le point presse pour recharger mon matos, je tombe sur le combo français THE ARRS, en train de tout dévaster sur la Mainstage. Super énergie, good vibes : le death metal du groupe est un starter parfait pour la suite.

A Swedish fuzzy breakfast : TRUCKFIGHTERS

Dans la vie, il y a ceux qui vont voir THE GHOST INSIDE ou SVART CROWN, et il y a les autres. Les autres, généralement, sont des adeptes de fuzz et de basse groovy, d’ambiances du désert et de road movies. C’est la TRUCKFIGHTERS army. Celle qui, lorsque le trio suédois va entamer son set avec le morceau phare « Desert Cruiser », entonnera sans hésiter le refrain « I’m running out of fuel/I’m running out of gas« . Car à voir cet amas de gens enthousiastes sous la tente de la Valley, c’est clair qu’ils ne sont pas encore à court de gasoil. Un peu diesel oui, mais il est 10h du mat et on a pas eu notre première Kro de la journée. Avec un set de seulement trente minutes, le groupe se doit de chauffer un max la foule : Dango (guitariste et zébulon) n’hésite donc pas à prendre le micro pour nous haranguer dans un anglais incompréhensible, et Ozo (bassiste et chanteur à la voix de velours), habituellement assez stoïque, n’est pas avare en sourires. Ça vaut pas la folie de leur set au Desertfest de Londres, mais les gars ont l’air de sacrément s’amuser et ceux qui ne les connaissaient que de nom ne regrettent pas de s’être levés si tôt ! Le trio est fidèle à sa réputation de groupe rock diablement efficace en live. À la fin du show, Ozo abandonne sa basse au public, ce qui nous donne un outro digne d’un gig de free jazz. Craquant comme un Krisprolls, lourd comme un English breakfast, énergisant comme la Redbull : le petit déj’ sonore parfait s’appelle Truckfighters. (Setlist)

J’avais initialement prévu d’enchaîner avec MY SLEEPING KARMA, mais je crois qu’après la demi-heure de stoner rock survolté que je viens de passer, je préfère augmenter le volume et passer du côté bourrin de la force. En me dirigeant vers le point presse (pour recharger mon matos, bis), je me perds vaguement à regarder les hard rockeurs anglais de HEAVEN’S BASEMENT sur la Mainstage 1. C’est pas exactement le profil que je recherchais, bien loin de là. Mais le frontman (un hybride du chanteur d’Airbourne et de Peregrin Took du Seigneur des Anneaux) délivre une prestation si énergique que j’ai presque envie de rester à taper du pied, sous un semblant d’éclaircie, qui-plus-est. En ressortant du corner presse, BOOOOOM ! Explosion thrash métal !!! PRONG est sur scène. Ce groupe formé en 86 a un parcours en dents de scie (frontman qui part, qui revient, qui repart…), mais la prestation que je vois là est solide comme du béton armé. Prong, c’est pas une claque, c’est une baffe dans ta tête donnée par un géant de 2m10. Merci Hellfest pour la découverte. Comme quoi, ça a du bon de déroger à son planning, je dirais même que c’est préconisé dans un tel festival.

Ye old glory : MUSTASCH

Mon aventure MUSTASCH est de courte durée. D’abord parce qu’un aller-retour au Green Camp pour manger me fait rater la moitié du set, ensuite parce que j’avais prévu d’en rater la deuxième moitié pour faire le pied de grue à la Valley pour Graveyard. C’est donc au loin et par le biais des écrans que je profite du set du groupe suédois. Autant le dire de suite : le son est bon, monstrueux même. Vocalement, c’est une autre histoire. J’imagine que j’avais de trop grandes attentes concernant le chant de Ralf Gyllenhammar (la voix éraillée et haut perchée de ce dernier étant un peu LE truc qui fait tout le charme de ce groupe de hard rock/stoner scandinave), et je suis donc déçue. Entendons-nous bien : le chant reste assez fidèle, mais lorsqu’il s’agit de monter dans les aigus ou pousser de la voix, on sent les capacités limitées du frontman. De plus, la grande staticité du groupe sur scène (l’impression de voir des mecs en répèt’, la preuve en vidéo) m’amène à penser qu’ils auraient été bien plus à leur place sur la stage de la Valley, étant plus à l’étroit et donc plus en mesure de lâcher leur furie sur une foule bien compacte. Dommage, parce que leur hard rock de bikers envoie quand même bien du lourd. (Setlist)

Endless delight : GRAVEYARD

Mon Dieu, il est 14h et le set de Graveyard commence dans vingt minutes ! Vous ne comprenez pas cet empressement soudain et inexpliqué ? C’est simple : je veux être DEVANT pour Graveyard. Pourquoi ? Parce que ce groupe suédois est THE valeur sûre du revival rock 70’s, c’est le groupe qui file à la fois la patate et le frisson ultime, un groupe infaillible en live. Graveyard était donc en haut de ma « to-do list » de ce Hellfest 2013. Les quatre suédois s’avancent calmement sur scène et envoient l’intro song du dernier album, « An Industry Of Murder ». Je constate alors que le groupe se permet pas mal de libertés sur les compos d’origine, tout en les jouant légèrement plus vite. Au chant, Joakim Nilsson dérive lui aussi de temps à autre de la ligne directrice, mais sa voix rauque reste à l’épreuve des balles et ses impros sont perfection. Graveyard ou la quintessence du rock’n’roll. Comme l’impression que ces messieurs sont venus d’une autre époque pour jouer devant nous. Pour dire, Uncle Acid ne m’a pas donné une telle impression. En revanche, pour la première fois du week-end, les photographes se voient virés de la fosse au bout de deux morceaux… par le manager du groupe qui descend lui-même de scène ! Du jamais vu. Les mecs de Graveyard font dans la sobriété : ils parlent peu, ils sourient peu, tout est dans le son. Quatre morceaux de « Lights Out », trois de « Hisingen Blues », deux du premier album éponyme : je pense qu’on a fait le tour (délectez-vous donc de ce medley « Ain’t fit to live here/Hisingen Blues« ). Le groupe nous gratifie bien évidemment d’une de ses sublimes ballades (« Slow Motion Countdown »), laquelle cloue le public sur place. Histoire de le clouer encore un peu plus, le batteur se lance dans une impro démoniaque : quand ce mec joue, on dirait une pieuvre sous speed. Devant l’engouement du public (la Valley est bondée), nos amis suédois nous lâchent au final quelques sourires. Mais ?! C’est déjà fini ? Graveyard ou le concert rock qu’on aimerait voir continuer jusqu’à ce que mort s’en suive… (Setlist)

SPIRITUAL BEGGARS

Après avoir fait une tentative sous l’Altar avec PIG DESTROYER (un groupe de grindcore signé chez Relapse, qui a sorti un EP doom chroniqué ici), je repars à ce qui est désormais ma deuxième maison (la Valley, CQFD) pour le concert d’un autre groupe suédois : SPIRITUAL BEGGARS. Ce groupe divise, à cause de ses changements de lineup (dont un dernier chanteur qui ne convainc pas tous les die-hard fans du groupe) et sa discographie en dents de scie. J’arrive au milieu du set, et constate : bon sang, mais on est dans une pure ambiance de stade ! Apollo Papathanasio est en train de chauffer la foule à l’ancienne : « quand je fais « ooooh » vous faites « ooooh », tapez dans vos mains, hey hey » ! Le genre de trucs qu’on a entendu tout le week-end sur les Mainstages, mais qui étrangement, paraît assez rafraichissant sous la Valley (la preuve, la foule acclame le groupe sans retenue). Les fans de la première heure obtiennent satisfaction avec quelques bons gros morceaux de « Ad Astra » et « Mantra III », tandis que les morceaux du dernier album sonnent plus hard rock 80’s, ce qui semble plaire à pas mal de monde. Spiritual Beggars fait écho à Mustasch avec un set rock bien viril, bien trempé, et une virtuosité (hello Mike Amott) sans pareil. Un show qui nous propulse à l’ère des guitar heroes old school, c’est beau. Pour le coup, autant Mustasch auraient eu une place en or sous la Valley, autant la zik et l’attitude des Spiritual Beggars correspond bien plus aux « standards » des headliners Mainstage. Quoiqu’il en soit, le groupe laisse le public surmotivé et avec le sourire. Bien joué, les gars. (Setlist)

Intergalactic rockers : THE SWORD

À défaut de pouvoir les voir en salle la semaine qui suit à Toulouse, c’est maintenant ou jamais pour revoir les métalleux texans de THE SWORD. Dit comme ça, on s’attend à un groupe de métal redneck. Sauf que The Sword est un OVNI du heavy, qui emprunte autant de sonorités au stoner rock qu’il s’inspire d’ambiances heroic fantasy bien perchées. J’étais restée sur une mauvaise impression après les avoir vu en première partie de Metallica à Bercy en 2009, leur son ayant été purement massacré par l’ingé son ET l’acoustique de la salle. Leur dernier album « Apocryphon » (chroniqué ici) étant une petite bombe, ce n’est donc pas l’envie qui manque de les revoir. Il s’avère que je ne suis pas déçue, car la musique de The Sword est cent fois plus épique en live qu’elle ne l’est déjà sur album. Leurs sonorités stoner et bluesy ressortent à merveille, et la voix de J.D Cronise est tout bonnement aussi fluide et juste que sur galette. Bluffant. Toute la vallée est en train de danser joyeusement au son des classiques de « Warp Riders » ou « Age Of Winters » : la bonne humeur ne quitte plus la tente depuis ce matin (ça change des ambiances spleenesques de vendredi). Le grand soleil de cette fin d’après-midi en rajoute une couche, nous aidant à faire corps avec l’univers interstellaire (pas si) hostile des chevaliers The Sword… The Sword, complètement magique, complètement coup de coeur. (Setlist)

NOLA forever : Set spécial de DOWN

À l’origine, Clutch devait jouer sur ce créneau horaire, mais le décès du père de Neil Fallon a forcé le groupe à rentrer aux States en catastrophe. Dans sa grande sollicitude, l’orga du Hellfest n’a pas voulu laisser le festivalier dans la panade, et nous offre donc aujourd’hui un « set spécial » de DOWN. Depuis vendredi, les gens font des pronostics sur le contenu de ce set, pas mal espérant des reprises de Pantera (la présence de Vinnie Paul au fest réveillant les fantasmes de certains). Pourtant, rien de tout ça. Contrairement à hier lorsqu’il jouait sur la Mainstage 1, le groupe arrive de façon bien plus relax sur scène, une bière à la main, à la cool, à la Down. Je reconnais bien là mon groupe favori ! Sur le côté de la scène, on voit Kirk, Jimmy et Phil en train de discuter les derniers détails de leur setlist « improvisée ». Phil déboule alors, un mec du public lui passe un gros bong, et c’est sans se faire prier qu’il tire dessus devant un parterre de fans surexcités. C’est la tente du stoner ou ça l’est pas… Il balance ensuite quelques mots pour replacer le show dans son contexte, puis nous dit « arrêtez d’applaudir tout ce que je dis, putain ! ». C’est vrai, quoi. Les deux premiers morceaux joués sont des raretés de Down, mais c’est une fois « Swan Song » terminée que les choses se pimentent…

Anselmo se retire, et les zikos changent de place. Kate (Madame Anselmo) prend le mic à son bien-aimé, pendant que Bower prend la gratte, et le drum tech du groupe de se câler derrière les fûts. La tension monte dans la fosse, car beaucoup comprennent ce qui se trâme… L’hymne d’EYEHATEGOD « Sisterfucker » retentit dans les amplis, et là, c’est la Troisième Guerre Mondiale dans le pit. Il faut dire que Mrs Anselmo est une vraie Mike Williams au féminin… Un deuxième morceau d’EHG retentit, puis c’est au tour de Windstein et Bruders de prendre le contrôle avec deux sublimes morceaux de CROWBAR. Crowbar à demi-complet sur scène, on s’y croirait. Ces reprises des groupes d’origine des gars de Down accompagnés sur scène de leur roadies surmotivés, c’est juste le gig rêvé pour tout fan de la scène de NOLA. Et puis c’est vraiment le gig à la cool, les gars se baladent sur scène, on les voit se marrer comme des gosses, assis sur les amplis latéraux. 100% convivial. Pour boucler la boucle, c’est le grand Pepper Keenan qui prend la relève accompagné de son guitar tech (qui n’est autre que le gratteux de Honky) pour faire exploser la fosse avec deux hits de CORROSION OF CONFORMITY. Perfection : en plein milieu de « Clean My Wounds », devinez qui prend la basse de Bruders ? JASON NEWSTED. Une larme d’émotion d’impose. S’en suit une sublime reprise de Robin Trower, puis le groupe quitte la scène. « Down-tera ! Down-tera ! » hurlent les fans têtus. À la demande générale (mais on sait tous que c’était prévu depuis le début), le groupe revient au complet pour jouer le refrain de « Walk ». Tout le monde en a pour son compte, mon petit coeur bat à mille à l’heure, on vient de vivre un moment estampillé « CLASSIC ». Dommage pour ceux qui étaient à l’apéro à ce moment là… (Setlist)

Bitter bitter sour : STONE SOUR

Retour sur la plaine désormais sèche de la Mainstage 1 pour des retrouvailles avec les gentils métalleux STONE SOUR. C’est un Corey Taylor avec un jean bien trop moulant et une coiffure que même Tony&Gui aurait renié qui bondit sur la grande scène, suivi de ses zikos. J’avoue qu’il nous faut bien trente secondes pour nous en remettre. Pour ceux qui ne le connaissent pas, ou connaissaient juste son « personnage » au sein de Slipknot, le Corey sans masque est un frontman hautement sympathique qui aime discuter avec son public, c’est un vrai entertainer. Le groupe entame sa setlist sur plusieurs morceaux du dernier double album « House Of Gold & Bones », mais j’ai comme l’impression que ça ne prend pas. Il est vrai qu’après « Stone Sour » et « Come What(ever) May » qui étaient assez bourrins pour plaire aux fans de Slipknot, le groupe a pris une tangente où le métal se fait de plus en plus rare, au profit de chansons rock FM un peu molles du genou. Heureusement, le show redevient intéressant lorsque le groupe décide d’interpréter une reprise de Black Sabbath… Dommage que ce soit « Children Of The Grave ». Le concert suit son court, Corey fait le chauffeur de salle, les autres membres du groupe font leur taf sans trop lever la tête… Et ENFIN, des morceaux plus headbang résonnent dans les amplis géants du Hellfest. Nous sommes sauvés ! En tout bien tout honneur, Stone Sour clôt son concert sur un début de coucher de soleil (vous savez, celui qu’on a vu qu’une demi journée sur tout le fest) avec le brûlant « 30/30-150 ». Bisous, la bande à Taylor ! (Setlist)

‘Tallica’s proud sons : VOLBEAT

Après la performance « monster metal » du groupe finlandais LORDI (on se demande encore comment ils arrivent à jouer sous dix kilos de costumes), la transition est de très courte durée avec VOLBEAT. C’est simple, aussitôt le dernier riff des gagnants de l’Eurovision 2006 terminé, ça démarre aussi sec sur la Mainstage 1. Le dos tourné à la scène, au loin du côté des bars, nous nous mettons instinctivement à bouger nos cheveux sans même savoir qu’il y a eu changement de plateau. Difficile de ne pas avoir envie de se lâcher pendant la performance de Volbeat, tant les hits du groupe sont entraînants. À mi-chemin entre heavy métal moderne et rockabilly, le « Elvis métal » de Michael Poulsen et ses potes est puissant, dansant, excitant. Dès que Poulsen pousse une note dans le micro, on se regarde tous d’un air hébété, du genre « putain, ce mec assure ! ». Je crois que je n’ai jamais entendu vocaliste aussi irréprochable en live. Ce mec a un coffre impressionnant, une voix de crooner rock hors-norme, et un charisme digne de James Hetfield (que James lui-même ne nierait pas). Le mec peut se permettre de reprendre du Johnny Cash, alors pourquoi ne pas tout simplement le faire avec « Sad Man’s Tongue » (qui figure dans l’un des albums du groupe). Et puis tant qu’à faire, pourquoi ne pas rendre hommage à Jeff Hanneman de Slayer ? Magistralement exécutée, la reprise de « Raining Blood » permet au groupe de montrer sa technicité et de se mettre les derniers sceptiques dans la poche (pas un hasard si l’ex-Anthrax Rob Caggiano vient d’être recruté par le groupe). Et puisqu’on est bien là, entre nous, pourquoi ne pas AUSSI inviter le chanteur de Napalm Death pour un combo musical explosif sur « Evelyn » ? Ce show est on ne peut plus grisant. Volbeat est l’une de mes grosses découvertes du Hellfest 2013, tant ce groupe fédère, prodigue de bonnes vibes, et se démarque par une présence digne des plus grands. La relève est assurée, sans conteste. (Setlist)

Entraînés sur le dancefloor du métal (si tant est qu’il y en ait un) par Volbeat, la transition vers le disco-métal catho barré de GHOST est plus qu’amorcée. Je ne verrai pas ce dernier show du Hellfest 2013 à mon grand regret, car après quinze heures de concerts dans les pattes, la fatigue m’achève et me force à quitter le site avant le dernier concert. Si vous aussi avez raté ça, faites-vous une idée du set surnaturel du groupe ici.

REPORTS DU PREMIER ET DEUXIÈME JOUR

Last modified: 29 mars 2014