23 ans de carrière pour les légendes du heavy rock US Clutch, et jamais, pas une seule fois, le groupe n’a mis les pieds en terre bordelaise. La réputation live du groupe étant ce qu’elle est, ce sont des centaines de rock addicts surmotivés qui se sont bougés au Krakatoa pour cette grande première. Malgré le déficit budgétaire pré-Hellfest, le fait qu’on soit lundi, et les trombes d’eaux. Rock’n’roll puissant, charisme et performance sans artifices : Clutch nous ont ébloui, secoué, et remonté le moral, prouvant une fois de plus leur toute puissance. Quel plaisir d’avoir pu les voir, surtout sachant que le groupe n’a finalement pas joué au Hellfest ce week-end suite à un décès dans l’entourage du groupe. A day to remember. (PHOTOS : Satiti)
Comme assez souvent dans ce monde cruel, la première partie ne bėnėficie que d’un public restreint. Complėtement inconnu au bataillon, le courageux duo MEXICAN MORRISEY se lance sur la grande scène du Krakatoa. Avant le gig, je me disais « j’en ai jamais entendu parler avant, mais s’ils ouvrent pour Clutch, ils sont forcėment très bons ». Oups, le groupe fait son 3ème concert ce soir et… eh bien ça se ressent à mort. Ce power duo guitare-batterie se veut envoyer un rock ėnergétique à la Foo Fighters, avec d’ėvidentes influences Queens Of The Stone Age pėriode « Songs For The Deaf ». Sauf que le chanteur n’a ni la voix, ni la prėsence de Josh Homme. Malgrė une ėnergie riffique et rythmique indėniable, le set paraît long, très long. Linėaire. Quelques têtes remuent par ci par là, mais ce que je vois surtout, ce sont des visages impassibles ou interrogateurs. Moi aussi je m’interroge : comment un groupe pareil a-t-il pu se retrouver en première partie de Clutch ? Ce ne sont pas les formations rock qui manquent à Bordeaux (ou Toulouse, ou Pėrigueux…), alors pourquoi eux ? Je leur aurais peut-être donnė une chance dans un contexte diffėrent, mais ce soir j’ai des attentes de luxe, pardon.
La foule se resserre pour Clutch. Le roadie en chef du groupe (qu’on pourrait prendre pour Neil Fallon… de loin) fait son tour d’inspection, et les lumières s’ėteignent ENFIN. Lorsque le morceau d’intro funky « We Need Some Money » de Chuck Brown & The Soul Savers résonne dans la salle, la bonne humeur s’empare du public. Les gars s’avancent tranquillement sur scène, et dès que Neil Fallon empoigne le micro, c’est la folie furieuse dans le pit. Pour citer ma pote Sofie : « Neil Fallon est un chamane ». On ne le quitte pas des yeux. C’est physiquement impossible. Honnêtement : j’ai ESSAYÉ ! Et puis, en plus de son magnétisme et de son charisme indéniables, Neil, c’est une voix. Ce timbre de bluesman noir, cette puissance, cette soul, on les retrouve en live, et ça scotche. Le côté statique du groupe autour de lui peut surprendre au vu de la teneur rock’n’roll de leur musique, mais Fallon occupe tellement l’espace qu’au final, la sobriété des autres membres n’est pas forcément un mal.
Avec une première moitié de set rentre-dedans, l’ambiance dans la salle est électrique. La preuve : ça pogote sévère dans le centre de la fosse, et partout ailleurs, ça danse de façon frénétique. Les quelques slammeurs qui m’atterrissent dessus attestent de l’ambiance qui règne au Krakatoa (et je peux vous dire que le public bordelais ne tient pas toujours une telle forme). Le groupe joue « Earth Rocker » dans sa quasi intégralité, mais qui va s’en plaindre vu l’énergie brute dégagée par ce disque ? Les quelques morceaux de « Blast Tyrant » ne remportent pas autant de succès (excepté « The Mob Goes Wild », évidemment), nous laissant un temps de pause pour ensuite mieux nous délecter d’un super jam instrumental prodigué par le groupe. Jean-Paul Gaster envoie une impro de batterie qui met tout le monde d’accord. S’en suit le slow tempo acoustique « Gone Cold », vrai bijou que le groupe exécute plus rapidement que l’original… et c’est bien dommage.
Le rappel ? On le veut, on l’EXIGE pendant de longues minutes. Finalement, le groupe s’exécute avec le sourire et ré-embraye sur des morceaux à potentiel pogo +1000. Neil nous remercie chaleureusement pour l’accueil, et nous promet de revenir plus souvent.
Ne croyez pas ceux qui disent que Clutch joue du stoner rock : c’est trop facile d’étiqueter ainsi un groupe à grosses guitares. En vrai, Clutch, c’est du putain de rock’n’roll qui prend ses racines au plus profond du blues et du rhythm’n’blues. De vrais artistes, loin de ces rockstars qui en font des tonnes et misent tout sur l’attitude et le visuel. Quand on est bons, pas besoin d’en rajouter, et ça Clutch l’a bien compris…
SETLIST :
Earth Rocker
Mr Freedom
D.C Sound Attack
Profits
The Mob Goes Wild
Regulator
Book, Saddle & Go
Unto The Breach
The Face
Big News I
Promoter
Gone Cold
Crucial Velocity
——————-
Cyborg Bette
The Wolf Man Kindly Requests
Electric Worry
Last modified: 10 décembre 2016