Tout nouveau festival à tendance stoner, le STONE RISING FEST (lancé par Are You Stoned Inc. et Stoned Box Asso) dans l’est de la France a réussi le pari de rameuter plusieurs centaines de personnes, et de filer des bonnes vibes et de cool souvenirs aux festivaliers présents pendant ces deux jours. Présente le samedi soir au Clacson, c’est un report behind the scenes que je vous offre là, avec une mise à l’honneur des deux têtes de l’affiche de la soirée : KADAVAR et MARS RED SKY. Mise sur orbite immédiate.
ON THE ROAD WITH MRS
Même si le blog est partenaire de l’évènement, il n’était pourtant pas prévu que je me rende au fest. En fait, j’avais initialement prévu d’aller à Paris dans le week-end pour interviewer Kadavar lors de leur show à la Maroquinerie. Mais c’était sans compter sur l’offre faite par Mars Red Sky de les accompagner sur leurs dates du Stone Rising Fest et de Zurich. J’embarque alors pour un fantastique road trip de Bordeaux à Lyon dans le très confortable van Vito du groupe… Un trajet au cours duquel j’assiste à des scènes aussi improbables qu’une lutte acharnée pour écouter Nostalgie, et que la vision d’un Julien Pras dormant dans des positions limite surhumaines. Les 8 heures de route dans les dents, c’est sous le soleil que nous débarquons au Clacson d’Oullins, accueillis par une équipe aussi cool que pro. L’interview avec Kadavar est calée pour 18h, mais on m’apprend qu’ils n’arriveront pas avant 19h30. Ah, on a le temps de prendre l’apéro alors ?
UN OEIL DISTRAIT SUR LES PREMIÈRES PARTIES
Il est 20h, et c’est sur la digestion que commence le premier concert. Engagée auprès de Mars Red Sky comme assistante roadie, mon point d’ancrage de la soirée est le stand merch du groupe. Je ne vois donc qu’une infime partie des sets de Space Fisters et Slut Machine, mais de ce que j’entends, les premiers (dont le nom me fait encore sombrement ricaner) jouent un rock assez speed (ils citent The Hives dans leur listing d’influences) qui fait presque oublier qu’on est à un fest stoner. Les deuxième ont un son un poil plus lourd et font preuve d’une énergie qui, même si tu n’accroches pas forcément au son, est tellement contagieuse que tu ne peux que valider l’effort. Alors ouais, là encore « c’est pas 100% stoner » comme j’ai pu l’entendre dans les couloirs, mais c’est le genre de groupe qui te fait passer un bon moment, et les gens sont avant tout là pour ça. Ma position au merch me permet de capter les discussions, et je constate que pas mal de gens découvrent ce mouvement musical. La « candeur » de cette frange des festivaliers contribue d’ailleurs vraiment à l’esprit bon enfant de l’évènement.
MARS RED SKY OU LA CLAQUE
Comme d’hab, c’est avec grand calme et professionnalisme que le trio se pointe sur scène. Le temps de veiller au grain du côté du merch, et je rejoins rapidement la foule pour être témoin de la mandale. J’observe plusieurs comportements dans la salle : les fans, qui sont surexcités dès qu’un hit du premier album pointe son nez, les amateurs concentrés en pleine analyse du phénomène, et les néophytes complètement retournés par tant de puissance et de majesté. La combinaison des trois donne un public attentif mais réjoui. À chaque aller-retour stand-salle, je constate qu’il fait de plus en plus chaud et humide dans cette dernière, et que les gens ont envahi l’escalier de secours latéral pour admirer le groupe « vu du ciel ». C’est une cérémonie Stoner avec un grand S auquel on assiste là (les fumées enivrantes l’attestent). Et la projection vidéo qui surplombe Mat, leur nouveau batteur, enfonce encore plus le clou dans le genre « séance de lobotomie opérée au fin fond du désert ». Pour être la VRP du groupe en ce soir de festival, les retours positifs pleuvent, et les nouveaux fans accourent pour se procurer le dernier EP « Be My Guide« . Mars Red Sky prouve une fois de plus qu’ils sont une valeur sûre de la scène psyché française, et c’est avec fierté que j’irai les soutenir, eux, ainsi que Glowsun et Abrahma au Desertfest London dans une semaine.
KADAVAR OU LA MÉGA CLAQUE
Et comme en plus d’être de bons zikos, ce sont des mecs biens, Jimmy, Julien et Mat prennent le relai au merch pour me permettre d’aller voir le trio berlinois KADAVAR. Bon, je précise que je n’ai toujours pas fait mon interview, mais je compte bien les choper à la fin du gig (tant pis pour eux). Ils mettent bien quarante ans avant de monter sur scène, l’impatience se fait sentir dans les rangs. En moins d’un an, ce groupe de proto-rock psyché a bénéficié d’un buzz monumental dans le milieu et même en dehors, et on voit clairement qu’ils sont méga attendus par les centaines de personnes présentes. Voilà enfin Wolf, Tiger et… un nouveau bassiste ?! Dafuq ? Mammuuuut, où es tu ? Bon, notre remplaçant a pour lui d’avoir une belle gueule (et le look vintage qui va bien). Et puis merde, même s’il met du temps à faire décoller le groove, il s’en sort plutôt pas mal. Parce que ce que vous ignorez sûrement, c’est que ce jeune homme fait son premier concert avec Kadavar, notre ami le Mammut ayant quitté le groupe une semaine plus tôt. 5 jours chrono pour apprendre un répertoire, un premier set devant 400 personnes mené à bien, on peut dire qu’il a du cran. La fan intransigeante que je suis ressent tout de même de l’amertume à l’idée de ne pas pouvoir groover sur le toucher incroyable de ce bon vieux Mammut… Car si Kadavar est un groupe aussi peu conventionnel, ce n’est pas uniquement à cause de leur pattes d’eph’ en velours et des dreamcatchers pendus à leurs cous, mais bien parce qu’ils sont putain d’exceptionnels instrumentalement parlant. Entre les solos déjantés de Wolf à la gratte et le swing de OUF de Tiger à la batterie, on ne sait franchement plus où donner de la tête. Trop de talent, trop de bon son, trop le kif. Le pogo est archi violent dans la fosse, honnêtement j’ai envie dire que ça devrait être interdit à ce stade. On écoute du putain de rock 70’s mais ces gars bourrinent comme s’ils étaient en train de jouer du punk ! Ils donnent tellement de leur personne en live que, que ce soient avec les hits du premier EP ou les tout nouveaux sons que personne ne connaît, la scène prend FEU instantanément. Je ne sais pas quoi dire d’autre à part : si vous êtes un tant soit peu rock, allez les voir. Vous repartirez avec 20 ans de culture musicale en plus dans les oreilles.
Bon, ovation, tout ça, mais moi il faut absolument que je retrouve les Allemands pour mon interview. À force de persistance, je tombe enfin sur Lindemann, qui me sourit et m’invite dans sa loge pour notre entretien, qui prendra au final la forme d’une discussion à coeur ouvert, loin du quart d’heure promo réglementaire. Affable, chaleureux et honnête, je n’aurais jamais rêvé meilleur client que Wolf pour le job. Seul bémol de cette demi-heure à la Ellen Degeneres, j’entends au loin ABRAHMA qui entament leur set, et je ne retourne dans la salle qu’au moment de leur dernier morceau, qui n’est autre qu’une cover de Soundgarden. On me dira plus tard que les pauvres ont subi des pannes de courant à répétition, et auront du avorter leur show pour respecter le couvre-feu. Goddamn bad luck… L’heure du remballage a sonné, puis l’heure du dodo au B&B trop cool à la périph’ de Lyon. Le lendemain, nous prenons la route pour de nouveaux horizons (Zurich ! Ach ! Ja !) et une ambiance totalement autre, puisque MRS ouvrent pour l’incroyable rockeuse Shannon Wright. Le Stone Rising restera donc gravé dans ma mémoire comme un super évènement sur deux jours fort d’une excellente ambiance, encadrée par un staff au top, et au public relativement hétéroclite (une particularité des concerts stoner). Et on murmure déjà qu’il y aura un Stone Rising Fest 2…
Last modified: 14 avril 2014