Le trio doom THE GATES OF SLUMBER vient tout juste de sortir un EP en téléchargement gratuit via le pourvoyeur de gros son Scion A/V. « Stormcrow » est leur première galette depuis l’album « The Wretch » sorti en 2011 chez Rise Above. Et parce que gratuité n’est absolument pas synonyme de médiocrité, Karl Simon et ses potes nous offrent là cinq titres vraiment énormes, pour ne pas dire parmi les meilleurs qu’ils aient pondu depuis un petit moment. Si vous ne connaissiez pas The Gates Of Slumber, vous allez comprendre avec cet EP que ces trois costauds peuvent se targuer d’être les dignes héritiers du classic doom à l’américaine. Prise préconisée dès le ptit dèj, et à fond s’il vous plaît.
Enregistré par Sanford Parker (qui était responsable de la prod sur les précédents albums du groupe), cet EP n’a rien de l’EP qu’on laisse passer ou qu’on écoute d’une oreille distraite. « Stormcrow » est un concentré pur jus de « raw doom metal » comme le groupe aime à le dire, sans entrées en matière cérémonieuses ni longueurs assassines… Car l’unique propos de ce disque est de TABASSER grave de la première à la dernière seconde. Jamais le groupe n’aura autant révélé son penchant (complètement assumé) pour les classiques de Saint Vitus.
Quand la voix de Karl Simon prend d’assaut les enceintes sur le premier morceau « Death March », c’est comme si l’aura puissante de Wino dégoulinait de toutes parts dans la pièce. Le vraiment très cool « (Devil’s Grip) – Driven Insane » enfonce le clou, dans le genre écho modernisé de « Born Too Late », et pour le coup on peine presque à faire la différence avec Weinrich. Je n’irai pas jusqu’à dire que Dave Chandler aurait pu se taper l’incruste dans cette petite sauterie, mais pas loin. Cela étant, leur interprétation de ce doom « so ’86 » est tellement brillante qu’on se laisse faire, forcément.
L’EP signe par ailleurs le retour d’Iron Bob derrière les tonneaux, qui vient (re)former avec Jason McCash un combo basse-batterie magnétique et surpuissant. En véritable association de malfaiteurs, les trois musiciens prennent un malin plaisir à nous prendre par surprise, en tapant ça et là des accélérations déroutantes ou des solos de guitares virtuoses. Le genre de démonstrations qui iront jusqu’à faire oublier le côté ultra rébarbatif d’un certain « Son Of Hades », à mon goût seul gros point noir de cet EP. L’EP se clôt sur le vibrant « Of That Which Can Never Be », apothéose naturelle de ce rituel de presque 30 minutes : le tempo ralentit encore, les grattes se font plus pesantes et résonantes, et McCash et Iron Bob entérinent le tout avec génie. Le groupe a clairement décidé de prendre le trône par la force.
THE GATES OF SLUMBER signe avec « Stormcrow » son disque le plus doom, le plus viril et sans détours. Les thèmes abordés (dépression, solitude, dure réalité de la vie…) n’ont rien de très original, c’est clair, mais la voix de Karl Simon transpire tellement l’amertume et la désillusion qu’on se surprendra souvent à penser : « mec, comme je te comprends ». Encore un de ces frontmen qui a le don de transmettre les sentiments les plus obscurs, un de ceux qui vous feraient adhérer à n’importe quoi… Le son de THE GATES OF SLUMBER n’a jamais été aussi puissant, et le groupe n’a jamais été aussi efficace que sur cet EP. Les fans de la vieille école deviendront fous à l’écoute de « Stormcrow », et les néophytes découvriront le genre comme on écoute un best-of pointu pour se mettre à la page. Already CLASSIC.
ARTISTE : THE GATES OF SLUMBER (site web)
ALBUM : « Stormcrow EP »
DATE DE SORTIE : Mars 2013
LABEL : Scion A/V
GENRE : doom métal
NOTE : ✩✩✩✩
Last modified: 14 octobre 2013