KARMA TO BURN : tornade heavy sur l’Europe !

Written by Interview

On peut assurer sans fausse modestie que KARMA TO BURN sont incontestablement les rois actuels du rock instrumental. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi si peu de groupes perçaient dans le registre instrumental ? Parce que ça nécessite une grande intelligence artistique et un sens inné du cool pour créer des morceaux qui n’ont aucunement besoin d’un faire-valoir vocal pour exister.
KARMA TO BURN c’est : trois rockers talentueux avec un réel instinct créatif, qui sont connectés au travers de leurs instruments comme personne d’autre et qui sont également des hommes humbles et super abordables. Je n’ai pas pu résister bien longtemps avant de contacter les gars, pour finalement discuter avec le bassiste Rich Mullins à propos de leur tournée européenne interminable, de leur dernier album « V » et… tout simplement afin de faire un peu mieux connaissance avec ce groupe si unique en son genre !

The Heavy Chronicles : D’abord merci beaucoup de prendre le temps de répondre à mes questions. Comment se passe cette tournée européenne estivale ? 

Rich Mullins : Super bien. Comme si on avait fait progresser notre show autour de cette machine menaçante dénuée de sentiments que nous sommes capable de devenir en live [NDLR : en V.O. Rich fait une référence directe à la chanson de The Cult « Love Removal Machine »].

C’était votre deuxième apparition au Hellfest. Maintenant qu’on peut vous considérer comme des « habitués » là-bas, dis-moi quel est ton ressenti vis-à-vis du festival ? 

Rich : J’adore ce festival. Il est excellent à tous niveaux, et a une atmosphère incroyable. Sans mentionner le fait que l’affiche dont on a fait parti cette année était carrément incroyable.

 

 

Je vous ai vu en live deux fois, la première dans un bar minuscule à Poitiers en décembre 2009, et la deuxième dans une salle moyenne à Périgueux en novembre 2010, et je trouve vraiment que les petites salles sont beaucoup mieux pour apprécier vos performances. Ma question : à quand un retour aux sources et faire des concerts dans des petites salles ? 

Rich : Eh ben pour être honnête tu as là un échantillon réduit de choix de tailles sur 2 shows, et aucun des deux n’était vraiment un gros concert donc je trouve légèrement présomptueux le fait d’avancer que nous sommes meilleurs dans les petites salles que les grandes. Le plus souvent tu retires à la hauteur de ce que tu as donné. On peut tout déchirer sur n’importe quelle type de scène, dans n’importe quelle salle, et peu importe le moment, tant qu’on vit à 110% l’instant et qu’on relâche nos démons intérieurs. On a fait des concerts incroyables devant 80000 personnes et aussi dans notre salle de répèt pour un de nos amis, donc ça dépend vraiment des circonstances, comme pour tout dans la vie. On adore jouer en live et c’est ce pourquoi on est faits donc franchement, peu importe le concert, le moment et le lieu : on sera là.

«V» est à présent sorti, une fois de plus vous avez livré un album de haut niveau. Que signifie son titre ? Virginie [NDLRl’état américain d’où est originaire le groupe] ? Vendetta ? Victorieux ?… 

Rich : Cinq. C’est notre 5ème album. Le chiffre cinq implique plusieurs interprétations. Pas mal ont à voir avec la voie de la main gauche [en référence à l’occultisme] et d’autres avec notre histoire personnelle. Toutes ces interprétations s’y prêtent à merveille.

J’ai ressenti comme un changement subtil dans votre son, ce côté stoner super heavy que vous aviez dans «Wild Wonderful…Purgatory» ou «Almost Heathen» est moins prédominant. Comment ça vous est venu ? 

Rich : Honnêtement, je suis pas sûr de ce qu’est du stoner super heavy. J’ai l’impression que souvent les journalistes musique appliquent des étiquettes à la musique pour la décrire plus facilement, au lieu de chercher à exprimer ce qui les a en particulier touché dans un morceau. Le heavy rock est habituellement joué avec de la distortion et un accordage en C comme avec les Melvins. Le stoner est associé à Kyuss, pourquoi j’en sais rien, il y a pourtant des milliers de morceaux qui ont été composées avant eux et qui utilisent le son qu’ils ont, tous joué par des musiciens qui fumaient des joints, mais en effet, stoner semble être le terme approprié. Donc j’imagine que tu trouves que « Wild Wonderful…Purgatory » et « Almost Heathen » sonnent comme un mélange entre Kyuss et les Melvins, ce qui est cool de ta part vu que ce sont deux très bons groupes. Quoiqu’il en soit on écrit ce que l’on trouve intéressant d’écrire. Cet album est singulier car on a composé la plupart des sons pour que Daniel [NDLR : Davies, chanteur de Year Long Disaster qui a posé sur « Appalachian Incantation » et « V » et les a accompagnés en tournée en 2010] puisse chanter dessus. Sauf « 47 », qui était strictement instrumental depuis le départ. Et puis on a décidé qu’on en avait assez de Daniel, on a pris les autres chansons et on les a réduites pour en faire des morceaux instrumentaux. Je pense que ça s’apparente à un travail plus subtil par rapport à nos précédents albums. Il faudrait franchement une oreille expérimentée pour décrypter « 49 » et « 48 » et deviner dans quoi on se dirige juste par leur structure. Peut-être que ce travail subtil nous a éloigné de ce côté « stoner super heavy », ouais ? En tout cas, merci pour le compliment, c’est très gentil de ta part.

Vous avez enregistré «V» au Studio 606 de Dave Grohl, en Californie : qu’est ce que vous avez retiré de ce studio que vous n’auriez pas eu ailleurs ? 

Rich : Des micros de fou, une super vibe et John Lousteau, quelqu’un avec qui on a direct accroché.

Et si on parlait de Monsieur Daniel Davies, je crois savoir que c’est un collègue de longue date… Comme lors de «Appalachian Incantation» il a enregistré des voix sur quelques morceaux qui sont, à mon humble avis, parmi les meilleurs morceaux que le groupe ait jamais fait. Est ce que votre « ère 200% instrumentale » est terminée ?

Rich : Non. Cela dit on a la scène pour continuer à expérimenter ce genre de choses…

 

 

Parlons maintenant de la vie au-delà de la musique : comment tu me décrirais une journée type lorsque vous êtes pas en tournée ? 

Rich : Chatons, Satan, Tournois de Poker, Fouilles Archéologiques, Jeu Télévisés, Sacrifices Humains et Cartoons. C’est une journée normale. Tu devrais venir essayer avec nous un de ces quatre.

Et au contraire, c’est comment la vie quotidienne en tournée ? 

Rich : Chatons, Satan, Sacrifices Humains, Cartoons. Tu devrais aussi venir essayer ça avec nous.

Cite moi quelques-uns de tes albums préférés du moment… 

Rich : « Yo Yo Ma plays Ennio Morricone », « Freakazoid » de Midnight Star, « Drivers Seat » de Sniff N The Tears.

Tout au long de votre carrière vous avez su créer un son unique, le « son KTB », une empreinte indéfinissable mais pourtant instantanément reconnaisable. Vous ne sonnez comme aucun autre groupe existant, pourtant vous avez forcément injecté vos propres influences ici et là… Quelles sont ces influences ? 

Rich : Nos influences principales sont clairement Black Flag, Sonic Youth, Slayer, Joy Division, et ACDC. Si tu prends les morceaux un par un, sur nos 15 premiers sons tu peux vraiment le sentir. A partir de « Nineteen » on a vraiment fait les trucs à notre sauce. Bien que franchement, il y a à la base une osmose entre Will et moi que vraiment, personne d’autre n’a.

Si des fans acharnés devaient retracer une frise de l’évolution du trio instrumental le plus cool de toute l’histoire du rock, comment tu leur décrirais cette évolution au fil des années ? 

Rich : Hahah. T’es vraiment trop sympa. Je pense vraiment que l’évolution s’est produite naturellement et par conséquent j’en suis trop proche pour vraiment la discerner. « On ne se révèle pas seul à soi-même » est ce que Freud, Jung et compagnie disaient souvent, et ça sonne vrai dans ce cas précis. Si on pouvait avoir ce recul sur nous-même de cette façon, on serait de bien meilleures personnes et également de bien meilleurs musiciens, j’en suis certain.

Dernière question mais pas la moindre, voilà un truc que je demande à tous les artistes : si on vous disait « hey, voilà vous allez pouvoir faire un méga show avec les artistes de vos rêves (morts ou vivants) »… L’affiche ressemblerait à quoi ?

Rich : Je pense qu’on voudrait jouer avec ACDC période Bon Scott, Motorhead avec Fast Eddie à la gratte, et les Butthole Surfers. Ça c’est mon affiche de rêve. Que quelqu’un rende ça possible !!!

Merci encore Rich, je vous souhaite le meilleur pour la fin de cette tournée européenne et pour votre retour au bercail. Et n’oubliez pas : les Français vous adorent alors vous êtes plus que les bienvenus dans notre pays, quand vous voulez !

Rich : On aime la France, et franchement on adorerait bouger dans la campagne française et venir y enregistrer notre prochain album ici. Quelque part près de Cheniers [NDLR : dans la Creuse], espérons que ça se produise !

Retrouvez toutes les dates de leur tournée et le dernier album « V » sur www.k2burn.com

Last modified: 16 février 2014