LINKIN PARK « A Thousand Suns » (Warner Music 2010)

Written by Chronique

« Le petit LINKIN PARK est attendu par sa maman à l’accueil »… LINKIN PARK s’est perdu ? Pour de bon ? OH. QUE. OUI. Après leur album Midnutes to Midnight, pas trop mal mais très loin du style auquel ils nous avaient habitués (on ne peut pas faire éternellement la même chose, me direz-vous), LP revient avec, eeuuuh…

La théorie de l’enlèvement par les extraterrestres effleure l’esprit lorsqu’on écoute A Thousand Suns. Ou peut-être Raël (Rick Rubin et sa grosse barbe ?) a-t-il converti Shinoda, Bennington et Hahn, qui semblent être les seuls membres encore actifs du groupe. En effet, où sont passées les guitares, basses et autres instruments, quand ne jouent plus que boîtes à rythmes, synthés et autres sons venus de l’inter-espace ? Où sont passés les hurlements brûlants de Chester Bennington, quand ne résonne plus qu’une voix doucereuse et presque en retrait ? Finis les passe-passes entre Shinoda et Bennington, les deux voix ne font désormais plus qu’une pour un résultat insipide.

Après une double intro « sortie de l’atmosphère », on se tape donc Burning In the Sky, un premier morceau pop-rock ultra-fade qui contient en tout et pour tout le seul solo de gratte de l’album, et les fameuses nappes de piano dont Shinoda commence un peu trop à raffoler. Woups ! Et ce n’est que le début d’un album post-apocalyptique mêlant discours politiques/scientifiques sur fond de musique aérienne, et morceaux à des années lumière de leur nu-metal 00’s (nu-metal is dead anyway). LINKIN PARK veut désormais faire passer ses messages sans détours, certes la forme est étrange, mais l’intention est là.

When They Come For Me et Wretches And Kings : 2 morceaux rap bien trempés (Mike Shinoda prépare-t-il son come-back avec FORT MINOR ?), jouissif tellement c’en est surprenant. Le premier, sorte d’égo-trip façon « je vous emmerde, et alors ? » est accompagné d’un beat tribal lourd et d’une touche orientale bien sentie. Le deuxième est un véritable manifeste anti-technologie (contradictoire pour un groupe qui ne jure plus que par Reason ou ProTools) introduit par ces mots : « There’s a time when the operation of the machine becomes so odious, makes you so sick at heart, that you can’t take part (…) and you’ve got to indicate to the people who run it, to the people who own it, that unless you’re free, the machine will be prevented from working at all« . Ce dernier est plus industriel et ponctué par l’intervention de Chester qui cette fois donne un peu de sa personne. Voilà pour moi les 2 morceaux marquants de l’album. Retour imprévu du rap dans leurs morceaux, envie de se révolter contre la société, peu importe le motif, l’intention est bien là.

Quant au reste, on a The Catalyst qui a été entièrement composé par un inconnu suite au concours organisé par LP « The Catalyst featuring YOU », au son 200% indus et définitivement fait pour la scène; Blackout, morceau électro-dance qui pète totalement un câble au milieu de cet album mi-figue mi-raisin; Robot Boy, ses voix légères comme des nuages et son « solo » de synthé qui nous amène assez haut dans la stratosphère, et The Messenger, baisse de tempo acoustique où Chester s’écorche la voix pour nous délivrer un message d’espoir « When life leaves us blind/Love keeps us kind« .

Le reste du disque n’est que pétard mouillé et musique pop indus sans saveur, nappes de piano téléphonées et rébarbatives. Entre 2 interludes façon musique new-age, on a vaguement l’occasion d’entendre de « vrais » morceaux : 9 titres sur 15 au total. Léger, hein ? On reste sur un goût d’inachevé de part et d’autre de l’album.

Certains auront pu critiquer la similitude entre Hybrid Theory et Meteora, mais on ne pourra certainement pas leur reprocher d’avoir apporté une sonorité bien à eux. D’avoir rendu des gens fous par cette audace à mélanger deux courants qui n’étaient à la base pas faits pour s’entendre. On aura pu reprocher (je l’ai fait) à Midnutes To Midnight d’être un virage à 90°C vers un rock plus mainstream, mais au moins l’album s’écoutait. Ici on tient un album qui s’écoute trop vite (chaque chanson donne envie d’être zappée aussi sec), dont on retient peu de choses musicalement, et dont le contenu qui se voulait novateur et contestataire, n’est qu’apesanteur (donc vide) et synthétique (donc creux). Un album 100% décalé, totalement aux antipodes du rock et de toute musique amplifiée palpable. Extrêmement décevant lorsqu’on pense acheter le nouvel album d’un groupe de rock, mais assez convenable lorsqu’on ferme les yeux sur le nom et qu’on est ouvert à toute éventualité. Sont-ils déjà parmi nous ?…

ARTISTE : LINKIN PARK
ALBUM : « A Thousand Suns »
DATE DE SORTIE : Septembre 2010
LABEL : Warner Bros Records
GENRE : Metal indus / ambient / post-rock
NOTE : ✭

Last modified: 19 octobre 2013