Conan + Lord Dying @ Le Connexion (Toulouse, 04.11.23)

Written by Live

C’est la tempête, le déluge, voilà près d’une heure que je roule sur une départementale avec les essuie-glace à pleine vitesse, flirtant avec les vitesses maximales autorisées. Un seul objectif en tête : arriver à l’heure pour le concert de ce soir. Voilà ce qui arrive quand on se permet une escapade en amoureux alors que Noiser l’avait annoncé : ce soir, ça attaquera tôt. Et hors de question d’être en retard car c’est ni plus ni moins qu’une leçon de lourdeur à la britannique que nous sommes venus prendre ce soir. Conan est de retour dans la ville qui ne sera plus rose mais noire en hommage aux maîtres du Caveman Doom. (PHOTOS: Ügo’s Eye)

Lorsqu’enfin ma course effrénée touche à son terme et que j’ouvre les portes du Connexion, le tout premier accord de Lord Dying résonne dans la salle pour le dantesque “In a frightful state of gnawed dismemberment”. Pendant près d’une heure, les Américains ont la lourde tâche de préparer le terrain pour Conan et le style de ces derniers est tellement spécifique que ce n’est pas une mission facile.  Pourtant, armé de son mix de NWOBHM et de doom thrash avec quelques envolées prog, le groupe arrive à embarquer le public. Il faut dire qu’en live, Erik Olson est particulièrement charismatique, Flying V vissée sur le torse, donnant de la voix aussi bien criée que mélodique. De l’autre côté de la scène, c’est Alyssa Mocere de Eight Bells qui officie désormais à la basse et c’est peu dire que de constater qu’elle apporte une bonne dose de violence et de street cred au combo.

Même si je trouve peu judicieux de ne pas avoir installé le frontman en milieu de scène, le groupe assure un set d’abord très puissant mais qui se permettra des incartades de plus en plus posées et prog sur “The Clearing At the End of the Path” ou “Envy the End”. “I Am nothing, I Am Everything” vient clore le set dans une ambiance plus lourde que jamais. 

Alors que le stand de merch a déjà été dévalisé par les 200 valeureux qui ont bravé le vent, la pluie, le passage à l’heure d’hiver et donc la nuit prématurée, Conan se met en place. Première surprise, ce n’est pas le line-up habituel qui assurera ce soir mais nous n’y perdons pas au change. Si Chris Fielding ne nous régalera pas de ses lignes de basse rondes et lourdes comme un ciel orageux (on y revient), son remplaçant sur cette tournée nous offrira des lignes plus directes et plus tendues ainsi que des chœurs particulièrement soignés et puissants. 

Pour ceux d’entre vous qui n’ont jamais vu Conan en live, c’est assez simple. Tous les potards sont dans le rouge, vos poumons cherchent à sortir de votre cage thoracique tandis que vous prenez à peu près 30 bars de pression dans les dents. C’est d’une puissance rare, d’une lourdeur sans équivoque et pourtant ça sent bon le D.I.Y. et le punk hardcore. Au fond, qu’importe la setlist ou les albums, on vient pour voir Jon Davis (le talentueux, pas le chanteur de Korn) nous triturer les oreilles en martelant sa Les Paul devant un mur d’ampli à faire trembler les fondations de tout le quartier. Un ami m’a dit : “Conan, c’est comme si tu écoutais le dialogue entre deux géants qui s’interpellent chacun d’un côté de la vallée, perchés sur des montagnes”. Et toi, au milieu, tu te prends ce débit de fréquences basses et de riffs velus sans vraiment tout comprendre si ce n’est que c’est unique et parfois c’est tout ce que tu recherches. 

Le public ne s’y est pas trompé, aux habitués de la scène stoner / doom de Haute Garonne, on retrouve une tranche de nouveaux visages qui ont tous une histoire du genre “d’habitude j’aime pas trop ce style mais j’ai vu Conan une fois et waouh”. Ce soir encore, la magie opère, 55 minutes montre en main pour retourner les cerveaux et les tympans de son public, n’en jetez plus ! Côté setlist, on retrouvera les classiques “Volt Thrower”, “Hawk as a weapon”, “Prosper on the Path” mais aussi “Gravity Chasm”, “Paincantation” et “Levitation Hoax”, offrant le contre pied death doom nécessaire dans un tel set.

Voilà, malgré la météo et ce mal de dos naissant qui me vaut d’être en mode lombalgie sévère alors que j’écris ces lignes, j’ai vécu un nouveau concert de Conan de grande qualité. Moins marquant, évidemment, que lorsque vous découvrez le groupe en live la première fois et clairement pas aidé par ce mal de dos mais ravi de cette soirée qui se finira d’ailleurs non loin d’ici avec ce que la scène doom a de meilleur dans un bar où nous serons rejoint plus tard par… l’équipe de Conan, Lord Dying et Noiser au grand complet. Mais ça, c’est une autre histoire.

Last modified: 20 novembre 2023