À la vue du nom du groupe, du visuel de la pochette et du label, vous pensez savoir ce qui vous attend avec cette galette de DEADLY VIPERS : une tonne de fuzz qui va dégouliner au fond de vos cornets. Ca n’est pas totalement faux. Mais il y a bien plus que ça. Et vous n’êtes pas prêts.
Si « Low City Drone » n’est que le deuxième LP en une grosse dizaine d’années d’existence des Français, je me réjouis qu’ils aient pris le temps de trouver la bonne formule, que ce soit avec les bonnes personnes mais aussi dans l’écriture, correspondant à leurs attentes. Oui parce que les nôtres, d’attentes, il faut avouer qu’elles étaient relativement modestes, vu que quand il s’agit de notre underground national, on a toujours un complexe d’infériorité envers ce qui se fait « ailleurs ». Et on a bien tort, encore une fois. Car le Deadly Viper Assassination Squad s’est entraîné dur pour tailler la concurrence et la faire passer de vie à trépas à grands coups de pelle riffs torgnoles et compos aussi mortelles que les attaques de Black Mamba.
Désormais, de concurrence stoner il n’y a plus. De « vrais » groupes stoner non plus, d’ailleurs. Mais les Deadly Vipers sont là eux, faisant feu de tout bois, reprenant le flambeau abandonné dans le désert de Mojave et venant planter le feu sacré dans le sud-est de la France, là il fait déjà tout le temps trop chaud et où l’aridité est également culturelle.
À force d’expériences au sein de divers groupes, nos quatre lascars maîtrisent désormais parfaitement leur sujet et, fidèles au stoner qui les inspire, injectent dans les compositions de « Low City Drone » autant de petites touches psyché vintage que des caisses de riffs plombés et autres bastons mortelles de fûts, le tout avec une voix qui sait se fondre dans les ambiances et se pose magnifiquement sur des paroles inspirées d’un monde de dingues qui part en lambeaux. Car si les thématiques du genre sont souvent plus orientées sur la légèreté sous toutes ses formes, il n’en est rien ici. Les Deadly Vipers ont choisi d’évoquer un point de basculement sociétal et de s’inspirer d’écrits de Science-Fiction dépeignant les travers de l’Humanité plutôt qu’un futur idéalisé. Malgré la gravité du sujet, point de fatalisme mais bien l’envie d’en découdre pour améliorer tout ce bordel ambiant et en extirper le positif.
Qui aurait cru que le meilleur album de desert rock cette année serait français et claquerait autant de nuques par une sortie aussi magistrale ? Après Palm Desert, voici Cabestany Fuzz City.
Last modified: 28 novembre 2022