Kadavar + Mars Red Sky + Hällas @ Alhambra (Paris, 14.11.19)

Written by À la une, Live

Avec son nouvel album transylvanien « For the Dead Travel Fast » sous le bras, KADAVAR refoule les scènes européennes cet automne après un été bien chargé en festival. Un album qui souffle un peu le chaud et le froid, qui veut retourner à une source plus psychédélique des débuts mais qui dénotent aussi une volonté de tester des choses, plus gothique mais pas toujours de façon très homogène. Peu importe se dit-on, en live, les riffs sont toujours là et l’énergie échevelée du trio est toujours prompt à relever le niveau avec la garantie de n’être jamais déçu. Enfin on l’espère.

Pour débuter, il est dommage qu’HÄLLAS se produise sous une lumière très diffuse, car leur style flamboyant méritait une belle mise en scène, d’autant plus quand on se costume avec de belles capes et un maquillage satanico-glam. Mais là, c’est à peine si l’on distingue les visages. Est-ce pour cela qu’on a du mal à rentrer dans le set ? Possible. En tout cas ce n’est clairement pas le cas du public bien présent dès le début de la soirée, avec une petite partie venue semble-t-il en priorité pour faire honneur aux Suédois. Le quintet déploie sans trop forcer un rock (très) rétro, mi-boogie, mi-prog, pas si éloigné de celui de leurs compatriotes Horisont. Chanté en anglais avec un énorme accent suédois, les morceaux se permettent de flirter avec une ambiance fantastique-médiévale tout en gardant une certaine fraicheur et un charme suranné. Je reste toujours étonné de voir une foule de stoneheads se pâmer devant une kitcherie space disco comme « Star Rider », surtout par les mêmes qui ont très probablement gueulés sur l’évolution de Ghost. Mais les métalleux ont leur raison que la Raison ignore, et les Suédois sont accueillis pour ce court set comme s’ils tenaient le haut de l’affiche. Et tant mieux pour eux.

Après les avoir vu roder « The Task Eternal » en première partie d’Earthless en mai ou en showcase au Hellfest, MARS RED SKY peut enfin nous faire juger le rendu de son dernier opus en live. Enfin partiellement, puis qu’ils ne joueront que les titres les plus évidents mais pas forcément les plus aventureux de celui-ci. Assez logiquement donc, « The Proving Grounds » ou « Collector » se fondent parfaitement dans le set du trio. Pros et à l’aise à la fois, les Bordelais enfoncent encore un fois le clou avec leur son toujours aussi lourd et précis, mariant la mélodie et le riff dans un style unique toujours pas égalé dans son originalité (et c’est tant mieux). On aurait bien entendu un petit « Recast » ou un « Soldier On » mais c’est parce qu’on aime bien faire la fine bouche chez THC. Le public présent ce soir n’en demandait pas tant et semble conquis.

Ambiance tamisée et intro lugubre pour nous mettre dans l’ambiance, c’est bien son nouvel opus que KADAVAR vient défendre en enchainant les premiers titres de celui-ci. Hélas, l’impression semble un peu la même que sur disque et le trio tente un mix d’ambiance pour un résultat hétérogène. L’énergie est pourtant là et heureusement, les singles de « Berlin » et « Rough Times » sont toujours présents pour faire le job, à savoir faire remuer les têtes et les jambes. Preuve en est que ces albums pas toujours aimés remplissent toujours leur office. Par contre, on peut déplorer que le son de l’Alhambra n’est probablement pas idéal pour le trio, trop mat, presque pas assez brouillon, toujours est-il qu’on perd un peu de la dynamique du groupe et rend une bonne partie du set un poil poussive. D’autant plus quand en début de rappel, les Berlinois se lancent dans une intro pleine de vagues nappes de synthés pas très passionnante, avant de lancer un « Children of the Night » sympathique mais qu’on aurait préféré entendre interprété par les impeccables Uncle Acid et ses Deadbeats (oui c’est un peu cruel mais l’influence est là, vous ne pouvez pas nier).

Peu importe car le public, composé de millenials comme de boomers, n’est pas dérangé outre mesure et reserve un bel accueil au groupe, avec applaudissements et pogos plus que nourris, notamment dans le final qui pioche évidemment dans les vieilleries du trio. Bilan mitigé de mon côté donc. Je crois que je préfère le Kadavar de festival, qui bénéficie d’un plus gros son et d’un set plus compact. Tant pis pour ce soir mais j’attends la revanche.

Last modified: 17 novembre 2019