« CONAN sont aussi heavy qu’un tonnerre interplanétaire amplifié au travers du trou de balle rugissant d’Azathoth. » Honnêtement, on n’a jamais lu une description plus juste du groupe. Le trio de Liverpool s’acharne à détruire les amplis et annihiler la paix depuis maintenant treize ans, et leur dernière galette « Existential Void Guardian » les voit pourtant affiner leur modus operandi, pour un album qui apparaît à la fois plus complexe et plus direct. Fan numéro 1 de Conan à la rédac, Razort a posé quelques questions bien senties à leur frontman historique Jon Paul Davis entre deux dates européennes.
Je pense que la plupart des gens vous ont découvert grâce à ce clip complètement pété pour « Foehammer » (sorti le jour de la Saint Valentin 2014, il y a déjà 5 ans… Que d’amour !) Peux tu nous en dire un plus sur le concept de cette animation si fascinante, s’il y en a un ? Y avait-il une idée particulière derrière, ou vous avez laissé carte blanche à son créateur ?
Jon Paul Davis : Le concept était l’idée de l’équipe vidéo, vraiment. Je ne m’implique pas trop dans les idées hors compos, je préfère laisser les autres donner leur propre interprétation. Ils avaient l’idée de cette bête se nourrissant de la nature, pour devenir bien plus. Je suis vraiment content du résultat.
Vous avez rejoué au Hellfest cette année avec le line up originel (et les growls de Chris qui m’avaient beaucoup manqué). J’ai trouvé que c’était un concert très « noir ». Votre son n’a jamais été aussi grésillant, il semble évoluer depuis Throne Of Fire en quelque chose de plus violent, rapide, presque satanique… Et vous aviez fini par du blast pendant quelques secondes juste après votre titre le plus lent, j’ai trouvé ça excellent et totalement débile ! Ecoutes-tu un peu de black metal, des trucs qui bourrinent dans le genre et qui pourraient un jour te donner envie d’accélérer la cadence ?
JPD : C’est le cas, oui. Chris écoute énormément de black metal, j’aime pour ma part tous les genres du plus lent au plus fulgurant, du genre Black Cobra, Cyanide etc. Johnny a joué et joue encore dans des groupes beaucoup plus speed, donc j’imagine que ça se ressent forcément dans notre musique.
Je me souviens de soirées très enfumées à faire tourner votre discographie en boucle… J’ai toujours trouvé que Conan prenait tout son sens dans une cave de club saturée de fumées (vous êtes passé deux fois à Bordeaux, et c’étaient parmi mes meilleurs concerts). As-tu déjà réécouté tes propres musiques dans des états plus qu’approximatifs ? Si oui, est-ce que ça t’a inspiré des choses en particulier ?
JPD : Je ne prends pas de drogues…
Autre festival : je t’ai vu monter sur scène avec Slomatics au Roadburn en 2017. C’était un chouette concert, et pour ma part un des meilleurs festivals que j’ai pu connaître jusqu’ici… Aimeriez-vous un jour remonter sur scène là-bas ? Si oui juste avec Conan, ou en featuring avec d’autres musiciens pour des projets éphémères et uniques ?
JPD : Le Roadburn est un super festival, et on a eu la chance d’y jouer déjà deux fois. Qui sait ce que le futur nous réserve ?
Comment se passe le processus de création ? As-tu des images en têtes avant de pondre un riff, ou est-ce que ce sont les riffs qui t’inspirent les thèmes ? Personnellement, je vois toujours des créatures démoniaques se mettre des coups de marteaux et d’épées dans la gueule, dans des paysages boueux et très brumeux.
JPD : C’est assez inhabituel, mais la plupart du temps, les morceaux émergent dans mon esprit sous sa forme presque finale. Je pense à une ligne ou un riff, et ensuite tout s’assemble dans ma tête sans que j’ai le temps de dire ouf. En ce qui concerne les thèmes, je base généralement tout le morceau sur ce que la première ou deuxième ligne de riff m’inspire.
En parlant d’images, les visuels d’Anthony Roberts qui vous accompagne depuis vos tout débuts sont juste incroyables, presque indissociables de votre univers. Ils sont d’ailleurs une de mes principales sources d’inspiration en tant que dessinateur. Comment avez-vous découvert son boulot ? Est-ce important pour vous de garder cette identité visuelle forte ?
JPD : Lorsqu’on a enregistré « Horseback Battle Hammer », John McNulty (notre bassiste de l’époque) nous l’a recommandé. On a discuté, puis la collaboration s’est faite tout naturellement. Il a toujours été à nos côtés et sait exactement ce qu’on attend de lui. L’identité qu’il a créé autour de Conan nous convient à la perfection, et chaque nouvelle idée de sa part est toujours excellente. J’ai hâte de bosser avec lui sur la pochette du nouvel album !
Anthony compte t-il un jour éditer une BD ou un artbook avec ses créations ? Si oui, je lui jette mon porte monnaie direct.
JPD : Pas pour le moment, mais ce serait une bonne idée !
Peux-tu citer cinq groupes ou albums qui t’accompagnent toujours dans ton processus de création ?
JPD : Slomatics, High on Fire, Thorrs Hammer, Neil Young, NOFX.
Et pour finir, une question essentielle si on se recroise un jour sur Bordeaux : pinte de bière ou verre de vin ? Merci à toi et à bientôt !
JPD : Très sûrement le vin, car j’ai bu bien assez de bière sur cette tournée !
Retrouvez CONAN en France ce mois-ci, ainsi que sur Facebook et Bandcamp.
« Existential Void Guardian » est toujours disponible chez Napalm Records.
Last modified: 3 décembre 2019