HIGH ON FIRE « Electric Messiah » (eOne 2018)

Written by Chronique

Le futur président Matt Pike n’est pas encore en campagne  et pourtant il est déjà sur tous les fronts. À peine 6 mois après la sortie du nouvel album de Sleep, et entrecoupé de concerts avec ces diverses formations, voilà qu’avec HIGH ON FIRE il nous sort ce « Electric Messiah » bien chargé. Et personne ne s’en plaindra.

D’autant plus que le trio revient dans une forme olympique. Matt Pike lui-même ne tarit pas d’éloges sur ce qu’il considère comme leur meilleur boulot. Alors on lance l’album avec une certaine pression. Pourtant, pas de chamboulement, la prod bien lourde de Kurt Ballou est toujours là et on est envahi par la tornade de grosse caisse et de toms basses de Des Kensel. De son côté, Pike enchaîne les gros riffs. Mais Pike est un guitariste versatile, et son jeu de guitare est bien différent de celui de chez Sleep. Ce sont presque deux guitaristes qui s’expriment, avec un rig différent mais aussi dans des registres plus variés, comme ici avec ses formidables solo-cavalcades bien heavy. Surtout, High on Fire est bien son vrai bébé et Pike en est ici le maître et le moteur. 

De sa voix profonde et rocailleuse, Pike prouve encore une fois qu’il n’est pas qu’un émule de Lemmy mais bien un artiste à part entière, avec son art unique et ses obsessions. Le morceau-titre est certes un bel hommage déférent au défunt Motörhead, mais le reste nous envoie dans cet habituel mélange d’inspirations mythologiques et fantastiques, comme un mix dégénéré de la Bible et d’ouvrages de Lovecraft. Ca nous donne, je cite, « un opéra rock sur la civilisation sumérienne et ses origines » (le morceau en trois parties »Steps of the Ziggurat/House of Enl ») ou un histoire de sorcière et d’homme-chien (« The Witch and the Christ »). Des théories conspirationnistes délirantes auxquelles Pike croit plus ou moins, mais qui donnent surtout un terreau d’écriture formidable à ce féru de science-fiction et de fantastique. 

Cet opus tire son épingle du jeu par une variété de registres qui manquait un peu au précédent. Les ruées furieuses sont évidemment là, mais l’album ménage le tempo avec quelques ralentissements, comme pour sonder les profondeurs abyssales de l’humanité (un « Sanctioned Annihilation » de plus de 10 minutes). L’humeur se fait aussi bluesy comme sur « Drowning Dog », morceau de clôture plus moody, comme peut le composer Mastodon, où la batterie laisse un peu plus d’espace à cet opus bien dense. 

Bref, l’Église du Saint Sludge Heavy Punitif ne manque pas d’apôtres, comme Mantar ou Black Tusk encore récemment. Mais avec cet opus, Matt Pike vient rappeler à ces jeunôts qu’il en est le messie électrique, présent encore longtemps pour délivrer le message du dieu Riff.

ARTISTE : HIGH ON FIRE
ALBUM : “Electric Messiah”
DATE DE SORTIE : 5 octobre 2018
LABEL : Entertainment One Music
GENRE : Heavy thrash metal
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Last modified: 11 octobre 2018