Il y a comme un air de septième ciel du Stoner en ce dernier jour de DESERTFEST LONDON, à commencer par une performance retentissante du trio doom MONOLORD au coeur de la spectaculaire salle du Roundhouse. Au vu des groupes de légende qui vont fouler le sol du complexe de Chalk Farm Road, et la progra doom/perchée plus qu’alléchante de l’Underworld et du Black Heart, ça sent la rando entre les salles à plein nez ! Mais bon, un festival sans un peu de frustration n’en serait pas un, pas vrai ? C’est parti ! (PHOTOS : JOHN WHITE)
L’ambiance est calme voire maussade tandis CHRCH se lancent à l’étage du Black heart. Errant sur scène comme un fantôme égaré, Eva Rose fait une vocaliste captivante pour le quintet funeral doom de Sacramento, tandis que le groupe rampe de morceau en morceau. Les riffs sont déjà fabuleux, mais ce sont bien les mélodies à contre-courant, et proches de la perfection, qui donnent toute sa beauté à leur doom moderne. Le morceau « Infinite Return » tremble et frémit, personne ne bouge ou n’applaudit, les corps ondulent tandis que la désolation ne broie pas le Black Heart, non : elle fond sur lui comme la brume du matin sur un cimetière. Un show qui en impose, et qui me donne de suite envie de voir ce que le groupe nous offrira dans le futur.
Nos chouchous de Boston ELDER font tellement partie des meubles qu’on avait à peine remarqué qu’ils étaient à l’affiche cette année. En sus, les visuels kaléidoscopiques projetés en arrière-plan sont un peu légion de nos jours ! Un arrêt de métro, et hop, et nous arrivons juste à temps au Roundhouse pour voir DiSalvo, Couto et Donovan envoyer les jams de « Reflections on a Floating World ». Le désormais quatuor a comme toujours un light show de fou, ce qui rend leur rock progressif encore plus spectaculaire. La foule de fidèles grandissante contemple ces favoris incontestés du festival comme s’ils étaient des leurs, tandis que le groupe s’engouffre dans les riffs de « Sanctuary » et de l’immense « Compendium ». Le mix brouillon manque de gâcher la fête, mais Elder parviennent quand même à catapulter le Roundhouse dans le cosmos.
Fuzz Yeah ! Les voilà enfin ! Les pontes du stoner rock californien NEBULA reviennent après une absence remarquée, et nous sortent de notre torpeur avec leur riffs acharnés. Avec des morceaux de choix comme « To the Center », « Perfect Rapture », « Clearlight » et les paroles intemporellement simplistes de « Smokin Woman », il est clair que les hymnes stoner composés par Nebula il y a lunes de ça ont résisté à l’épreuve du temps. Eddie Glass a des airs de rockstar cool fraîchement revenue de la plage avec ses cheveux en bataille, son t-shirt tie’n’dye, ses lunettes cheap, sa Strat usée suspendue à son épaule. Et même si Mike Amster (batterie) et Tom Davies (basse) ne sont pas à leur max côté section rythmique, ces héros californiens ont les jams qu’il faut pour nous envoyer dans l’inter-espace. Les riffs de Glass pulvérisent l’assemblée qui shake son booty jusqu’au soir sur « Sonic Titan » et « Fall of Icarus. Mais Glass pète une corde vers « All The Way », ce qui fait retomber le soufflé et l’entrain de début de set. On se réjouit quand même de ce sacré bond dans le passé !
Il est l’heure. L’heure d’être témoin de l’une des performances les plus explosives de tout le week-end. Les super sludgers de Vancouver BISON et leur tout dernier album « You Are Not The Ocean You Are The Patient » se sont hissés sans peine au sommet de notre best of 2017. « C »est pas bientôt fini, les superlatifs ? », dites-vous. Héééé… non. Bien que le peuple présent à l’Underworld (malgré les têtes d’aff jouant du décibel au même moment au Roundhouse) ait vu parmi les groupes Doom les plus Doom de la galaxie en cette dernière journée de festival, on ne peut pas nier que BISON se posent comme le groupe qui réveillera les instincts les plus primaires des fans de gras ici présents. Comme une tornade de Force 12 s’abattant sur cette antiquité de Camden Town, nos bûcherons assassins envoient bûche après bûche dans un fracas sludge post-hardcore qui n’en finit pas de scotcher la foule. On vient d’atteindre la perfection en terme de violence absolue.
Rien de tel qu’un bon gros headliner pour nous rendre jouasses, et il n’y a pas à dire : la grande première de MONSTER MAGNET au Desertfest London est pile poil ce qui nous fallait. Dave Wyndorf et la compagnie sont dans une forme monumentale, notre frontman stoner préféré arpentant la scène avec cet entrain et ce sex appeal qui le caractérisent, comme au bon vieux temps. Avec « Dopes to Infinity » en guise d’ouverture, les grands Monster Magnet nous gratifient d’un set best-of ponctué de quelques nouveautés balèze comme « Mindfucker » et « Rocket Freak ». Le quintet de New Jersey bénéficient d’un son à se damner ce soir dans le majestueux théâtre du Roundhouse – même si la salle n’est pas tout à fait pleine, quelques centaines de festivaliers étant à l’Underworld pour le second set de Weedeater du week-end. Dave harangue la foule à tout va, et on se dit qu’on est en train d’assister à l’une de ces performances qui resteront dans les annales du Desertfest. Monster Magnet mènent le show comme si c’était leur dernier jour sur Terre, et si c’était le cas, ce serait un jour fabuleux. Je n’oublierai pas de sitôt ces trois mille Desertfesters reprenant en choeur les paroles de « Negasonic Teenage Warhead » et « Space Lord », et les cinq hommes en noir ne l’oublieront pas non plus.
Nous y voilà, ça y’est, la fête est finie… Vraiment ? Les quatre fantastiques DEATH ALLEY ne le voient pas de cet oeil-là, avec un set spécial à l’Underworld, c’est l’heure « Black Magic Boogieland » ! Le déhanché et les santiags blanches de Douwe Truijens étincellent dans la nuit, suivis de près par le doigté éblouissant de Oeds Beydals à la gratte, tandis que le groupe entame « Headlights in the Dark » et « Murder Your Dreams » tirés de leur nouvel album « Superbia ». Quelle belle façon de clore les hostilités ! Les crowdsurfers s’envolent, au dessus de ceux qui peuvent se considérer comme l’un des meilleurs groupe de party rock actuels, taillés pour un after show de festival comme ce soir. Truijens met le feu à sa cowbell sur « Stalk Eyed » avant que Death Alley ne tirent leur révérence sur une belle reprise du « Search and Destroy » d’Iggy Pop, et bien sûr une grosse dose de « Supernatural Predator » pour nous faire suer et kiffer jusqu’au bout de la nuit.
Quel week-end monstrueux ! Chapeau bas aux organisateurs Jake Farey et Reece Tee, à tout le staff qui a pris soin de nous, nous a vendu du merch et servi de la bière pendant ces trois jours. C’est un honneur de voir cette scène et ce festival prospérer sous le soleil de Camden. Et quant à la fameuse formule dont je parlais quelques jours plus tôt, et bien, elle fait ses preuves. On remet ça l’année prochaine ? Oh oui ! On attend le cru 2019 avec impatience maintenant !
Last modified: 5 octobre 2018