WHEELFALL « The Atrocity Reports »

Written by Chronique

Les nancéiens de WHEELFALL nous ont offert en octobre dernier leur troisième album The Atrocity Reports, d’une intensité rare pour un disque de metal indus, tant dans le son que dans l’inspiration. Si la chronique n’arrive qu’aujourd’hui, c’est qu’il m’a fallu un peu de temps pour bien assimiler un tel monument…

 

Mais revenons brièvement sur les débuts de WHEELFALL. Leur premier album Interzone (2012) était déjà un concept-album mais la forme, très stoner, ne reflétait pas ce que le groupe souhaitait réellement faire musicalement. Donc on vire tout le monde et on repart à zéro, derrière un leader emblématique qui impose sa vision des choses ? Et bien non, on est pas chez les Guns ici, Madame ! Aucun changement de personnel, et même un ajout, avec un clavier, pour travailler encore la mise en son de la vision de leur musique. Paraît ensuite le déroutant Glassrew Point (2015), double album très ambient assorti d’un roman, plus sombre et plus du tout farniente dans le désert. Le virage n’en est pas un, c’est plutôt le véritable premier album que le groupe souhaitait enregistrer, après s’être cherché et avoir progressé dans la retranscription de leur vision. Mais à sa sortie, je n’étais pas prêt à apprécier cet album, trop occupé à défricher et découvrir le gros rayon stoner. Quelle erreur…

Alors quand sort The Atrocity Reports, je n’attends pas une suite à Glassrew Point mais à être surpris par la forme que prendra ce nouvel album. Plus court mais non moins intense, l’introductif « The Way To Every Crime Is Ours » annonce la couleur : thrash indus endiablé et thématique qui va nous mettre mal à l’aise (voyeurisme, tueurs en série, manipulation, etc.). Bref, un album qui va demander un effort à l’auditeur et qui se révèlera après plusieurs écoutes. Contrairement à d’innombrables groupes, la musique de WHEELFALL est complètement liée aux textes et à ce qui les influence : thèmes philosophiques (autorité, acceptation) mais également cinématographiques (épouvante, horreur), alimentant la réflexion et faisant raisonner les émotions via la musique.

Mais il serait dommage de réduire The Atrocity Reports à la bande son d’un film d’horreur. Non, c’est bien plus que ça. C’est la bande son du côté sombre qui sommeille en chaque être humain, et qui n’attend qu’un déclic pour surgir. Cette violence sous-jacente est accompagnée par un metal indus que l’on aurait aimé entendre chez Prong, si T.Victor n’avait pas viré au melo chiant, ou chez Ministry avant le départ de P.Barker : de la rudesse, de la vitesse, de la lourdeur et un chant en parfaite adéquation, comme un instrument supplémentaire qui vient influencer le rythme des morceaux.

Ce regard froid et dur que WHEELFALL pose sur une société qui ne serait (vraiment ?) que de la fiction ne s’écoute que d’une manière : en entier. Impossible de dissocier les titres, même s’ils sont relativement courts ou que le très dynamique « Violence is Seduction » en serait un excellent porte drapeau.

Pour profiter de l’expérience, écoutez-le au calme, afin d’en saisir la substance et d’apprécier comme il se doit le travail des Nancéiens. Parce qu’un groupe d’une telle qualité, qui associe musique et littérature, est une espèce rare, de celle que l’on considèrera culte 10 ans après la fin de leur activité. Ne passez pas à côté de The Atrocity Reports, vous le regretteriez.

Ndr : un grand merci à Fabien Wayne Furter pour la discussion m’ayant permis de découvrir en détail les influences de cet album.

ARTISTE : WHEELFALL
ALBUM : « The Atrocity Reports »
DATE DE SORTIE : 6 octobre 2017
LABEL : Apathia Records
GENRE : Metal indus
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Last modified: 22 février 2018