Première fois que je mets les pieds à Glazart, il était temps ! Première soirée Stoned Gatherings également, et pas des moindres ! C’est un véritable mini-festival parisien qui a lieu aujourd’hui, et qui ramènera pas moins de 650 personnes dans ce joli lieu très bien aménagé, avec notamment cette fameuse « plage », transats, bars, merch bien fourni, et cabanes diverses dissimulées sous une petite végétation… Un chouette décor qui annonce la couleur et pose l’ambiance vacances en ce dimanche très ensoleillé sur la capitale. Nous filons sur la route sans plus tarder pour la première partie des concerts ! (PHOTOS : Sylvain Golvet)
PARTIE 1 : Road 66
KING BUFFALO : Le Désert. J’arrive sur la fin du show des américains qui officient dans un stoner lourd teinté de blues rock sudiste, très plaisant à l’oreille. Je pars errer au hasard à la découverte des motifs psychédéliques qui ornent les murs ainsi que les lumières hypnotiques projetées dessus à certains endroits de la salle. Une idée assez originale et en totale adéquation avec les concerts de ce genre d’événements.
CHILD : Le Vent Chaud. Encore une sorte de blues rock mêlé à du stoner, un brin plus mélodieux que tout à l’heure, et dans un esprit plus 70’s. Solo langoureux et chauds, parfois planants, parfois dansants, un chant tout à fait charmant qui donne envie d’aller écouter tout ça allongé sur le sable à l’extérieur… Je regrette de ne pas les découvrir sous la Valley du Hellfest ! Au lieu de ça, je m’adosse à un mur dans la pénombre et ferme les yeux pour mieux apprécier ces sonorités vintages qui me rappellent méchamment Dewolff par moments. Des envolées tout en lourdeur. Les basses grésillantes et écrasantes font sensiblement augmenter la chaleur. Une découverte très agréable qui semble avoir illuminé le cœur de nombreuses âmes. Et il en faudra de la lumière, car la soirée semble s’assombrir de plus en plus…
JOE BUCK YOURSELF : Le Bar. Un affreux jojo aux dents bien jaunes et déformées qui joue solo sur sa gratte acoustique tout en tapant du pied sur une grosse caisse en agitant sa crête ébouriffée. Je ne comprends pas trop ce qu’il fait à l’affiche d’une soirée comme ça, mais visiblement ça rassemble quelques joyeux fidèles qui se rapprochent tout devant pour chanter avec lui. Pour ma part je suis vite lassé, et visiblement je ne suis pas seul : la salle s’est bien vidé, alors je suis le mouvement pour aller boire un coup les pieds dans le sable avant la seconde partie de cette soirée qui sera sans surprise la plus éprouvante… Bifurquons vers le nord, direction le Nevada, pour aller rejoindre un trio originaire lui aussi du nord (de l’Europe), plus précisément de la sainte patrie des feuilles vertes odorantes…
PARTIE 2 : Area 51
TONER LOW : Le Décollage Gluant. Juste putain de lourd et gluant. Changement de registre total. Ce n’est pas la première fois que les hollandais se rendent en ces lieux (j’ai ce souvenir âpre d’avoir raté les Doomed Gatherings durant lesquelles ils ont joué leurs trois albums sur trois jours.) Pour ma part c’est une première fois. J’arrive durant les balances pour apercevoir une bassiste aux tresses noires aussi longues qu’elle-même, un mini Matt Pike armé d’un casque anti-bruit sur les oreilles, et un dreadeux arborant des Rayban pour se protéger de la lumière des feuilles de cannabis violettes projetées sur toute la scène. Ce sera d’ailleurs le seul éclairage disponible, plongeant toute la salle dans une pénombre très propice à leur musique, qu’ils nous balancent sans prévenir en pleine tronche. Le son augmente au fur et à mesure et finit par former une couche hermétique de vibrations qui submergent la foule de plus en plus désorientée et en délire (un peu trop par moments). L’air devient très vite moite, et malgré quelques pauses marquées entre les titres (ce qui a tendance à casser le trip), la température ne diminue pas. Je ne saurais lister les morceaux avec précision tant mon cerveau finit à l’état de bouillie, à l’exception du tout dernier : « I », de l’album « II », qui nous achève et nous fait dire haut et fort : « Vite ! De l’air ! »
ELDER : La Stratosphère. Génies. Juste des putains de génies. Après une rapide pause dans la « fraîcheur » de l’extérieur, préparons nous à un second niveau de voyage spatial, plus sobre mais tout aussi psychédélique. Le trio américain a muté en quatuor avec une guitare supplémentaire, ce qui ne laisse présager que du bon. Nous sommes au point culminant de la soirée : c’est tout simplement impossible de circuler, et les ventilateurs de la salle ne font que brasser de l’air chaud chargé d’humidité. Dommage pour l’ambiance, car Elder devrait s’apprécier plutôt en open air, le soir, sous les étoiles et une douce brise plus adéquate. Un enchaînement parfait ouvre le bal : « Sanctuary » et « The Falling Veil » de leur dernier chef-d’oeuvre Reflections of a Floating World, immédiatement suivis par « Compendium » de Lore, le tout noyé dans des lumières multicolores, des motifs géométriques et des vortex étoilés qui nous propulsent à mille années lumière de la Terre. La suite est tout aussi parfaite et jonglera entre titres du dernier album aux sonorités pink floydiennes et anciens titres tels que la sublime « Gemini », venant clôturer leur prestation quasi parfaite et électrique. Nous sortons de cette étuve pour nous préparer avant le dernier morceau de gras auditif de la soirée…
ACID KING : L’Univers Lent. Juste putain de lent et hypnotique. Le trio américain est déjà en place lorsque j’entre dans une salle beaucoup moins dense que tout à l’heure, et qui le restera étrangement (peut-être la faute aux horaires de transports de dimanche soir.) Début de concert tout dans la lenteur et les mélodies de « Silent Pictures », avec son introduction à rallonge qui nous plonge progressivement dans un bain de fumées épaisses et étouffantes. La machine se met doucement en marche et nous emmène très progressivement dans des hauteurs inaccessibles, avant de nous lâcher dans un trou noir de basses à la fois lourdes et suaves, où résonne la voix démoniaque et enjôleuse de Lori. Beaucoup de titres de ce dernier album Middle Of Nowhere, Center Of Everywhere composeront la suite de la setlist, avec notamment le mastodonte « Laser Headlights » qui me laisse totalement errant dans les limbes d’une dimension parallèle. « 2 Wheels Nation » me ramène momentanément sur la terre ferme et roule sur l’assistance qui chante en chœur le refrain de cet hymne à la non sobriété et aux grosses cylindrées. Après ce qui m’a semblé être un concert de 4 heures, un rapide rappel, et les américains nous quittent pour aller rejoindre leur demeure spatiale, quelque part dans un système solaire lointain, on ne sait où exactement… Autant vous dire que le retour à la réalité fut extrêmement difficile après une telle soirée, qui aura bien engraissé les tympans et vidé les esprits.
Une très bonne expérience qui risque de se reproduire le 8 octobre avec un plateau des plus lourds : Windhand, Conan, Monolord et Satan’s Satyrs (event FB) !
Last modified: 8 novembre 2017