Un groupe de doom allemand… Comment écarter mes à priori sur la musique de nos voisins, et écouter l’album de manière objective ? Je suis loin d’être béat d’admiration devant les sonorités lourdes, psychédéliques et éthérées de certains groupes teutons, peut-être par esprit de contradiction avec l’avis général, plus sûrement par goûts personnels en marge de la majorité. Donc OBELYSKKH sort son quatrième album en huit ans et j’avoue que c’est le premier que je découvre, n’ayant encore jamais entendu parler du groupe auparavant. Et pour évoquer The Providence, c’est finalement la meilleure des choses, n’ayant pas de point de comparaison avec leurs précédents albums.
The Providence, pièce de presqu’une heure en seulement six morceaux, ne se cache pas derrière ses influences et les met en avant dès la pochette, entre déchaînement des éléments et allusion à des au-delà, qu’ils soient spirituels ou tout droit sortis de romans de science-fiction.
L’entrée en matière ne fait pas de doute quant à ce que va être cette écoute : la définition de la lourdeur. OBELYSKKH développe des atmosphères doom impossible à qualifier, incomparables tant elles sont difficiles à s’extirper et dépassent de beaucoup la normale du genre. Ce côté hypnotique est renforcé par des riffs lancinants et répétitifs qui emportent l’auditeur dans un univers plus sombre que jamais, mais qui donne une envie irrépressible de bouger son corps, secouer sa tête et abandonner son esprit et son âme à cette créature réincarnée en message sonore.
C’est au moment où on s’est laissé emporter par les instruments que surgit la voix : jouant sur les effets, elle se met en valeur pour, tour à tour, caresser le voyageur dans le sens du psychédélisme par des incantations maléfiques, ou tabasser l’auditeur à grands coups de hurlements dignes de rites sacrificiels destinés à transformer le monde en chaos sonique. Le tout sur un même morceau.
Si la basse dicte le rythme et l’ambiance, tantôt massive et au premier plan, tantôt discrète et en retrait, mais toujours rampante et oppressante, c’est bien la guitare qui fait la différence, groovy à souhait, voire bluesy, mais jamais clichée ou essayant d’en mettre plein la vue techniquement, et finissant par créer l’addiction à ce doom si particulier. OBELYSKKH ne laisse aucun répit, enchaînant les mouvements, avec la grâce et l’agilité d’un bulldozer déplaçant des montagnes, aussi efficace dans sa puissance que méthodique dans la progression et inéluctable quant à l’issue : on finit ensevelit sous The Providence. Et on en redemande.
De manière surprenante, l’aspect monolithique de The Providence est en fait un atout, permettant d’apprécier pleinement les atmosphères que nous offre le groupe : un doom redoutable, voire imparable, pour celui qui aura l’audace de se laisser envoûter par les Allemands. The Providence, hailed by The Lord.
ARTISTE : OBELYSKKH
ALBUM : « The Providence »
DATE DE SORTIE : 21 avril 2017
LABEL : Exile On Mainstream
GENRE : Stoner doom
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Last modified: 12 juillet 2017