JOHN GARCIA est une légende vivante. Kyuss, Hermano, Unida, Slo Burn, Vista Chino : autant de groupes devenus cultes pour tout aficionado du genre. Alors quand le bonhomme sort de son silence, on tend forcement l’oreille. Ses productions passées ont fait des émules, ses choix plus récents ont fait moins d’adeptes, mais aucune de ses productions ne laisse totalement indifférent. Peut-on pour autant tout lui pardonner ? Mon avis est partagé sur la question et « The Coyote Who Spoke In Tongues » en est le parfait exemple.
Je ne vais pas vous faire le bla bla habituel, genre « John Garcia, la quarantaine bien tassée, s’est assagi en solo, etc » (tout ça parce qu’il met de côté l’électricité le temps d’un album). Bullshit ! Le coyote nous pond neuf titres acoustiques avec une émotion non feinte. Malgré la délicatesse inhérente à ce genre d’exercice, on sent un Garcia toujours prêt à y mettre ses tripes et toute son âme, tant sur les titres connus que sur ses nouvelles compositions. Et on l’entend véritablement sincère, à n’en pas douter.
Pourtant j’ai beau me plonger dedans, m’isoler complètement au casque, ça ne me transcende pas. Si par malchance je venais de me réveiller d’une hibernation cryogénique d’une trentaine d’années, ou si j’étais né après 1996 et que je ne connaissais rien de ses faits d’armes, je dirais que j’ai entre mes deux oreilles une sorte d’americana assez sobre tendance Sioux-dans-le-tipi-au-coin-du-feu. Et c’est tout. Seuls « Argleben II » (en référence à un titre de son premier opus solo) et « Court Order » (instrumentale qui clôt l’album) ont réussi à me faire frétiller l’oreille.
Sauf qu’au final, je ne suis pas Han Solo et je n’ai pas été congelé dans la carbonite : j’ai 37 ans et Kyuss m’accompagne depuis presque vingt ans. Et là je dis non. J’avais répondu présent pour Kyuss Lives! (mémorable concert au Bataclan), Vista Chino… Mais nous réchauffer quatre vieux titres (cinq, si on compte le « Kylie » issu des sessions de son premier album) sur les neuf que compte cette galette… Ca s’appelle capitaliser sur les cendres chaudes d’un glorieux passé.
John Garcia nous explique qu’il avait envie de se faire plaisir entre potes, et que c’était pour le coup plus compliqué qu’il n’y paraît d’adapter ces chansons en acoustique. Mais quel intérêt de toucher à ces monuments du stoner ? Si John est légitime pour les triturer, les revisiter, l’intérêt m’a échappé. « Green Machine » déjà, chuchoté, puis « Space Cadet » surtout, qui traîne des pieds… et au bout du compte c’est l’ennui qui me gagne. Reste les deux titres clôturant l’album qui ont su quelque peu relever mon intérêt (alors que ce sont pas les titres les plus enjoués).
Alors quoi ? Trente balles pour cinq nouveaux titres ? Et demain, John Garcia chante Kyuss façon Bossa Nova ? Et à Noël, on a aura droit à « Welcome to Christmas Valley » ? Ce n’est pas moche, ce n’est pas fantastique, c’est juste inutile. Alors plutôt que de nous la jouer archiviste ou conservateur du musée stoner, honnêtement John, tourne la page. Tu vaux (beaucoup) mieux que ça.
ARTISTE : John Garcia
ALBUM : « The Coyote Who Spoke In Tongues »
DATE DE SORTIE : 27 janvier 2017
LABEL : Napalm Records
GENRE : Desert folk
PLUS : Facebook – Napalm Records
Last modified: 27 janvier 2017