Du rock au doom : les albums les plus cool de 2016.

Written by Chronique

L’heure de la traditionnelle sélection de fin d’année recensant tous nos coups de coeur est arrivée ! Mais ce cru 2016 marque un léger changement, car ce ne sont plus seulement les favoris de votre réd’ chef bien aimée, mais également ceux d’une partie de la team THC qui sont mentionnés ici. Partez donc à la découverte des sorties heavy, stoner, doom, rock et assimilés qui ont le plus tourné sur nos platines physiques et virtuelles, et régalez-vous…

Beeho’s Hottest Round of 2016

KVELERTAK « Nattesferd » (Roadrunner Records / Indie Recordings)

Six ans, trois albums : le sans faute. Non, je n’ai pas honte d’une telle affirmation (qui pourrait bien finir sur le sticker promo de l’album, merci de créditer THC) et, oui, OUI : désormais, le sextet norvégien a tout des plus grands. Toujours catalogué « black metal/hardcore » par les plateformes de streaming (sic), nos berserkers se gènent pourtant de moins en moins pour incorporer ces clins d’oeil au hard rock et heavy 80’s qu’ils adulent, tout en gardant l’étincelle punk metal parfois blackisante qui rend le tout – nous y compris – aussi instable qu’un baril de napalm. Comme sur Kvelertak et Meir, chaque titre est un hymne calibré pour le live, et Erlend Hjelvik continue de mener ses troupes au combat sans peur du lendemain. Pour faire court : si vous aimez déjà le groupe, foncez sur cette nouvelle galette. Si vous ne connaissez pas encore, foncez aussi. Avec leur feu inextinguible, KVELERTAK n’ont pas fini de renouveler le genre metal à grands coups de mjolnir supersonique !

ALL THEM WITCHES « Live in Brussels » (New West Records)

Certes, un album live ne contient à priori aucun composition originale, et ne devrait donc pas se retrouver dans une sélection de nouveautés. Mais ALL THEM WITCHES font figure de cas à part, car chacune, je dis bien chacune de leurs performances offre une expérience unique, un rituel chamanique dont vous sortirez électrisé à coup sûr. Repensant entièrement ses morceaux pour la scène, le quatuor heavy psyché de Nashville envoûte et transcende. Prenez juste le jam « Blood and Sand/Milk And Endless Waters », ou encore l’intro « Death Of A Coyote Woman » et vous oublierez vite les versions studio. Les riffs s’allègent, l’orgue se fait chuchotant… Moins heavy, plus aérien, le groupe parvient à créer une atmosphère intimiste tout du long, tout en gardant l’intensité d’origine. L’Ancienne Belgique est réputée pour produire d’excellentes captations audio, et il va sans dire que ce Live In Brussels dépasse de loin tout ce que vous avec précédemment entendu de la part de ce fabuleux groupe… jusqu’au prochain album !

TRUE WIDOW « Avvolgere » (Relapse Records)

Le rock n’est pas toujours une histoire de riffs. Il n’est pas toujours synonyme de révolution. Parfois, il se contente d’être une porte sur vos émotions, vous susurrant à l’oreille exactement ce que vous aimeriez entendre. Avvolgere est de ces albums qui accompagnent les saisons pluvieuses, sa mélancolie vous submerge et baigne vos tympans de son « stonegaze » sombre et langoureux, parfois acéré, mais jamais incisif. Dans la continuité de leur premier opus Circumambulation, TRUE WIDOW ne cherchent en rien l’innovation. Les riffs cristallins glissent sur une montagne de Big Muff poussées à fond, suivant son fil low tempo grungy-doom sans jamais s’en écarter. Le chant nébuleux de Dan Phillips et Nicole Estill laisse si contemplatif, que c’en est presque de l’ordre du rêve. Dix titres irrésistibles de sobriété, que vous aurez déjà fait tourner en boucle plus d’une fois avant de remettre un pied sur terre. 

WO FAT « Midnight Cometh » (Ripple Music)

Alors que l’on découvrait WO FAT il y a quelques années grâce aux défrichages infaillibles de Small Stone Records, c’est sur le label américain Ripple Music – qui a plus ou moins pris la relève de SSR sur la scène heavy internationale – que les rois incontestés du stoner bluesy nous reviennent avec leur sixième album. Comme avec un entrecôte du marché bien juteuse, il n’y a rien à jeter dans ce nouvel opus des Texans… si ce n’est de la bière à la volée, pour rafraîchir l’atmosphère lourde et poussiéreuse dans laquelle le trio aime tant nous faire évoluer. Tout fuzz dehors, Kent Stump et la team rocket nous assènent coup sur coup grosses mandales à pogo (« Riffborn », « Three Minutes To Midnight ») et rituels doomy-bluesy à faire sortir Satan de sa tanière, LA marque de fabrique du groupe. À accompagner d’un vieux whisky on the rocks, ça va de soi. 

Ont aussi tourné en boucle : Rival Sons « Hollow Bones » – Mantar « Ode to The Flame » – Boss Keloid « Herb Your Enthusiasm » – All Them Witches « Lightning At The Door » – Slomatics « Future Echo Returns » – Whores. « Whores » – Asteroid « III » – Child « Blueside »

 
Pete Green’s Sweetest of 2016

ÅRABROT « The Gospel » (Fysisk Format)

De la musique à priori monstrueuse d’ÅRABROT, surgit la beauté la plus pure. Je dois avouer que lorsque j’ai appris que Kjetil Nernes avait été diagnostiqué un cancer de la gorge peu de temps après le Desertfest 2015, je craignais le pire. Pourtant, l’homme au fedora nous a prouvé que ce qui ne tue pas rend plus fort, envoyant balader sa tumeur et livrant le meilleur album du groupe de noise rock norvégien. Que ce soit l’appel aux armes triomphant du morceau éponyme, l’énergie complexe de « Tall Man », la noise de bizarroïde de « Faustus » et « Rebbeka Tragodie », le morceau poupées russes « I Am The Sun », cet album m’offre à chaque nouvelle écoute une perspective unique de la vie et de la musique.

INTER ARMA « Paradise Gallows » (Relapse Records)

Parfois, un groupe peut vous faire voyager de tant de manières différentes, qu’il serait dommage de limiter leur univers musical à un seul opus. Une affirmation qui sonne comme erronée, lorsqu’il s’agit du prog rock majestueux d’INTER ARMA. Paradise Gallow abrite le meilleur de leur frasques death metal (« An Archer In The Emptiness »), du drone enchanté (« Primordial Wound », « The Summer Drones ») en passant par le shoegaze avant-gardiste, sans jamais être trop riche ou excessif. Mes coups de coeur vont à la colère dévorante, froide et calculatrice de « Transfiguration », et au black metal furieusement communicatif de « Violent Constellations ». Quel plaisir d’écouter de la musique extrême à une époque où évoluent des groupes aussi talentueux et créatifs qu’INTER ARMA.

SLABDRAGGER « Rise of the Dawncrusher » (Holy Roar Records)

Ceux qui arpentent l’underground doom londonien depuis quelques années, savent que le trio sludge suzerain était bien à part dans cette scène, cependant nous n’étions certainement pas préparés à prendre une telle claque avec leur album Rise Of The Dawncrusher. En s’emparant du doigté de Mastodon, de l’intensité de High On Fire et des riffs hautement calibrés de Bongzilla, le tout emballé dans un artwork comics de science-fiction, le groupe place la barre haut. Du haut de ses 12 minutes, « Mercenary Blues » nous brutalise à chaque seconde qui passe, « Evacuate! » se la joue punk à pogo, tandis que « Dawncrusher Rising » nous tombe dessus comme le sacré parpaing de doom malsain qu’il est. Qui sait ce que les trois lascars de Croydon nous réservent pour la suite, mais il est sûr une armée nouvellement formée de fans internationaux marchera à leurs côtés.

BOSSK « Audio Noir » (Deathwish Inc.)

Bien qu’ils n’aient sorti qu’une poignée d’EPs et de splits avant de dissoudre le groupe en 2008, l’influence qu’a eu BOSSK sur l’underground grâce à l’approche émouvante de son black metal atmosphérique est indéniable. En 2016, le groupe sort enfin son premier album et meilleur opus en date Audio Noir. Presque intégralement instrumental, on se délecte des mélodies de guitares enchanteresses de « The Reverie », du crunch à tomber par terre de « Hellopause », la douche cosmique de « Nadir », le cosmos ténébreux de « Relancer » et le riff super accrocheur de ‘Atom Smasher »… Le tout est superbement agencé, créant un équilibre parfait entre paix et guerre. Le point central de l’album ? Le titre « Kobe », offrant une un condensé de tous les adjectifs sus-mentionnés sans la moindre faute de goût. BOSSK est de retour. Black in Black.

LANDSKAP « III » (S/R)

Vous hésitez entre vibes dark sans faux-semblants, réjouissance folk doucereuse, et grooves heavy jouissifs ? Jetez donc une oreille à l’un de mes coups de coeur de 2016 : le troisième album des londoniens LANDSKAP. À la croisée d’un heavy rétro à la Astra ou Diagonal, d’hymnes pour stades plus modernes type Spiritual Beggars, et du meilleur du prog rock psychédélique des 60’s et 70’s, la force de III réside dans cette positivité nouvelle du groupe comparé à leurs précédents opus I et II. Cette prise de confiance combinée au chant impressionnant de Jake Harding (ex-Dead Existence) – dont le timbre bariton à la fois vulnérable et solennel se marie parfaitement avec les clins d’oeil bluesy sur fond d’orgue de ses camarades – donne 40 minutes jouissives de A à Z.

Mentions honorables : Black Cobra « Imperium Simulacra » – Wretch « s/t » – Vodun « Possession » – Sumac « What One Becomes » – Slomatics « Future Echo Returns » – Russian Circles « Guidance » – Mantar « Ode to the Flame » – Davie Allan & Joel Grind « split » – Gojira « Magma » – Elephant Tree « s/t » – Cough « Still they Prey » – Bright Curse « Before the Shore » – Garganjua « A Voyage in Solitude » – Greenleaf « Rise Above The Meadow » – Oathbreaker « Rheia ».

 

Katzenjammer’s Obsessions for 2016

BLAAK HEAT « Shifting Mirrors » (Tee Pee Records / Svart Records)

Quand on est plongés jusqu’à la taille dans l’oasis de la musique moyen-orientale, pourquoi ne pas s’y enfoncer jusqu’au cou ? On savait les franco-américains de BLAAK HEAT très friands de sonorités arabisantes – un penchant qui s’était déployé avec brio dans leur précédent opus The Edge of an Era, à partir d’une palette instrumentale stoner plutôt conventionnelle. Djembés, ouds et autres darboukas sont cette fois de sortie pour fournir une expérience encore plus immersive. Incroyablement versatile, Shifting Mirrors conserve quelques défauts du groupe (un chant assez monocorde, des riffs parfois répétés ad nauseam) mais consacre surtout ses points forts : batterie surpuissante, guitares ultra-mélodiques, ambiances riches. Bref, le compagnon parfait de vos traversées du Sahara !

1000MODS « Repeated Exposure To… » (Ouga Booga and the Mighty Oug)

Voir l’un de ses groupes favoris atteindre une pleine maturité de son – et de composition – a quelque chose de profondément réjouissant. Comme beaucoup d’autres, je m’étais égosillé sur le refrain de « Vidage », fait un torticolis sur « Super Van Vacation » et échiné à apprendre la batterie de « Low ». Sans pour autant ignorer ce que les précédents albums de 1000mods pouvaient avoir d’inabouti, au-delà de leurs irrésistibles tubes. Repeated Exposure To… représente, pour les quatre amis d’enfance du petit village grec de Chillimodi, le couronnement d’une décennie de musique. Résultat d’un travail de studio acharné, ce nouvel album démarre pied au plancher avec les triolets diaboliques d’ »Above 179″ et file sans jamais faiblir vers l’orgasmique final de « Into the Spell ». La pochette de l’album a beau vous prévenir des effets néfastes pour l’audition d’une écoute répétée, tout le reste – production léchée, riffs inspirés, refrains accrocheurs – a été fait pour encourager… l’écoute répétée.

CAMBRIAN EXPLOSION « The Moon » (S/R)

Parmi toutes les grosses sorties de cette année 2016, voilà un EP qui est sorti de nulle part (ou plutôt de l’excellente chaîne Youtube de Stoned Meadow of Doom) pour me botter le train. Après une première escapade du côté du Soleil, les sorciers cosmiques de Portland se lancent à l’assaut de la Lune. Cambrian Explosion fait voyager plus loin son auditeur en 35 petites minutes que beaucoup d’autres combos de psych rock en une discographie entière. Merveilleusement jouées – avec un chant éthéré et une orgue ambiante qui leur confèrent la profondeur nécessaire – ces pépites sont aussi très bien produites, ce qui ne gâche rien. L’entrée de la batterie sur Innocuous Creatures justifie à elle seule l’écoute de l’album. Quand à la deuxième moitié de Crust of Theia… rien que de l’écrire me donne encore la chair de poule. Quelle sera désormais la prochaine destination de Cambrian Explosion ? Mars ? Les anneaux de Jupiter ? Je l’ignore, mais j’espère pouvoir négocier une place à bord du vaisseau ! 

Last modified: 7 mars 2017