Cessez donc toute activité et écoutez ce qui va suivre. Le groupe au nom le plus SEO-friendly, WHORES, n’a rien d’un trio de rookies. Certes, ils n’avaient jusque là que deux EPs à leur actif, mais je peux vous dire que le premier album de la team noise punk d’Atlanta va remettre les points sur les i, les moshers dans le pit, et les pendules à l’heure de la bagarre. Imaginez les rejetons des Melvins, Helmet et Ken Mode en train de coller des raclées à tous les autres gamins du bac à sable. Voilà. Maintenant montez le son.
Petite mise à niveau avant d’aller plus loin : WHORES sortent leur premier EP Ruiner (enregistré par le batteur de Harvey Milk) chez Brutal Panda Records en 2011. S’en suit en 2013 leur deuxième EP Clean, produit par Ryan Boesch (Melvins, Fu Manchu, Helmet, Foo Fighters). Oh et puis tiens, un split avec les fou furieux de Rabbits ! Ça alors, une cover sur-vénère du « Jumping Someone Else’s Train » de The Cure ? Entre temps, on les croise en tournée aux côtés de Torche, Red Fang, Kylesa, Fight Amp, The Atlas Moth. Et puis – là je pense à vous, fidèles lecteurs – un gage de qualité non négligeable : ils ont compté dans leurs rangs l’actuel batteur de Weedeater.
Revenons à Gold. « Playing Poor » se lance sur une grosse basse fuzz, et ce qui va probablement être le meilleur résumé possible de l’esprit WHORES. On les case systématiquement dans le « noise rock », mais ne vous méprenez pas : on parle d’un groupe qui fait perdurer l’héritage Amrep Records avec foi, force et brio. Car c’est bien d’un mastodonte noise punk surgonflé au fuzz qu’on a là, les gars.
Le second morceau « Baby Teeth » s’enclenche déjà, et je ne peux m’empêcher de penser aux prémices de Clutch, lorsque ces derniers évoluaient encore dans ce hardcore rock bien à eux, et nous pondaient cette bombe de premier EP Pitchfork (que celui qui n’a pas immédiatement eu le titre « Wicker » en tête me jette la dixième pierre). Au fil de l’écoute, j’ai aussi quelques reminiscences de Black Tusk ou encore Unsane…
J’ai cité pas mal de similitudes sonores, mais ça ne veut en rien dire que WHORES jouent dans la catégorie des pâles « copier-coller de ». Gold est un album intrinsèquement écrasant, hargneux et nihiliste de A à Z. Le trio vous saisit par les tripes avec dix titres plein gaz, plein fuzz, plein groove. Pas de traitement de faveur, tout le monde en prend pour son grade. Des titres aussi cyniques que fendards (« Bloody Like The Day You Were Born », « I See You Are Also Wearing A Black T-Shirt ») viennent mettre la touche finale à une personnalité collective déjà bien affirmée.
Les âmes sensibles prendront ça pour une débauche de haine gratuite. J’y vois surtout un exutoire, trente-cinq minutes de noise sludgy exécutées par des mecs savant très bien ce qu’ils font, et où ils veulent nous emmener. Ruiner, Clean, Gold… Premier album, et l’accomplissement est à la hauteur de son nom. Vivement le live.
ARTISTE : Whores
ALBUM : « Gold »
DATE DE SORTIE : 28 octobre 2016
LABEL : eOne Records
GENRE : Noise rock / Punk sludge
PLUS D’INFOS : Facebook / Bandcamp
Last modified: 14 janvier 2017