Le truc avec les voyages dans l’espace, c’est qu’il faut seulement quelques jours pour atteindre le cosmos, mais il se peut que vous erriez ensuite pendant plusieurs années dans l’infini. Les Suédois ASTEROID viennent eux-aussi de traverser un vide sidéral, coupant toute communication avec la planète Terre depuis leur dernier opus « II » sorti en 2010 (à l’exception de l’EP deux titres « Move the Mountain », qui nous a juste rassuré sur le fait qu’ils étaient toujours en vie). Cet automne, le trio bluesy est ENFIN de retour avec son nouvel album « III ».
Bien que le batteur Jimmi Kohlscheen ait récemment rejoint le duo fondateur Robin Hirse (guitare/chant) et Johannes Nilsson (basse/chant), on ne peut pas dire que son talent soit ici réellement mis en avant, tant le chant si particulier et les riffs planants de Robin Hirse sont ce qui marque d’entrée l’auditeur sur chaque prod d’Asteroid. Mais parce que Neil Armstrong ne serait rien sans Buzz Aldrin et Michaels Collins à ses côtés, c’est bien cette chaleur typique du son Asteroid et cette alchimie au sein du trio qui l’emporte sur « III ».
Après les très tranquilles et relativement ordinaires « Pale Moon » et « Last Days », deux morceaux débordant de guitares rétro et autres flâneries psychédéliques, la première grosse tartine de fuzz fait son entrée avec l’énorme « Til’ Dawn ». Hirse sert un sermon de sa voix rauque, tandis que le trio poursuit sur une voie groovy jusqu’au… hmm… petit matin. Un morceau qui a de faux airs de Vintage Caravan, mais sans les pilules qui font rire.
À mi-course, le très entraînant « Wolf & Snake » voit Asteroid percuter de plein fouet les terrains boogie d’un Dozer ou Kadavar, avec sa basse poussiéreuse, ses harmonies vocales s’élevant de façon triomphante, et la frappe à la fois décousue et puissante de Kohlscheen. Le temps de quelques minutes, la basse de Nilsson gronde, menaçante, telle une tempête doom, pour envelopper le groupe dans une bourrasque humide et électrique, avant qu’une touche acoustique nous pose délicatement sur les rivages d’une Mer de Tranquillité.
Les tintements de « Silver & Gold » enchaînent sur un « Them Calling » où Hirse ténorise « Now I hear you calling, calling for me! » – à n’en pas douter le passage vocal le plus accrocheur de tout l’album. Le taux de fuzz atteint une fois encore des sommets avec ce morceau, Nilsson et Kohlscheen déambulant gaiement en direction de Bluestown. Et même si pour moi, ni la puissance de la basse bourdonnante, ni même les mélodies haut perchées de Hirse ne rendent honneur à l’expérience Asteroid live, si cela ne vous donne pas au moins envie de le découvrir par vous-même, alors votre cause est perdue.
« Mr. Strange » est selon moi le meilleur morceau de tout l’album, et de loin. Hirse sonne littéralement comme s’il venait de débarquer tout droit des froides plaines lunaires de 1969, sans se soucier de ce qui a pu musicalement voir le jour entre temps. Le riff principal s’enroule comme une brise chaude autour d’une basse ronde et résonante. Sans abuser de notre temps, « Mr. Strange » s’efface dans un souffle psyché complètement Hendrixien, juste avant que les “ohhhh-ohhhh” de Hirse n’annoncent le bouquet final et nous renvoient vers des cieux parsemés d’étoiles.
« III » n’est peut-être pas la sortie la plus mémorable ou novatrice de l’année, mais elle nous conforte à la manière d’une madeleine de Proust, comme un signe que ce bon vieux rhythm’n’blues a encore de beaux jours devant lui. On dit que les astéroïdes sont de véritables forces destructrices de la nature, mais cet Asteroid là est bien trop smooth pour tenir la métaphore. Si vous chercher la bande-son pour vos soirées passées au coin du feu ou celles à admirer les cieux nocturnes, alors « III » vous maintiendra en orbite comme il se doit. En espérant ne pas avoir à attendre six autres années avant qu’Asteroid ne refassent leur apparition dans notre atmosphère.
ARTISTE : Asteroid
ALBUM : « III »
DATE DE SORTIE : 11 novembre 2016
LABEL : Fuzzorama Records
GENRE : Stoner rock / heavy blues
PLUS D’INFOS : Facebook / Site web / Fuzzorama
Last modified: 18 octobre 2016