Depuis leur tout premier album, KYLESA se sont distingués par un son extrêmement soigné, où la complexité des arrangements et la recherche sonore ne sacrifiaient en rien aux impératifs sludge (puissance, lourdeur, distorsion). Exhausting Fire est donc une nouvelle étape dans une carrière déjà longue où chaque album est prétexte à faire évoluer la musique du groupe.
Seuls vrais maîtres à bord, les deux têtes pensantes Laura Pleasants et Philip Cope ne s’encombrent pas de scrupules et font évoluer le line-up en fonction de la musique qu’ils ont en tête. Après trois albums en quintet avec deux batteurs/percussionnistes (Time Will Fuse Its Worth, Static Tensions, Spiral Shadow) et un album en quatuor mais aux multiples guests (Ultraviolet), Pleasants et Cope ont donc décidé d’enregistrer KYLESA en trio, même si le bassiste Jay Matheson s’invite sur sept des dix titres de l’album.
Si quelqu’un en doutait, le morceau d’introduction « Crusher » prouve rapidement qu’un effectif réduit ne constitue en rien une réduction du volume sonore. Si vous écoutiez le dernier album de Carla Bruni avait de lancer Exhausting Fire (on ne vous juge pas, promis !), il y a de quoi chopper quelques acouphènes face au mur de saturation qui ouvre l’album. Une fois passé le premier choc, une évidence apparaît à l’auditeur : jamais un album du groupe n’a bénéficié d’une écriture et d’une production aussi soignées et resserrées.
Si on peut légitimement regretter l’énergie brute et chaotique qui se dégageait de l’excellent Static Tensions, il faut avouer qu’une réduction du personnel en studio a donné à Laura Pleasants et Philip Cope bien plus de contrôle au niveau de l’écriture comme de la production. Le résultat en est éclatant dans un titre comme « Moving Day », dont la richesse des arrangements n’occulte jamais une certaine mélancolie qui se dégage du chant et des paroles. De la même façon, le soin apporté à l’écriture autorise le groupe à s’aventurer avec la même aisance vers différents horizons. Si les dissonances de « Growing Roots » attaquent (plutôt agréablement, il faut le reconnaître) l’oreille, elles ne mettent jamais en péril la structure du morceau. Sur « Blood Moon », le groupe peut se permettre d’emprunter des riffs au Mastodon de Crack The Skye sans jamais perdre son identité. Quant à « Falling », elle explore une facette un peu en retrait de KYLESA : celle d’un groupe fan de Pink Floyd – encore une fois, on ne juge pas. Chaque morceau de l’album expose ainsi d’incontestables qualités mais « Shaping The Southern Sky » sort clairement du lot et s’impose déjà comme un des classiques du groupe au même titre que « Scapegoat », « Tired Climb » ou « Hollow Severer ».
Au final, Exhausting Fire corrige les défauts d’Ultraviolet en trouvant le juste équilibre entre une certaine sobriété dans l’écriture et une production foisonnante. En cela, il représente parfaitement la nouvelle identité du groupe. Après le chaos maîtrisé de l’ère Static Tensions/Spiral Shadow, Laura Pleasants et Philip Cope inaugurent une nouvelle phase pour KYLESA. Difficile de dire qu’elles seront les évolutions futures du groupe, mais si le dernier titre « Out Of My Mind » en est une indication, on peut être certains qu’ils continueront de produire une musique KYLESA bien accrochées* !
*L’auteur de ses lignes n’assume en rien la responsabilité de ce calembour. Il en a honte.
ARTISTE : Kylesa
TITRE : « Exhausting Fire »
DATE DE SORTIE : Octobre 2015
LABEL : Season Of Mist
GENRE : Sludge / post-metal
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Last modified: 30 novembre 2015