THE PICTUREBOOKS « Imaginary Horse » (Riding Easy Records 2014)

Written by Chronique

Profitant de la frénésie générée par leur affriolant premier single « Your Kisses Burn Like Fire« , le duo allemand THE PICTUREBOOKS nous offre aujourd’hui son très attendu troisième album « Imaginary Horse », une bombe garage blues qui vous embarque sans préavis pour un ride sous le soleil brûlant du désert de Mojave. Les deux bikers/skaters au mode opératoire 100% DIY sont incontestablement la révélation rock de l’année.

The Picturebooks - Imaginary Horse artworkARTISTE : The Picturebooks
ALBUM : « Imaginary Horse »
DATE DE SORTIE : Octobre 2014
LABEL : Riding Easy Records
GENRE : Garage blues
MORE : Facebook – Site web

Il y a des albums que vous devez écouter en long et en large avant de pouvoir vous en imprégner et en capter l’essence. Et puis, il y a en d’autres, plus rares, qui vous touchent en plein coeur en quelques minutes à peine. L’album s’ouvre sur la voix chaude du chanteur et guitariste Fynn Grabke, simplement accompagnée de la grosse caisse et des claps de son comparse Philipp Mirtschink. Même si ce n’est qu’une intro, elle est à l’image de ce que va offrir le reste de l’album : une musique brute et organique, un rock sans additifs, comme la sensation d’être avec eux dans ce garage rempli d’outils, de vieilles bécanes et de grattes défraîchies. Il n’y a qu’à s’enfoncer un casque sur les oreilles et le frisson est immédiat.

Dès les premiers morceaux de « Imaginary Horse », vous déconnectez du réel et votre esprit se met à errer dans des paysages arides où seuls Joshua trees, reptiles et rapaces ont droit de cité. Vous sentez le vent sec et brûlant du désert fouetter vos joues, une sensation jouissive de liberté s’empare de vous… Vous êtes fin prêts à prendre la route. Cette odyssée sent le bitume chaud, le cuir et la poussière, mais elle sent aussi le Grand Ouest et les Rocheuses. Je suis d’ailleurs presque sûre que ce « cheval imaginaire » n’est pas qu’une métaphore pour parler des choppers, je sens qu’il y a quelque chose de bien plus tribal derrière tout ça. Écoutez juste « 1000 Years Doing Nothing » et vous aurez l’impression d’être entouré de tribus indiennes en pleine cérémonie. Votre imagination fera le reste…

J’entends déjà d’ici les comparaisons aux Black Keys, rapport à la prod minimaliste et au blues brut de décoffrage. Sauf que le feeling de THE PICTUREBOOKS est à des années lumière de celui des Américains. Et que contrairement à ces derniers, les riffs sont loin d’être au centre de l’équation : tantôt épaisse et ronronnante, slide ou acoustique, la guitare se fait le plus souvent discrète et sert uniquement à accompagner la voix. Ce qui rend cet album si original et vivant, c’est justement cette intensité qui découle de l’alliance voix-percussions : incroyablement subtil et émouvant, chaque susurrement de Fynn est comme une caresse, et chaque cri, une délivrance, tandis que les différents instruments à percussion utilisés par Philipp injectent tout leur gonflant aux morceaux. Plus j’écoute cet « Imaginary Horse », plus j’ai l’impression d’entendre son coeur battre.

THE PICTUREBOOKS sont des mecs inventifs et font preuve de la même ressource que lorsqu’ils bidouillent et customisent de vieilles bécanes (mini-docu sur le groupe à mater par ici), soufflant un vent frais salvateur sur cette scène garage rock qui a souvent du mal à sortir de ses clichés. Si « Imaginary Horse » était une B.O de film, elle serait pile-poil à mi-chemin entre « Black Snake Moan » et « Into The Wild », pour son côté à la fois intense, sensuel mais aussi très introspectif. Il y a tellement de soul là-dedans que c’en est irrésistible. Alors si vous n’avez pas peur de devenir complètement obsédé par ce duo au talent fou, d’écouter ce même album en boucle jour après jour, foncez : « Imaginary Horse » est pour vous.

Last modified: 26 octobre 2014