Je me souviens de la première fois que j’ai entendu parler du groupe WOLFSHEAD. J’étais coincée dans un van en tournée avec sept barbus britanniques, quand entre deux blagues vaseuses, l’un d’entre d’eux m’a sorti : « si il y a un groupe que tu dois découvrir absolument, c’est Wolfshead ». Ce tuyau venant d’un copain aux goûts musicaux plus que sûrs, ni une, ni deux, une fois rentrée en France je jetais une oreille à ce fameux groupe. Imaginez une seconde les cadors du « sludge mélodique » Kylesa, Baroness, Torche. Dans cette mixture épaisse, jetez un combo survitaminé du Sud de l’Angleterre, ajoutez-y une pointe de désinvolture… Vous obtiendrez Wolfshead. Un trio à la puissance scénique d’un ouragan, les conséquences désastreuses en moins. Vous avez raté leur concert au dernier Desertfest ? Dommage pour vous. Tout n’est pas perdu cependant, car ils ont encore plein de bonnes choses en réserve. J’ai profité d’assister au festival pour percer le phénomène, en rencontrant leur guitariste et chanteur Mart Anthony autour d’une bière au Brewdog Bar. Le groupe a beau ne pas se prendre au sérieux quand il joue, lorsqu’il s’agit de partager sa passion et échanger des points de vue, le sieur Anthony est l’un des meilleurs porte-paroles qui soit. Découvrez Wolfshead sans plus attendre.
Pour commencer, peux-tu présenter WOLFSHEAD en quelques mots ?
Mart Anthony (guitare & chant) : On est un groupe de doom originaire de Fleet dans le Hampshire. Notre premier EP est sorti en mars 2012, puis nous avons sorti le single « Sword Of Fire » en septembre. Tout nos projets sont dispo en téléchargement sur notre Bandcamp. Étant un jeune groupe, il est difficile de se faire connaître. C’est pour ça qu’on a décidé de ne mettre absolument aucune barrière entre les gens et notre musique, en la mettant en ligne gratuitement, pour que tout le monde puisse en profiter. Et ça semble porter ses fruits pour l’instant !
Vous avez eu le privilège d’avoir un de vos morceaux sur une compilation Metal Hammer il y a quelques mois, comment cela s’est-il passé ?
Rich, qui est guitariste pour Gurt et Sedulus, travaille avec un mec de Metal Hammer. Si je me souviens bien, on les avait d’abord contacté pour avoir un morceau dans leur compil « Sons Of Sabbath ». On a regardé le magazine à sa sortie, notre morceau n’était pas dedans… Peu de temps après, on a été hyper surpris de voir qu’on était dans leur compil « New Year Revolution 2014 », ce qui est génial en soi !
Après un tel coup de promo, vous avez dû gagner plus facilement l’attention des orgas de concerts et voir plus de fans apparaître sur vos pages…
Il y a une hausse des visites sur notre site, quelques téléchargements en plus… Les orgas, pas tant que ça, je crois. Mais on nous a invités à jouer au Desertfest à la suite de ça, donc ça les a sûrement aidé à faire le choix de nous booker pour le dimanche, et c’est très cool.
J’imagine qu’une tournée hors-Grande Bretagne sera au programme d’ici peu de temps ?
Ouais. On n’a pas encore tourné en Grande-Bretagne ceci dit, donc à moins qu’il y ait une demande soudaine outre-Manche, on ne se voit pas faire ça avant d’avoir tourné ici. On doit aussi pouvoir lier ça à une sortie d’album. On n’est pas encore assez gros pour être en tête d’affiche.
Dans ce cas, quelles sont vos intentions au sujet d’une possible sortie ?
Notre nouveau batteur nous a rejoint au cours de l’été 2012, donc avant ça c’était juste Leigh et moi-même. On se connait depuis dix ans, on a joué dans des groupes ensemble, et Leigh est batteur avant d’être bassiste, tu vois ? Tout ce qu’on a enregistré jusqu’à présent, on l’a composé très vite, car c’était tout neuf et on avait plein de temps pour ça. Depuis, on a déménagé, changé de boulot, donc c’est un peu plus compliqué. Et maintenant, on a un troisième membre dans le groupe, donc il faut s’adapter, ça ralentit un peu les choses, mais d’un autre côté, notre champ de vision est plus large. Justin écoute beaucoup de punk et de choses comme ça, cela ajoute encore de nouveaux éléments à la recette. On est en phase de compo en ce moment, nos nouveaux morceaux sont plus heavy que tout ce qu’on a jamais écrit auparavant.
Plus heavy… et plus lents, aussi ?
Plus lents ET plus rapides ! Plus métal ! (rires) Quand Leigh et moi avons commencé à jammer, on composait des morceaux plutôt hard rock. « Warbringer » est notre tout premier morceau, le genre de chanson rock qui te fait brandir le poing en l’air. Pour le deuxième morceau de l’EP, « The Garden », on en a modifié une partie peut-être deux semaines avant de l’enregistrer, et ça a complètement modifié l’esprit du morceau. On est passé d’un morceau de rock crade à un morceau doom. On n’était donc pas vraiment un groupe de doom au départ, on écoutait des groupes comme The Sword et ce genre de choses. Mais maintenant, j’écoute des choses vachement plus heavy comme Black Cobra, High On Fire, Sleep, alors qu’avant j’étais plus Black Spyders, Karma To Burn… C’est pour ça que nos morceaux lents sont devenus encore plus lents, et inversement. Plus d’énergie, de rage, et beaucoup de saturation.
Est-ce qu’on peut dire que le terme « garage doom » que vous utilisez pour décrire votre musique est toujours d’actualité ?
Ouais. À l’époque, ça avait plus de sens parce qu’on avait plus cette vibe hard rock. Leigh est un grand fan des Hellacopters, tu vois ? Maintenant, on est plus stoner metal. Je pense que c’est très sain pour un groupe de faire évoluer sa musique, pas de façon drastique, mais ça permet de garder les choses intéressantes. Les gens changent ! Il y a des groupes qui jouent ensemble depuis 15 ou 20 ans, et lorsque les gens écoutent le nouvel album, ils disent « oh non, ça ne sonne pas comme cet album ». Eh bien, les gens ne sont pas les même qu’ils étaient il y a 15 ans, peut-être qu’ils écoutent du jazz, maintenant… Les musiciens sont des êtres humains avant tout.
Est-ce qu’il y a un album qui t’a agréablement surpris dernièrement ?
Je ne suis pas vraiment à l’affût des nouveautés. J’aime beaucoup de styles de musique différents, donc si j’achetais tous les albums chaque mois, je n’aurais plus d’argent pour manger ! Je me rappelle lorsque j’ai mis la main sur le « Invernal » de Black Cobra… Cet album est tellement au-dessus du précédent, j’étais là, « c’est absolument GÉNIAL ». Il y a ce groupe qui s’appelle Year Long Disaster (un combo formé par Daniel Davies et l’ex-Karma To Burn Rich Mullins, qui a également vu passer Will Mecum et Rob Oswald de KTB en son sein), c’était juste du bon hard rock avec une texture différente, une texture stoner rock à la Karma To Burn. Je l’ai trouvé chez un disquaire au Pays de Galles l’année dernière, et je l’écoute encore aujourd’hui. Pour te dire, je l’écoutais même en venant ici ! C’est un de mes groupes favoris. Du hard rock qui tabasse, parfait pour faire la fête.
Qu’est-ce qu’on peut attendre de votre show de demain au Black Heart ? (NDLR : l’interview a été réalisée pendant le dernier Desertfest London)
On y a joué en novembre dernier avec BongCauldron, et on nous a dit qu’on était « louder than Motörhead », ce qui est super cool. Ce genre de musique fonctionne uniquement à plein volume, donc… Du volume, et des riffs. Avec un peu de chance, il y aura assez de gens pour qu’on ne puisse pas voir le fond de la salle. Ce festival est super, parce qu’en plus d’offrir de grands noms comme Kvelertak ou Spirit Caravan, tu as tous ces groupes émergents comme Wizard Fight, Ghold… Tu as un spectre complet de groupes au Desertfest. Donc avec un peu de chance, des gens qui ne nous connaissent pas du tout viendront nous voir jouer.
Et qui sait, peut-être que vous serez repérés par un patron de label ou un truc du genre…
Peut-être, on a le droit de rêver ! (rires) On va y aller doucement. Les choses ne sont pas faciles à l’heure qu’il est dans la musique, mais si tu regardes dans la bonne direction et que tu as une idée de là où tu veux aller, et que tu es assez passionné, alors quelqu’un le remarquera forcément.
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Last modified: 7 décembre 2016