« Aaaaaaah, devil maaann »… L’excitation de pouvoir enfin découvrir BLUES PILLS en live était aussi forte que l’engouement suscité sur la planète rock par ce groupe depuis plus d’un an maintenant. Pour leur toute première fois à Bordeaux, non seulement les Suédois ont carrément mis la barre super haut, mais les Bordelais étaient présents en nombre (malgré une salle excentrée) pour prendre la claque groovy et soul du printemps. Une soirée qui nous a aussi fait nous sentir pas peu fiers de compter LIBIDO FUZZ parmi les groupes de rock locaux montants. Bref, une soirée 100% baume au coeur et riffs exquis que cette sixième MAKE IT SABBATHY…
La salle où le show était initialement prévu (le Bootleg) ayant reçu un coup de semonce administratif et donc fermé ses portes pour durée indéterminée, nous nous sommes retrouvés à la MAC (sur le campus, en banlieue de Bordeaux) pour cette tant attendue soirée. Mais cela n’a pas démotivé mes compatriotes bordelais pour autant, certains arrivant même bien avant l’ouverture du bunker culturel en question. Après échange de notre ticket (ou plutôt médiator) conso contre la traditionnelle bière starter de soirée, le trio bordelais LIBIDO FUZZ peut lancer les hostilités.
Je me rappelle encore lorsque j’ai découvert LIBIDO FUZZ en live : c’était en première partie de Sungrazer et The Machine en février 2013 au Saint Ex (qui a lui aussi fermé ses portes depuis). À l’époque, le groupe était encore sur les starting blocks, ça faisait un peu le même effet que lorsqu’on enfile une paire de baskets en cuir toute neuve, et qu’on doit forcer pour « faire » les shoes. Déterminés, ça ils l’étaient déjà, mais y’avait encore du boulot. Depuis, il s’en est passé des choses pour le jeune trio « heavy psychedelic boogie » (une poignée de festivals en Europe, la signature sur le label/distributeur allemand Pink Tank Records…), et les Fuzz font désormais preuve d’assurance et je dirais même de clââââsse sur scène. Mes occupations bénévoles m’empêchent de voir la première moitié du set, mais lorsque je me pose enfin un peu dans la salle, c’est une explosion rock qui me prend aussi sec. Car il faut le dire, ils envoient grave et riffiquement/rythmiquement, ils sont loin du trio qui partait dans tous les sens des débuts. Y’a du niveau, en somme. Bon j’aurais juste un reproche à faire (car je suis un peu monomaniaque sur les bords), c’est le manque de canalisation au chant et cette impression que pas mal de passages sonneraient dix fois mieux s’ils étaient chantés de façon plus posée. Sûrement pas évident quand on est en train d’enflammer sa guitare en même temps ! Quoiqu’il en soit, les trois cosmic rockeurs de LIBIDO FUZZ ont clairement fait bonne impression ce soir.
Pendant le changement de plateau, la salle se vide brièvement pour la pause clope, pourtant il semble s’écouler une seconde seulement avant que BLUES PILLS montent sur scène. En moins de temps qu’il n’en faut pour réaliser, un blues chaud enveloppe la salle et les quelques 150 personnes présentes… Devant mes yeux, j’ai le combo parfait : trois zikos faisant preuve d’une aisance, d’un groove et d’une virtuosité exceptionnelle et une chanteuse aussi brillante que charismatique. Vocalement, Elin Larsson est le croisement parfait entre Janis Joplin et Marlena Shaw, version blonde et sublime. Donc non seulement c’est une chanteuse à la voix soul puissante, non seulement elle est belle (« elle a la beauté de ce qu’elle chante » me dit une amie pendant le concert), mais elle a aussi une aura incroyable. Ça faisait une éternité que je n’avais pas vu quelqu’un d’aussi habité par sa musique… Pas difficile de finir complètement envoûtés, avec ça.
Avant ce soir, je n’avais appréhendé Blues Pills que par les EP et diverses vidéos Youtube, et malgré de très bonnes compos, je n’arrivais pas à me plonger dedans à 100%, car l’impression que les performances vocales semblaient parfois légèrement surjouées. Sauf qu’en réalité, c’est parfait, tout sonne juste. Le nirvana, tout simplement.
On prend notre pied avec le blues rock sexy et entraînant des Suédois, mais on se délecte aussi de l’alchimie incroyable qu’il y a entre les membres du groupe. Et même lorsque le chant laisse la place à de longues parties instrumentales, le charisme et l’énergie de Larssen (qui ne manque pas une occasion pour s’éclater au tambourin) complète à merveille l’attitude extrêmement sobre des trois zikos. J’adore écouter les riffs de Zack Anderson, le mec joue de la basse avec le même toucher qu’un contrebassiste, un régal pour les sens. Inutile de mentionner que le guitariste Dorian Sorriaux, tout groove et en finesse, est juste immense. Pas étonnant qu’on en parle comme l’un des nouveaux meilleurs guitaristes rock (avec Parker Griggs de Radio Moscow, en ce qui me concerne). Aux fûts, c’est André Kvarnström (ex-batteur de Truckfighters) qui remplace Cory Berry, et autant le dire de suite : son potentiel est décuplé chez Blues Pills. Il a tout : la puissance, le swing, et la classe. D’habitude, je focalise sur un ou deux membres du groupe, mais là je ne peux pas : ils sont tous excellents ! Dites-moi juste jusqu’où ce groupe ira pour me séduire, parce que dire que je suis sous le charme relève du pur euphémisme.
Après plus d’une heure de concert avec le sourire, le groupe quitte la scène sous une sacrée vague d’applaudissements. Mais évidemment, on n’allait pas partir sans le fameux « Devil Man ». Le groupe nous offre donc son plus bel hymne en rappel, puis enchaîne sur un ou deux morceaux un peu plus heavy (je dis ça de mémoire, car je suis plus dans un état de kiffance totale que de concentration forcenée) pour quitter définitivement la scène, une fois de plus avec le sourire et l’acclamation de la salle toute entière… On a vibré, on a dansé, on a frissonné : Bordeaux a découvert l’un des meilleurs groupes de blues rock actuels. J’irai pour ma part les revoir au Desertfest (et pourquoi pas au Hellfest !), car une fois qu’on les a vus, on ne peut plus s’en passer. Voilà, vous savez tout.
Last modified: 6 avril 2014