On connait le label américain RELAPSE RECORDS pour son catalogue de l’extrême (black, death, grind, thrash métal et j’en passe) et ses trouvailles pointues. Leurs dernières sorties d’albums reflètent une volonté du label d’agrandir toujours plus son champ d’action et ainsi toucher TOUS les fans de heavy music. Cet été signe donc le grand retour des stonerockers d’ASG, des troubleurs d’ordre BLACK TUSK, des légendes BARONESS, ainsi que l’entrée fracassante de LORD DYING sur le ring. Quatre pépites, quatre ambiances, de quoi se laisser porter jusqu’à la rentrée…
ASG « Blood Drive » (Facebook)
Quelle excellente surprise que le retour d’ASG sur le devant de la scène métal ! ASG c’est un peu le groupe « off the radar » qui, en quatre opus, ne s’est visiblement jamais trouvé ni au bon endroit ni au bon moment pour gagner une exposition pourtant bien méritée. Et c’est pas faute d’avoir tourné avec Motorhead, Weedeater, Helmet, ou encore High on Fire… Heureusement, en 2011, Relapse Records rectifie le tir et décide de signer le cinquième album du groupe (succédant à l’excellent « Win Us Over » sorti en 2007). Et il n’y a aucun doute que « Blood Drive » est, comme le diraient les gens du métier, « l’album de la maturité ». On ne sent plus aucune hésitation, plus aucune tergiversation entre différents styles : le groupe s’est bel est bien trouvé depuis « Win Us Over ». Fini le heavy rock punkisant de l’époque Volcom, le groupe nous sert aujourd’hui un album intense et mélodieux, servi par une prod léchée et bien sûr, la voix somptueuse de Jason Chi. Dans ce « Blood Drive », on discerne des bribes de Baroness, des fragments de Torche et de The Sword. Alliant la plupart du temps chant clair et tempêtes de riffs sur-addictifs, les gars d’ASG ont aussi un don pour pondre des low-tempos surpuissants, et un talent certain pour les belles mélodies. La Caroline du Nord révèle enfin son secret le mieux gardé !
LORD DYING « Summon the Faithless » (Facebook)
Si de Portland vous ne connaissiez que Red Fang et la Pabst Blue Ribbon, eh bien il est temps d’actualiser vos données et de vous mettre à écouter LORD DYING. Pas besoin de s’éterniser avec un portrait de famille dithyrambique : sachez juste que Portland est gris, pluvieux et morose, et que la principale influence du groupe est Yog Sothoth (bon sang, mais c’est bien sûr !). Oubliez donc tout ce que vous avez pu lire sur ce quatuor barré, car leur album n’a rien de doom et se place avec aisance dans la case des dignes héritiers de High On Fire. Imaginez une seconde les vociférations de Neurosis sur un métal véloce et violent, éclairé par des moments riffiques de génie… Appétissant, n’est-il pas ? « Summon The Faithless » est la catharsis ultime, laquelle est très bien résumée si on s’amuse à mettre bout à bout chacun des titres de l’album : « Faithless dismemberment is your descend into dreams of perverse osmosis under what is not ». Au royaume de la mélancolie, ces quatre pourvoyeurs de métallurgie ont décidé de réveiller les plus neurasthéniques d’entre nous en combinant lyrics sombres, virtuosité classique du heavy métal à l’ancienne, et nervosité des groupes sludge prog comme Kylesa ou Mastodon. « Summon The Faithless » donne des envies de communier avec son prochain, et parce qu’ils n’auraient pas pu trouver meilleur titre pour ce premier album électrique, il redonne aussi vraiment la foi. Au nom du son, du riff, et du Saint Heavy…
BLACK TUSK « Tend No Wounds EP » (sortie le 23 juillet – Facebook)
Jamais violence et fun n’ont été aussi bien conjugués que dans la musique du trio américain BLACK TUSK. Écouter Black Tusk, c’est un peu comme faire du catch avec des potes bourrés : ça va pas chercher loin, c’est pas vraiment dangereux, mais ça défoule. Alors oui, on attend de Black Tusk de nous pondre du sale, du violent, du « swamp métal » de barbares comme eux seuls savent le faire. On sent le petit bout de scotch sur la bande audio au début de l’intro « A Cold Embrace » (des câlins, toujours des câlins…), et c’est parti pour 3 minutes 30 de gros punk à la sauce BBQ Jack Daniels, pour l’échauffement. La surprise est de taille lorsqu’on découvre l’intro de la troisième piste, « The Weak and The Wise » : des violons sur fond de basse ? Diantre ! Black Tusk sont-ils donc capables de douceur ? Douc…ah ben non, ça ne dure que 45 secondes. Étrangement, le son « swamp » (ou sludge pour ceux qui ne comprendraient pas) est quasi absent de l’EP, pour laisser place à un punk métal excessif et sans effets de style. Cet EP est juste un reminder pour dire « hey les gars, on est juste de passage, mais oubliez pas qu’on tabassera plus fort la prochaine fois ». Pas dur de comprendre que les gars de Savannah visent le knock-out pour le prochain album.
BARONESS « Live at Maida Vale EP » (sortie le 22 juillet – site officiel)
Après son accident de bus en Angleterre l’été dernier, l’avenir de BARONESS s’est vu d’un seul coup mis en sursis. Au delà d’un choc purement physique, c’est le mental du groupe qui en a pris un coup : prenant conscience de la fragilité de la vie au travers de cet évènement qui aurait pu leur être fatal, Allen Blickle et Matt Magionni ont décidé de quitter le groupe et de s’éloigner de la musique pour un temps. Pourtant, les bonnes fées du rock existent et elles doivent savoir à quel point Baroness est un groupe vital dans l’équilibre de la force, ce genre de groupe qui défie les lois du temps, celui qu’on ne peut égaler mais dont on ne peut que s’inspirer. Le monde du heavy a besoin de Baroness, et John Baizley a besoin de la musique pour se sentir vivant. Cet EP live a été enregistré aux studios de la BBC un mois avant le crash, et pourtant, il a quelque chose d’intemporel : il transpire cette détermination et cette passion dont le groupe a du faire preuve pour être capable de se remettre en selle rapidement. Sortir cet EP live un an après l’accident, c’est dire merde au passé pour reprendre l’autoroute du rock à 200 à l’heure, et advienne que pourra. Lucifer, tu n’auras pas notre peau. Pas aujourd’hui. « Live at Maida Vale » contient quatre morceaux de « Yellow & Green » habilement choisis et exécutés à la perfection par le groupe. Baroness reste synonyme d’excellence, et on ne manquera pas de les retrouver sur scène en Europe cet automne avec Royal Thunder.
Last modified: 13 novembre 2013