KADAVAR « Abra Kadavar » (Nuclear Blast 2013)

Written by Chronique

Si vous saviez à quel point j’attendais du nouveau venant de KADAVAR depuis leur tout premier EP du même nom… Je me suis tellement passé ce dernier en boucle que je suis désormais capable de chanter chaque riff de gratte et chaque ligne de basse avec une précision flippante. Le syndrome du fanatisme foudroyant. Échauffé par des mois de live dans toute l’Europe, le trio berlinois était visiblement pressé de remettre le couvert : il ne leur a pas fallu plus de quelques semaines pour enregistrer les 9 titres de leur nouveau méfait « Abra Kadavar ». Résultat ? La faille temporelle s’est réouverte et on est à nouveau tombés dedans… (Photo : Lupus Lindemann & Nathini Erber)

ARTISTE : KADAVAR (Facebook)
ALBUM : « Abra Kadavar »
DATE DE SORTIE : 12 avril 2013
LABEL : Nuclear Blast
GENRE : hard rock 70’s
NOTE : ✩✩✩✩

J’esquisse encore un sourire en imaginant les adeptes du « KDVR cult » faire des rituels tous les soirs depuis des mois, dans le but que ce nouvel album soit aussi bon que le premier. Avec « Kadavar », le groupe nous avait offert six hits en puissance aux rythmiques super entêtantes (en l’espace de deux mesures, c’est bon t’as le riff dans la tête pour la journée). Et puis cette façon qu’ils avaient de rendre chaque morceau unique et pourtant si étroitement lié aux autres… Les chamanes ont ligoté les poupées entre elles et ont insufflé une bonne dose de magie noire dans tout ça. Envoûtés nous fûmes.

À l’occaz de la sortie du nouvel album, les médias rock se sont excités (à juste titre) et ont commencé à faire une chose aussi répandue qu’agaçante : qualifier KADAVAR de groupe « stoner ». Ok, leur rock est complètement inspiré de la vague psyché et certainement même des pionniers du doom des 70’s. Mais dire qu’ils font du stoner, c’est jouer la facilité du « terme fourre-tout » qui arrange bien les journalistes. D’autant plus qu’avec « Abra Kadavar », le groupe s’éloigne relativement de la description faite plus haut, et tend vers un hard rock (toujours très 70’s, les incorrigibles…) qui les rapproche nettement plus qu’avant de leurs voisins suédois Witchcraft ou Horisont.

Maintenant je vais être honnête avec vous : la première écoute de « Abra Kadavar » m’a laissé une pointe d’amertume. Oui, comme si aucun morceau ne me frappait vraiment pendant ces 41 minutes. L’impression d’écouter du très bon proto rock, le côté « tout juste sorti de la cave » en moins. Le son est plus propre que sur « Kadavar », l’influence Sabbathienne moins proéminente, et le tout a perdu en lourdeur (que les détracteurs rangent leurs arguments à deux balles, cela n’a rien à voir avec la signature du trio chez Nuclear Blast, car l’album était prêt bien avant). En définitive, tout ceci n’est qu’emballage. N’allez pas me dire que si on vous offrait un super cadeau dans du papier journal, vous jetteriez le cadeau sous prétexte que la première impression était mauvaise ? La vérité, c’est que si on ouvre nos chakras et qu’on laisse la musique entrer, on prend l’épanouissement du groupe en pleine face. Si les mélodies et tempos sont moins empreints de cette saveur occulte qu’on avait adoré sur « Kadavar », ils sont carrément plus explosifs et épiques. De l’excellence, il y en a : « Eye Of The Storm », « Dust », « Liquid Dream », « Black Snake ». Sur la voie rapide tout le long du road trip, on se prendra même à danser comme des blaireaux, parce que c’est trop bon. Point fort : le chant de Monsieur Wolf, qui a gagné en confiance et n’hésite plus à pousser la voix. Épanouis, je vous dis !

« You can’t reinvent the wheel, but you can roll it » dit le sage, et c’est exactement ce que fait Kadavar, avec ce brio qui a si rapidement fait leur renommée. En véritable surdoués du rock, ils ont beau être arrivés après les autres, ça ne les empêchera pas de coiffer tout le monde au poteau.

Last modified: 14 octobre 2013